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Un berger veille sur un palais désert, Polichinelle voyage avec son buffle... Entre mythe et réalité, "Bella e perduta" est une fable sur l’Italie contemporaine
Près de Naples, le berger Tommaso veille sur un palais abandonné, souvent pillé et réduit à l’état de décharge par la camorra. Polichinelle surgit alors des profondeurs du Vésuve pour accomplir sa dernière volonté : prendre soin d’un jeune buffle. Le personnage mythologique et l’animal voyagent ensemble à travers l’Italie du Nord. Entre mythe et réalité, "Bella e perduta" nous offre une fable sur l’Italie contemporaine. Un film soutenu par l'ACID.
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" C’est bien la première fois qu’on verse une larme à la mort d’un buffle. Mais il faut dire que Sarchiapone n’est pas n’importe quel buffle
" C’est bien la première fois qu’on verse une larme à la mort d’un buffle. Mais il faut dire que Sarchiapone n’est pas n’importe quel buffle : il est doué de parole, et il est un peu poète. Sarchiapone aurait aimé naître sur la lune, au lieu de quoi il voit le jour en Italie, où il n’est bon à rien, ni à manger ni à produire du lait. Son nom est le premier au générique de Bella e Perduta, troisième long métrage du documentariste italien Pietro Marcello. Et c’est sur son dos que l’on embarque dans cette aventure, brinquebalé entre l’allégorie et le documentaire, le conte et la fable.
(...) Lorsque Cestrone meurt (et il meurt vraiment, une nuit de Noël), le road movie documentaire auquel aurait pu se résumer Bella e Perduta se transforme en conte incandescent. Un Polichinelle tout de blanc vêtu, masqué et crochu, est lancé sur les routes de la région avec pour mission de sauver Sarchiapone, le bufflon laissé par le défunt gardien du palais. Et il fallait cette figure mythique, aussi confiant dans sa mission qu’ignorant des travers contemporains, pour faire basculer le film dans l’étrange, dans ce qu’il lui manquait de fantaisie et d’humanité.
Polichinelle est l’intercesseur entre les vivants et les morts, le passé et le présent, le film et ses spectateurs. Sa compassion, son magnifique ratage, font résonner les derniers mots de Sarchiapone avec une intensité qui prend totalement au dépourvu : « Dans un monde qui nous prive d’âme, être un buffle est un art », entend-on alors qu’il monte dans son dernier camion.
Certes, le petit buffle est une métaphore de l’Italie tout entière, au destin guidé par la voracité, le mépris de l’histoire, le mépris de la nature. Mais au premier degré, c’est aussi ce plaidoyer pour une égalité entre les espèces, en terrible résonance avec l’actualité, qui tire Bella e Perduta du bon côté de la fable."
" ... d’évidence, une préoccupation profonde de Pietro Marcello : comment survivre, pauvre et démuni, en un monde aussi cruel ? Comment fa
" ... d’évidence, une préoccupation profonde de Pietro Marcello : comment survivre, pauvre et démuni, en un monde aussi cruel ? Comment faire triompher l’amour et la beauté sur les turpitudes qui s’accordent à les bannir ?
Pour ce faire, Bella e perduta se souvient d’Au hasard Balthazar (Robert Bresson, 1966) et transforme l’âne en bufflon napolitain. L’animal, noir et doux, prolongeant le miracle précaire qui le fait échapper au sort fatal des mâles de son espèce sous le joug des hommes, dit tout du long ses pensées sur l’état du monde et de ladite humanité. A ses côtés, le spectateur est invité à une pérégrination en Campanie, terre méridionale de tous les ensevelissements, de la conscience comme des toxiques, terre italienne sacrifiée par l’Etat et la Camorra, terre oubliée, victime de l’incurie et du mépris.
Le bufflon sert donc à Pietro Marcello d’objet transitionnel à un récit à la fois édifiant et poétique, charriant dans un même flot réalité et fiction. Au premier de ces chapitres, le château de Carditello. Ce sublime édifice de la commune de San Tammaro sombra, à compter de 1860, dans un long abandon, se transformant au fil du temps en véritable décharge. Racheté par l’Etat en 2014, le château avait cependant bénéficié de la sauvegarde bénévole et solitaire d’un berger amoureux des animaux, de sa région et de son histoire, Tommaso Cestrone, qui meurt à cette tâche en 2013, à l’âge de 48 ans, victime d’un infarctus.
Pietro Marcello, lui-même originaire de Caserta, à 8 kilomètres de San Tammaro, fait post-mortem de Cestrone, qu’il avait commencé à filmer pour un segment de Bella e perduta, le héros du film et premier propriétaire du bufflon. Il lui adjoint ensuite, côté conte, un Polichinelle archaïque, tel que les Etrusques l’auraient défini, mandataire des morts auprès des vivants et devenu à ce titre légataire du bufflon, qu’il va mener jusqu’à un autre berger, poète celui-ci, qui répond au nom de Gesuino. Un voyage qui offre à Pietro Marcello l’occasion de plans somptueux de son pays, de la richesse chromatique et sensuelle de cette terre qu’on sait pourrie de l’intérieur.
Ainsi le film, commencé à l’abattoir sur des plans phosphorescents et hallucinés, boucle la boucle dans le camion d’un boucher où il semble que l’on voie un bufflon pleurer. Cette larme est notre croix. Car le bufflon ne pleure pas tant sur lui que sur nous. Sur cette humanité oublieuse des bienfaits de la nature et de l’art, sur ce monde qu’elle domine, où la terreur et le beauté se livrent chaque jour une homérique bataille. "
"Un film qui change le regard." Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID. L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de c
"Un film qui change le regard."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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