In Bed With Boro
VIDEO | 2013, 10' | En 1971, Walerian Borowczyk réalise le chevaleresque et érotique Blanche. André Heinrich est s1
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En quatre contes érotiques, le plus scandaleux des cinéastes polonais livre un film subversif sur le sexe, la solitude et notre incessant besoin de sacrilège.
Comment un jeune homme étudie le phénomène des marées et conduit ainsi sa cousine à une suprême fellation. Comment Thérèse, enfermée et punie, trouve le plaisir solitaire grâce à un ouvrage libertin (plus un concombre). Comment une comtesse crut être éternellement jeune par la débauche et les bains de sang. Comment les Borgia et le Vatican furent liés par la luxure. En quatre contes érotiques, l'univers précieux de l'un des plus originaux cinéastes polonais, esthète iconoclaste, se déploie avec audace et inventivité. Borowczyk aborde le "porno" en explorant nos besoins de sexe par le biais de la tentation du sacrilège. Un scandale en 1974, mais soutenu par la critique, et qui remporta l'étonnant "Prix de L'Age d'or", en hommage à l'oeuvre subversive de Bunuel.
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" On pourrait traiter ce film comme l'un de ceux que Télérama groupe en quelques lignes dans sa rubrique « érotiques » (rubrique qui sera
" On pourrait traiter ce film comme l'un de ceux que Télérama groupe en quelques lignes dans sa rubrique « érotiques » (rubrique qui sera bientôt submergée sous le nombre...). Pourtant il diffère du menu fretin des « porno » quotidiens sur deux points au moins : il est plus réellement « porno » que les minables productions au rabais, ou les films naturistes suédois aussi ennuyeux que ia gymnastique du même nom, dont les folles audaces ne vont guère plus loin que les titres. Dans les Contes Immoraux, en revanche, pas d'ellipse, pas d'allusion, pas de suggestion : on voit et on dit tout... jusqu'à l'écœurement du « voyeur » parfois (dans La Comtesse Bathory particulièrement).
Enfin c'est un film dont les prétentions artistiques sont évidentes. Borowczky est un réalisateur de talent qui a apporté à ce film le même soin qu'à ses œuvres précédentes. Qualité littéraire, beauté des images, donnent à son film le vernis précieux et le ton sophistiqué sans lesquels ces historiettes ne seraient, aux yeux mêmes des amateurs, que des polissonneries de collégien boutonneux.
Au fait sont-elles autre chose ? Dans son emballage de luxe la pornographie se transmue en libertinage, un joli mot inventé par les intellectuels pour distinguer leur paillardise de celle des béotiens. Simple affaire d'emballage : à l'intérieur la marchandise est la même et les divertissements d'esthètes en ce domaine, ressemblent fort à des démangeaisons cérébrales (...)
Dans libertinage enfin, il y a liberté, mot magique que les libertins font sortir de leur chapeau comme le lapin du prestidigitateur, pour le cacher aussitôt qu'il a cessé de leur être utile.
Libre en effet de scandaliser par le cynisme et le sacrilège (il y aurait beaucoup à dire sur le fétichisme des objets sacrés dans ce film...), le libertin fait peu de cas de la liberté de ses victimes, les femmes, qu'il traite en chienne rampante comme Julie, en viande de boucherie comme les malheureuses de la comtesse sanglante, et de toute façon en simples objets de plaisir égoïste. Car le libertin, ce champion de toute liberté, est l'homme du mépris ; il refuse l'amour qui est partage, générosité, don, tendresse, tous ces pièges du cœur, « codifications chrétiennes et humanistes du plaisir », qui entravent la jouissance.
Pourtant, le libertin a aussi besoin d'un « code » pour vivre la sexualité autrement que dans la pure animalité. L'érotisme sans référence a une autre valeur que la sensualité est invivable. La référence religieuse, sacrilège et blasphématoire plus précisément, sur laquelle insiste si lourdement Borowczky, manifeste à sa façon ce besoin.
Mais à chacun ses références. Celles des Contes Immoraux, purement intellectuelles et cérébrales, distillent un goût de mort, une sensation de vide glacé. Décidément l'érotisme est une chose trop sérieuse pour être confié à des libertins."
" Les titres ne sont pas faits pour les chiens. Dans celui-là, prière de donner tout son poids au qualificatif. Son poids d'immoralité. Au
" Les titres ne sont pas faits pour les chiens. Dans celui-là, prière de donner tout son poids au qualificatif. Son poids d'immoralité. Aucun des quatre récits de ce tétraptyque n'est pour enfants de chœur. Surtout deux d'entre eux, qui ressuscitent les ombres diaboliques de Lucrèce Borgia, grande dame italienne peu canonisable, et d'Erzébet Bathory, la « Comtesse sanglante », la « Barbe-Bleue » de Hongrie.
Dans aucun de ces contes, la réalité et sa peinture, si exacte soit-elle, ne suffisent à rendre compte des choses et des gens. Il y a partout des prolongements vers quelque part, vers ailleurs, vers un au-delà du réel. C'est cet au-delà qui différencie l'erotique du porno, si l'on tient à établir entre l'un et l'autre une différence, sinon une hiérarchie.
L'érotisme déborde les limites du simple jeu physique. La musique des corps ne suffit pas, ou alors cette musique creuse le ciel, creuse la nuit.
Le porno, le bon, sait lui aussi que la volupté sexuelle est cosa mentale. Ça commence à se savoir, jusque dans les écoles maternelles, que l'on jouit autant, si ce n'est plus, avec sa cervelle qu'avec les organes calculés pour. Définir l'amour par le contact de deux épidermes, c'est piètre. Il s'impose de compléter ce contact par l'échange de deux fantaisies — deux n'étant pas ici, Borowczyk va nous le montrer, un nombre limitatif.
C'est par la qualité de cette cosa mentale que se glisse le je-ne-sais-quoi-de-plus qui fait l'érotisme. Savoir faire l'amour, c'est savoir que la façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne. En exergue à son film, Borowczyk nous rappelle ce b-a ba du catéchisme des caresses.
Là où éclate le vertige des sens, ce bûcher de roses, plus rien d'autre n'existe. Les amoureux sont seuls au monde, c'est bien connu, et, dans les quatre contes, l'isolement règne, plutôt que la solitude.
On recherche le huis clos, quitte à le trouver au pied d'une falaise que protège la marée, dans la prison d'un débarras verrouillé, dans le château d'une comtesse-dracula, dans la sacristie du palais pontifical —alors borgiesque, il est vrai.
Dès lors se déclenche la réaction en chaîne qui conduit de l'isolement à un, à deux, à plusieurs vers la contestation radicale des tabous destinés à freiner, de la masturbation à la partouze, le vertige des sens, voire à s'y opposer au nom de l'ordre social.
C'est toujours la même histoire : l'amour n'est pas un sentiment convenable. La « caresse honteuse », ça n'existe pas, c'est une invention de Chaisière. Tout amour est fou parce que, pour lui, c'est affaire de tout ou rien. Le plus vertigineux moyen pour l'étreinte des amants d'outrepasser sa propre limite, c'est d'outrepasser les règles, les lois, les us et coutumes. On communie avec le monde, la nature, la mer par la caresse bucale liée à la méditation scientifique sur la marée (premier conte inspiré de Pieyre de Mandiargues) ; on communie avec Dieu par le plaisir solitaire considéré comme élan mystique ( le négatif de Dieu) ; on communie avec le Mal (conte 2) par la fascination de l'anéantissement criminel (conte 3) ; on communie avec le bonheur des familles par le resserrement * perverti » des liens familiaux (conte 4). Attention : tout ce déploiement ne va pas sans un humour très fuligineux.
Ce « passage des limites » se réussit donc par la vertu du scandale. Au soleil rouge de ce scandale, soleil éclatéà la Van Gogh, bonnes mœurs, préceptes moraux, respect des familles flambent pour nourrir le brasier de leur charbon. Et la religion fournit la plus calcinante des braises. Borowczyk est polonais, la mythologie catholique participe de sa sensibilité : il ne peut donc y avoir de scandale sans le blasphème et le sacrilège. Boro nous en mesure bonne dose (...)
Boro insiste sur l'une des hantises qui le poursuivent de film en film : l'importance de l'objet, dans la mesure où l'objet nourrit le fantasme, déclenche la cosa mentale. L'objet, lourd de sens, agit (...) Les quatre contes continuent d'illustrer cette obsession en soulignant le rôle, dans l'érotisme dévergondé par le libertinage systématique, des facteurs extérieurs à la physique des corps. La vague et le galet (conte 1). Le concombre et l'étole (conte 2). La baignoire pleine de sang et la robe cousue de perles (conte 3); Une garde-robe sacerdotale complète, avec tiare (conte 4).
Pareils objets — très particuliers — veulent, pour leur manœuvre, certains ménagements. Le mode d'emploi exige le cérémonial. Lequel réclame un décorum fonctionnel — décors et costumes pour lesquels Boro, peintre et décorateur, déchaîne son sens du théâtre et, à propos des costumes, son fanatisme pour la mousseline transparente et la dentelle au crochet.
Le style de Borowczyk excelle à annoncer ce cérémonial en le faisant attendre pour le mieux décrire. Par de très attentifs gros plans ou des panoramiques aussi insidieux qu'insistants, la caméra ne laisse dans l'ombre rien de ce qui touche à la caresse et à l'objet — et compte parmi les objets offerts à la caresse le corps de l'autre, des autres. Boro évite ainsi l'ennui qui sinon naîtrait de la monotonie de ces caresses.
Se dégage alors la fascination de la beauté sous-tendue par une certaine philosophie, celle du libertinage.
La beauté du Diable — dont le conte 3, celui de la Comtesse sanglante, robe de perles au milieu du troupeau de filles nues ayant la mise à mort, donne la plus troublante des quatre images."
" ... Borowczyk voulait, de son propre aveu, tailler des croupières à la censure. Objectif atteint : plusieurs records tombent. Record du
" ... Borowczyk voulait, de son propre aveu, tailler des croupières à la censure. Objectif atteint : plusieurs records tombent. Record du strip-tease : les fessiers rutilent, les pubis buissonnent, le harem hydrothérapique de la comtesse Bathory déferle en grappes d'odalisques. Record du blasphème, quand Thérèse mêle le feu du mysticisme à celui de la volupté. Ou quand Lucrèce joue à touche-tiare avec Alexandre VI et César Borgia. Grivoiserie, hélas, aussi pesante qu'une ripaille de vendredi saint. L'Italie de Savonarole méritait mieux qu'une vue imprenable sur les copulations du pape.
Ce conclave à trois conclut lourdement une série de variations sur la messe noire. Car Borowczyk, bien au-delà de la pornographie, joue en esthète avec le paradoxe de l'érotisme : explosion du désir et carcan du cérémonial.
La libido déchaînée prend tous les visages, de l'enfant de Marie pâmée sur sa couche à la grande dame sadique figée sous l'assaut des bacchantes. Le sabbat des corps s'inscrit dans une liturgie d'objets et de figures.
Le vrai officiant, c'est Borowczyk lui-même.
Son style raffiné impose la rigueur à ces dévergondages. La vertu est en déroute, mais quel régal visuel ! Cranach a modelé cet ovale de chair, Renoir éclairé cette escapade aux champs. «Erzsébet Bathory» enlumine de rouge et d'or les riches heures de la dépravation. Le goût de Borowczyk pour la brocante met là-dessus le paraphe de l'humour kitsch.
On l'a compris : les Contes immoraux dépassent Emmanuelle en virulence et Les Couples du bois de Boulogne en sophistication. Pourtant on éprouve comme une crampe. Trop de cérébralité, malgré la richesse de la palette. L'enfer, et après ?..."
" Première constatation, le film est superbe. On a de la splendeur plein les yeux. Dès le premier épisode, moderne, « La Marée » (le film e
" Première constatation, le film est superbe. On a de la splendeur plein les yeux. Dès le premier épisode, moderne, « La Marée » (le film est si digne qu'on n'ose parler de « sketches ») on est littéralement ébloui par les références picturales à l'impressionnisme. L'inspiration vient d'une nouvelle écrite par André-Pierre de Mandiargues et qui fait penser à du Maupassant plus moderne, mais on pourrait tout aussi bien imaginer que Manet, Monet, même Courbet dans son exemplaire réalisme poétique, ont servi de conseillers techniques à Borowczyk pour la couleur (...)
Des alouettes aux ailes blanches tachent la mer, des vagues toujours recommencées battent et érodent sempiternellement les falaises et Borowzcyk en fait un leitmotiv, les falaises ou les galets des plages, leur gravier. Il y a ce garçon, à peine issu de l'adolescence. Il y a sa cousine dont toutes les lignes, les valeurs corporelles s'inscrivent sous la robe transparente, accusées et soulignées par les sous-vêtements. Il est déjà évident que l'érotisme de Borowzcyk ne saurait être agression mais incitation sensuelle, expression, communication.
Deuxième constatation, ce film érotique est très « pudique », d'une « pudeur » qui n'a d'égale que dans son érotisme. Borowzcyk va jusqu'au bout du propos sensuel.
Il laisse, il met à nu les corps, les poitrines, les sexes féminins sous le jet d'eau qui les arrose et les inonde aussi bien que tous les désirs, inavoués, dissimulés, avoués. Mais, en plus, Borowczyk inscrit cette passion de la chair, enfin dite sans hypocrisie, dans le contexte d'une splendeur globale et dans une tout aussi globale angoisse, cette même angoisse qui a si souvent fait confronter les idées d'amour et de mort, autrement dit les moments où la vie habituelle est dépassée, oubliée, effacée.
Tout en la circonstance est beau, au temps des Borgia, au temps d'une Hongrie fantasmagorique et en ces jours où Jules Verne écrivait Le Batelier du Danube, où Maupassant devenait fou, où Dracula pouyait encore jouer les vampires dans les Carpates.
C'est beau, bien sûr, mais ce n'est pas que beau, ce n'est pas beau pour rien et la qualité esthétique n'est nullement un alibi dans cet érotisme forcené, passionné et passionnel.
Ce n'est pas pour rien que Borowzcyk fait se répondre parfois des symboles mortuaires, des symboles liturgiques, des symboles sexuels.
L'amour, son caractère, sa vocation d'absolu, et la mort se rencontrent ici en toute laïcité, à l'écart de toute métaphysique. C'est tout naturellement, dans la recherche d'une nouvelle morale qui, tourmentée, essaye de faire coïncider les notions de bien-être, de plaisir, d'art de vivre et d'équité dans un certain sens, le plus juste peut-être du terme.
Borowzcyk — voyez par exemple « Lucrèce Borgia » — n'est ni un pape « dépravé » ni un Savonarole survolté par la « vertu » traditionnelle et traditionnaliste.
Il est en tout cas tout sauf un Tartuffe. II montre, il dit, il confesse son trouble, il chuchote son plaisir indéniable. Il abat les cartes d'une sensualité plus libre. Ne soyez pas les Napoléon III de ce nouveau Déjeuner sur l'herbe. Ne le cravachez pas de votre indignation séculaire. Allez juger."
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