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VIDEO | 2012, 9' | Miguel Gomes vous invite à un petit parcours cinéphile à travers le catalogue d'UniversCiné.
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A Lisbonne, dans un quartier en démolition, le cinéaste a filmé durant un an celle qui fut son actrice : Vanda Duarte, vendeuse de fruits et légumes et junky.
A Fontainhas, les résidents assistent, impuissants, à la démolition du quartier cap-verdien de Lisbonne. Un an durant, le réalisateur portugais Pedro Costa a filmé, à l'aide d'une caméra mini DV, la vie de Vanda Duarte, actrice principale de son film précédent "Ossos", junky et vendeuse ambulante de fruits et légumes... A sa sortie, "Dans la chambre de Vanda" a été immédiatement reçu comme une date importante dans l’histoire du documentaire et du cinéma. Réalisé avec des moyens limités, le film a prouvé qu’une petite caméra numérique pouvait accoucher d’une fresque somptueuse sur les laissés-pour-compte de nos sociétés.
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" (...) une oeuvre à l'intensité presque religieuse, au confluent de la fiction et du documentaire (...). Un film dur, cru, et fantastique a
" (...) une oeuvre à l'intensité presque religieuse, au confluent de la fiction et du documentaire (...). Un film dur, cru, et fantastique au propre comme au figuré, qui restitue leur humanité aux êtres les plus méprisés et abandonnés de notre société."
Vincent Ostria" On craint d'abord de ne pas tenir ainsi captif, près de trois heures durant, à voir Vanda et les autres se défoncer dans la plus grande d
" On craint d'abord de ne pas tenir ainsi captif, près de trois heures durant, à voir Vanda et les autres se défoncer dans la plus grande désolation (...). Et puis, les minutes passant, on encaisse, on prend ses marques, on fait la connaissance de ces survivants, on quitte la misère pour aller au-delà. La force du cinéma tient parfois dans sa capacité à ramener des images impossibles. Non pas les images aveugles de reportages déjà connues, déjà digérées avant d'être tournées , mais celles du documentaire à la première personne sur un monde reculé, parfois au coin de la rue. Le cinéma accède alors à l'aventure humaine. Il faut pour cela un certain courage, du temps, de la patience, il faut surtout conquérir cet abandon des gens filmés, sans lequel il n'y a pas d'échange. Pedro Costa réunit ces qualités.
Il a filmé Vanda (déjà héroïne d'Ossos, ébauche timide mais peut-être nécessaire de ce documentaire radical), sa famille, des amis du voisinage, avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'ils ne disparaissent, chassés ailleurs ou anéantis par la came, la maladie ou, comble du non-sens, par les pelleteuses qui démolissent de temps à autre une maison, selon une logique obscure proche du hasard. L'une de ces destructions ubuesques est filmée de l'intérieur : le plafond s'effondre, les murs tremblent sous les coups, la caméra outil archaïque soudainement doué de vie reste plantée là. Touchant baroud d'honneur. A sa manière, Vanda résiste aussi. En continuant de vivre, en crachant ses poumons sans se plaindre, en faisant un brin de causette avec sa soeur, en inhalant du matin au soir sa poussière d'ange. Elle ne sort pas, sinon pour vendre geste dérisoire et optimiste à la fois quelques légumes. Sa chambre, gourbi glacé où défilent d'autres morts-vivants, est son territoire. C'est là qu'elle « plonge » et qu'elle s'affaire, répétant machinalement tous les gestes de la défonce. Dans ce dénuement extrême, quelques objets sont rois : le briquet, la feuille d'aluminium, l'annuaire jauni tout flasque dans lequel Vanda récupère des portions infimes de poudre... Costa n'explique, ne commente rien. En témoin silencieux, il partage simplement quelques moments du quotidien de Vanda et de quelques autres habitants. Dont ce grand Noir, hébété, qui psalmodie des trucs incroyables (« la nuit me tombe »), sortes de lentes prières de la désespérance. Ou bien ce jeune garçon timide, en visite chez Vanda, un bouquet de fleurs à la main. Chacun a son histoire, ses deals à gérer ; chacun vaque à ses occupations, s'accroche à ses habitudes, ses rituels, ses obsessions. D'où quelques scènes étonnamment « cocasses », comme celle du Noir susnommé qui fait son « ménage », une seringue pendante à même la peau. C'est de fait un rapport totalement déconnecté à l'espace, au temps et au corps qui est ici à l'oeuvre. Un univers déréglé, mais qui s'autorégule, bon an mal an.
S'il est question de vie et de mort, tout s'écoule sans urgence. Stase hypnotique, obscurité trouée par l'étincelle d'un briquet, le brasillement de la poudre. Dans cette lente agonie, cet éboulement architectural autant qu'intérieur, chaque séquence menace d'être terminale et l'on comprend le geste fou de Costa : faire du cinéma de première nécessité. Selon une approche pas si éloignée des Goya et Rembrandt d'antan lorsqu'ils peignaient les pouilleux et les gueux, il enregistre l'extrême pauvreté, non pour pleurer, mais pour puiser chez ces gens des raisons de ne pas désespérer, ni de l'humanité ni du cinéma. Pour aussi leur rendre hommage, témoigner sous la forme de portraits enténébrés qu'une lueur vacillante de paix se dégage de leur beauté ruinée."
" Dans la chambre de Vanda fait partie de ces films qui n’auraient peut-être pas pu se faire sans l’apport de la DV, sa discrétion et son ex
" Dans la chambre de Vanda fait partie de ces films qui n’auraient peut-être pas pu se faire sans l’apport de la DV, sa discrétion et son extrême maniabilité. C’est elle sans doute qui permet à Pedro Costa de s’immiscer dans les ruelles labyrinthiques du quartier et d’intégrer l'existence de ses habitants dont il tente de suivre les faits et gestes au jour le jour. Ce qui revient en fait à assister aux trips d’héroïne de Vanda et sa sœur, mais aussi aux nombreuses séances de fixes entre les autres occupants des appartements abandonnés, en grande majorité squattés par des junkies.
(...) reste à évoquer la beauté plastique de Dans la chambre de Vanda qui nous rappelle que Costa n’est pas seulement un documentariste doué mais aussi un cinéaste virtuose."
" La Vanda du titre, c'est Vanda Duarte, actrice principale d'Ossos. Elle semble passer la majeure partie de sa vie sur son lit où elle fu
" La Vanda du titre, c'est Vanda Duarte, actrice principale d'Ossos. Elle semble passer la majeure partie de sa vie sur son lit où elle fume, se came, tousse et crache comme une tubarde. A part attendre que la vie passe, Vanda et son entourage vivent les petites histoires quotidiennes et banales. Il y a ici peu de récit, nul rebondissement ou événement spectaculaire, juste la puissance fascinante du temps qui s'écoule, des gestes et des corps scrupuleusement observés, des sons et des voix méticuleusement captés, et l'étrange relation symbiotique entre des gens et un lieu au summum de la pauvreté et de la misère.
Ces êtres étranges à nos yeux, comme privés de sève, de moteur et d'horizon futur, au regard parfois hébété, vidé par la drogue, ressemblent parfois aux zombies de Tourneur, aux morts-vivants de Romero. Le film recèle la beauté de tous les films consacrés à un monde en train de disparaître.
S'il y a beaucoup de misère dans la réalité que filme Costa, le cinéaste réussit à ne jamais trébucher dans le piège du misérabilisme, ni d'ailleurs dans celui, inverse, de l'esthétisation de surface et de l'édulcoration. Costa ne demande rien aux personnes qu'il filme, il ne veut pas les prendre en otage, leur extorquer derrière le dos un message sociologique. Ces personnes sont irréductibles, irrécupérables, et Costa se "contente" de les regarder, ce qui, pour un cinéaste, constitue la plus belle preuve du respect qu'il puisse porter aux êtres qu'il filme.
Autant qu'un choix esthétique, le plan-séquence fixe est ici sans doute un choix éthique, une façon de poser la caméra en dérangeant le moins possible. Mais la matière brute est aussi retravaillée. En filmant en vidéo, le plus souvent la nuit ou dans des pièces sombres, Costa retrouve aussi une certaine picturalité : la source de lumière unique évoque quelques grands maîtres anciens, de Rembrandt à de La Tour, les visages abîmés font resurgir Goya.
Toute la beauté de ce film réside dans ce paradoxe entre enregistrement brut et travail de la matière, contemplation pure et dramaturgie du plan, dans la cohabitation permanente d'une objectivité apparente et d'une subjectivité profonde."
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