
Jean-Stéphane Bron : "Un miroir tendu à la Suisse"
VIDEO | 2016, 11' | Le réalisateur de Cleveland contre Wall-Street, a décidé de faire le portrait d'un homme dont1
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En 2008, 21 banques jugées responsables d'appauvrir leur ville bloquent tout procès. Le voilà, filmé, "reconstitué", avec les véritables protagonistes.
En 2008, des avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice 21 banques qu’ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent leur ville. Celles-ci empêchent par tous les moyens l’ouverture d’une procédure. Alors, le cinéma prend le relais... Voici le procès "reconstitué", avec les véritables protagonistes, dans leur propre rôle, témoignant de leur histoire.
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"Ce film réparera-t-il à lui seul l'injustice liée aux excès du capitalisme ? En tout cas, on en appren
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"Essentiellement tourné à huis clos, Cleveland contre Wall Street raconte donc, du premier jour du procès à
"Essentiellement tourné à huis clos, Cleveland contre Wall Street raconte donc, du premier jour du procès à l'énoncé du verdict, l'histoire vraie d'une crise (mondiale) et de ses conséquences (locales). Ce n'est pas un exercice de style ni une démonstration théorique. Même le très abscons phénomène de la titrisation devient concret dans ce tribunal où défilent des pères de famille acculés, mais aussi d'anciens courtiers, des théoriciens de la dérégulation des marchés et des représentants de l'Etat. A chaque crédit souscrit correspondent un nom, un visage, une famille : cet ouvrier du bâtiment, convaincu de « refinancer » à hauteur de 40 000 dollars une maison achetée 26 000. Ou ce policier, ex-membre d'une « brigade d'expulsion », ému aux larmes en évoquant la détresse d'une vieille dame chassée de chez elle... Au fil du procès, un mécanisme pervers se fait jour. Comment des traders, soucieux de toucher leur prime, ont encouragé tout un quartier pauvre de Cleveland, Slavic Village, à déclarer de faux revenus pour obtenir des prêts hypothécaires à des taux nettement supérieurs à la normale. Le tout sous les yeux (fermés) des banques."
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" Quand Jean-Stéphane Bron découvre dans un article qu’une ville a porté plainte contre des banques, il débarque dans l’Ohio. Puis, quand tout le monde comprend que le procès n’aura pas lieu, a cette idée admirable de le jouer pour de faux.
Il trouve un tribunal, un juge à la retraite, réunit un jury populaire et de vrais témoins, et convainc deux véritables avocats concernés par l’affaire (dont celui de la ville, Josh Cohen) de participer à cette mise en scène.
C’est l’histoire et le dispositif de Cleveland contre Wall Street, tentative artistique de pallier les lenteurs et les absences de la justice – Abderrahmane Sissako, en 2006, sur un mode beaucoup plus lyrique, avait fait de même en mettant en scène le procès de l’Afrique contre le FMI et la Banque mondiale dans Bamako.
Le défilé des témoins de l’accusation va révéler, sur un mode pathétique, la dure réalité de cette région durement touchée, à travers l’évocation de divers cas de faillites personnelles dues aux banques.
Les témoins de la défense, dont Peter Wallison, avocat ultralibéral conservateur et ancien conseiller de Reagan à la Maison Blanche, vont s’acharner à démontrer que seuls les individus, par goût du gain facile, sont responsables de ce qui leur est arrivé : ils ont parié, et ont perdu.
Pour l’avocat des banques, Keith Fisher, l’affaire est entendue : les habitants de la région sont coupables d’avoir voulu acheter des maisons trop chères pour eux. Ils ont eu le tort de croire au rêve américain, en quelque sorte…
On le voit, ce qui se joue dans ce documentaire qui met en scène un film de procès avec des acteurs qui n’en sont pas, c’est la vision qu’auront désormais les Américains du capitalisme. Avec d’un côté des citoyens républicains qui considèrent que tout relève de la conscience individuelle, que tout pauvre ne peut être que la victime de sa propre irresponsabilité.
Et de l’autre les démocrates, qui jugent que ce sont les banques et un système non régulé qui sont responsables : les banques ont menti, trompé leurs clients les plus pauvres en les endettant sciemment au-delà de leurs possibilités.
Au fond, peu importe l’issue du procès, le verdict des jurés. Jean-Stéphane Bron, lui, avec son film, a remporté une victoire en faveur de la vérité, une vérité que certains ont voulu cacher en refusant de la voir apparaître à la barre d’un vrai tribunal.
En expliquant clairement au spectateur ce qu’est le scandale des subprimes, en lui montrant un procès qui n’aura sans doute jamais lieu, Bron fait du cinéma un usage pédagogique, mais qui pourrait être contestable.
A-t-on le droit de vouloir remplacer la réalité par son spectacle ? Ne peut-on expliquer les choses sans avoir recours au pathos ? La réponse est de la responsabilité de chaque spectateur.
Mais quoi qu’il en soit, Cleveland contre Wall Street montre que le cinéma n’a rien perdu de l’une de ses plus grandes forces : s’il n’a pas le pouvoir de se substituer au réel, il lui reste celui, toujours bien vivace, de consoler ceux qui ont perdu."
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