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Deux comédiennes sur le déclin apprennent que leur commun mari, un metteur en scène récemment décédé, les a incluses dans son testament.
Hélène et Sonia, deux comédiennes cinquantenaires, ne parviennent plus à retrouver le succès. Dans leur appartement, entre alcool et souvenirs joyeux ou douloureux, chacune devient le partenaire et le public de l'autre... Célébré par Pasolini au Festival de Venise en 1974, le film qui lança définitivement la carrière de flamboyant outsider de Paul Vecchiali, réalisateur du "Cancre". Deux actrices au chômage, un appartement, un tournage ultra rapide : feux d'artifices des masques.
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" (...) Cela pourrait être tragique. La longue citation d’Andromaque n’entend pas seulement montrer que ces comédiennes, comme tout comédie
" (...) Cela pourrait être tragique. La longue citation d’Andromaque n’entend pas seulement montrer que ces comédiennes, comme tout comédien passé par les écoles et cours, possèdent une culture classique. Andromaque, c’est la tragédie de la femme blessée comme épouse et comme mère, frappée dans le double exercice de sa féminité — et ce fut aussi le partage de Sonia. Tragique, le film l’est, par brefs éclairs — quand la fatigue, l’écœurement, la gueule de bois qui suit l’ivresse ou l'irruption d’étrangers dérangeant le jeu, le jouant mal, font tomber les masques; la comédie montre alors son vrai visage : tentative désespérée contre la solitude, la vieillesse et la mort.
Mais Vecchiali a préféré prendre le parti de la comédie, précisément, en accord avec celle que se jouent les deux femmes. Plans-séquences ou longs plans fixes, la caméra ne quitte pas les comédiennes (étonnantes Hélène Surgère et Sonia Saviange), qui, elles, ne quittent guère la scène familière de leur appartement. C’est la comédie des fous rires, des souvenirs marrants, des sketches, des blagues de " coulisses ". Avec deus (pardon dea) ex machina apportant la fortune en happy ending (mais le rideau tombe sur une autre fin, cri de douleur, d’agonie ? de Sonia, en tout cas, fini la comédie).
Drôle, farfelu, coupé de regards-clins d’œil à la caméra, de chansons, plutôt que chantées, fredonnées à la bonne franquette : on pourrait penser à la légèreté mousseuse (on boit beaucoup de champagne) d’une comédie américaine, une réplique en noir et blanc des Girls de Cukor. Mais la modestie affichée des moyens (pas de couleurs), l’extraordinaire liberté du ton, la malice du montage, alternant le moelleux " vieux genre " du fondu enchaîné et la sécheresse de l’intervention " cut ", ou ponctuant l’action et ses échos dans les cœurs par des photos de femmes-femmes idéalisées rappellent les meilleurs moments de feu la Nouvelle Vague. Désinvolture à la Rivette quand il arrive à Rivette d’être désinvolte ; finesse d’observation et acuité à l’Eustache, quand il arrive à Eustache d’être fin et aigu ; tendresse de Truffaut à ses débuts ; soin du texte à la Rohmer. Avec, en prime, un je-ne-sais-quoi qui tient à Vecchiali — esprit de finesse? complicité? goût de certaines ombres? Joint au talent des deux interprètes, il fait notre délice. "
" (...) Femmes, Femmes est un film sur le théâtre, sur la part d'enfance que les comédiens portent en eux, sur le double sens du verbe " fo
" (...) Femmes, Femmes est un film sur le théâtre, sur la part d'enfance que les comédiens portent en eux, sur le double sens du verbe " fous ", sur l’échec et les approches de la vieillesse. Histoire sinistre, huis-clos pathétique, que Vecchiali transforme en une sorte de sombre et absurde féerie. D'un drame de la frustration, il fait une comédie sans illusions, à mi-chemin de Pirandello et de Jean Genet, de Rivette et de Daniel Schmid. Pour mieux traquer (et célébrer) l'artifice, il adopte une mise en scène affectée, théâtrale, surchargée d'intentions. Il mélange les genres, passant de la bouffonnerie à la confession nostalgique du mélo au vaudeville à comples. A ses comédiennes enfin (Hélène Surgère, Sonia Saviange), il recommande l’impudeur, l'outrance, exhibitionnisme.
Dans sa première partie, le film déconcerte, met mal à l'aise. C’est sans doute que les deux héroïnes sont plus ridicules que pitoyables. Puis la caricature s'humanise, l'angoisse apparaît sous les minauderies et les simagrées, et Paul Vecchiali emporte notre adhésion. L'épilogue est superbe. Dans une atmosphère de fête, la mort a frappé ses trois coups. Le rideau tombe. Un long cri de souffrance met fin à la dernière mise en scène d'Hélène et de Sonia. "
" (...) Pour avoir voulu sans doute être réaliste en nous montrant ici un type de femme débile, infantile, deux pauvres êtres futiles se jo
" (...) Pour avoir voulu sans doute être réaliste en nous montrant ici un type de femme débile, infantile, deux pauvres êtres futiles se jouant des comédies de vieilles petites filles, Vecchiali donne autant de pâture au sexisme du spectateur que le film ldi Amin Dada aura pu faire jouir les racistes.
Partout l’homme est en filigrane dans ce film; nostalgies d’alcôve en épluchant les patates (litron et vinasse) fantasmes de l’apparition de l’homme qui va les sortir de cette lamentable dégringolade (vinasse et champagne) : homme, jeune, correct, respectable, lui, qui vient marchander les charmes fanés de nos deux mythomanes, ivrognes.
Mal lui en prend, le pauvre garçon d’avoir voulu (nous sommes toujours dans le fantasme) aider ces deux créatures faibles et menacées; il reçoit un coup de couteau dans le dos. Se débarrasser d’un cadavre n’est pas un travail de femme; c’est bien senti.
C’était là la dernière chance que Vecchiali leur accordait : ce rêve de mâle inexaucé. Après, les pauvrettes sombrent dans le délirium, le cauchemar , la folie, simulent une scène de prostitution (pour dire que tout y est), mais personne ne veut d’elles (pas un solitaire, un affamé, un vilain émigré, pas un violeur à l’horizon de ces vies brisées; si, un dégénéré qu’elles n’ont pas la force, les malheureuses, de mettre dans le droit chemin). Champagne et vinasse conduisent l’une d’elles en cure de désintoxication.
Enfin, encore une mort d’homme, cette fois c’est la veuve joyeuse affublée du voile des pleureuses professionnelles qui leur apporte (fantasme?) l’héritage de l’époux (dévoré par les mantes religieuses???).
Haute couture, table bourgeoise, nos actrices se singent elles-mêmes, Vecchiali nous le fait dire... Vont-elles triompher enfin de tous leurs avatars? Non pas; la situation se dégrade, on y met les doigts, c’est La Grande Bouffe mais sans évidemment la truculence ubuesque et bien masculine... L’alcool fera le reste, à moins, ô suspense, qu’une dernière mesquinerie, bien féminine n’ait eu raison de la fin tragique et dérisoire de Sonia ?
A quelques instants cependant, on aimerait être solidaires de ces femmes qui évoquent l’amour, la maternité; le jeu des actrices y est admirable. Malheureusement, elles sont dirigées par un homme; la corde sensible " épouse- et-mère-à-jamais-blessées " seul registre qui puisse valoriser la Femme-femme, nous démontre qu’il ne faut jamais enfreindre ce que la nature nous a confié si généreusement : mariage et procréation.
On se demande quel genre de femmes a bien pu connaître Monsieur Vecchiali. "
C'est un beau sujet qu'a choisi là Paul Vecchiali, dont nous avons déjà vu Les Ruses du diable et L'Etrangleur : le rêve et la réalité, la
C'est un beau sujet qu'a choisi là Paul Vecchiali, dont nous avons déjà vu Les Ruses du diable et L'Etrangleur : le rêve et la réalité, la vieillesse qui arrive et le regard qu'on porte alors sur une vie qu'on juge ratée. Mais, peu à peu, on s'aperçoit que le style est en train de donner un curieux ton à cette histoire. Au début, nous croyons être en présence de ce nouveau cinéma- vérité où l’on essaye de prendre sur le vif — avec respect — les gestes, la vie quotidienne des personnages. Nous prenons pour des maladresses certaines images trop appuyées et ces cadrages et ces mouvements de caméra assez sophistiqués. On s'étonne un peu de ces couplets — bien mauvais d'ailleurs — chantés par un livreur ou une jeune veuve. Et on est plus surpris encore de ne jamais voir apparaître, sous le jeu, la vérité profonde des personnages.
C’est que Paul Vecchiali aussi joue. Il s'en moque bien d'Hélène et de Sonia. Ce qui l'intéresse, c'est de mélanger les genres, de combiner, de fabriquer. Rien n'est sincère dans son regard. Une seule chose est vraie : la volonté de dérision. Sonia sombre dans l'alcoolisme. Les vies ratées sont bien ratées.‘On a finalement l’impression que c’est le regard même de l'auteur qui tue ses personnages. Et pourquoi pas ? La dérision apporte la mort.
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