Peter Greenaway : "Pour un réalisateur, il faut être provocateur"
Avec Goltzius et la Compagnie du Pélican, le réalisateur d'origine anglaise propose une relecture onirique, comiqu1
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Célèbre graveur d’œuvres érotiques, Hendrik Goltzius propose au Marquis d’Alsace de mettre en scène réellement des récits érotiques pour sa cour.
Hendrik Goltzius, célèbre peintre et graveur, aimerait ouvrir une imprimerie pour éditer des livres illustrés. Il sollicite alors le Margrave (Marquis) d’Alsace et lui promet un livre extraordinaire avec des images et des histoires de l’Ancien Testament regroupant les contes érotiques de Loth et ses filles, David et Bethsabée, Samson et Dalila, Saint Jean-Baptiste et Salomé. Pour le séduire davantage, il lui offre alors de mettre en scène ces récits scandaleux pour sa cour.
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"C'est l'un des très rares cinéastes dont on reconnaît le style. Trente secondes d'un de ses films et l'on se dit immédiatement : « C'est d
"C'est l'un des très rares cinéastes dont on reconnaît le style. Trente secondes d'un de ses films et l'on se dit immédiatement : « C'est du Greenaway ! » Surcharge esthétique et intelligence de pensée à la limite de la suffisance, parfois, définissent Meurtre dans un jardin anglais, qui l'a fait connaître il y a trente ans, Le Cuisinier, le Voleur, sa femme et son amant, Drowning by numbers. Sans oublier son plus beau, son plus pur, The Pillow Book, où des calligraphies peintes sur des corps unissaient son amour de l'art et de la sensualité.
De retour après une longue errance, il raconte l'histoire d'un peintre-graveur du xvie siècle, Hendrick Goltzius, décidé à ouvrir une imprimerie spécialisée dans l'érotisme.(...) L'acteur qui incarne Goltzius ressemble à Peter Ustinov dans Lola Montes. C'est, d'ailleurs, une sorte de cirque qu'il dirige lui aussi, dans lequel il tient un double rôle : un commerçant soucieux de rentabiliser sa petite entreprise et un artiste audacieux, prêt à miser sur les faiblesses de ses contemporains — débauchés et voyeurs pour la plupart.
Comme Flaubert pour Madame Bovary (mais il semble que la célèbre citation soit apocryphe), Greenaway pourrait s'écrier : « Goltzius, c'est moi ! » De la même façon que son personnage se joue de son hypothétique mécène, le cinéaste manipule ses producteurs et ses spectateurs. Il distord ses intrigues, les multiplie, les éparpille, en révèle les artifices et s'en amuse. Il tue toute psychologie, exalte les corps dans ce qu'ils ont de superbe et de dérisoire. Il brille, étincelle, tel un Fellini extravagant et funèbre, mais un Fellini qui ne croirait qu'aux forces de l'intelligence, et non à celles du coeur."
" Le réalisateur revient à une forme déjà utilisée dans The Baby of Mâcon, avec une scène centrale dont nous sommes les spectateurs-voyeurs
" Le réalisateur revient à une forme déjà utilisée dans The Baby of Mâcon, avec une scène centrale dont nous sommes les spectateurs-voyeurs, et au centre de laquelle se trouve le plus souvent un lit, lieu de luxure et de dépravation. Représentation et réalité se mélangent en un spectacle qui rentre dans le grotesque esthétique, le maniérisme des gestes et des mots, une fusion d’images sublimées par les prouesses infographiques.
Un film de Greenaway dans toute la maîtrise de son langage.
Greenaway excelle dans l’art de composer ses images et d’enrichir visuel, sonore et intrigue de moult références et esthétismes.
On pourrait parfois saturer de tant de fioritures, mais là est aussi la touche de l’auteur qui fait surgir de la cacophonie visuelle et sonore des éléments d’intrigues nous menant à nous interroger sur ce qui est du fictif ou de la "réalité", de la beauté ou du vulgaire, de la bienséance ou de l’immoralité.
On arrive à une œuvre didactique qui condense ce que présentaient déjà d’autres films du réalisateur : l’univers du peintre (Meurtre dans un jardin anglais, La Ronde de nuit), l’utilisation d’images superposées ou calques (Prospero’s Book, The Pillow Book) ou encore le récit sous forme de saynètes (The Baby of Mâcon), ici en flashback pour narrer les événements qui ont conduits à la position confortable de l’auteur.
Le spectateur se retrouve étrangement en abyme : là où le spectacle devrait être donné pour le marquis, le marquis devient lui-même acteur des derniers tableaux. Ce qui devait rester du domaine de la scène se fait réel, pour passer, comme dit Goltzius "de la métaphore à une réalité sanglante".
Et si l’histoire nous est directement contée, ce n’est que dans le dernier plan que nous sommes directement apostrophés, de manière légère et cynique après le récit de tant d’événements et un tel condensé d’informations et d’illustrations..."
Une nouvelle fois, Peter Greenaway, du haut de ses 70 printemps, nous enchante avec des contes à ne pas mettre entre toutes les mains, quo
Une nouvelle fois, Peter Greenaway, du haut de ses 70 printemps, nous enchante avec des contes à ne pas mettre entre toutes les mains, quoique tirés de la Bible.
On connaît les affinités qu’entretient le grand réalisateur britannique Peter Greenaway avec la peinture et sa connaissance intime de ce domaine. Après divers films dans lesquels cette thématique émerge, dont le plus célèbre est sans doute la Ronde de nuit qui s’ouvrait en 1654 alors que Rembrandt se croyant atteint de cécité se réveillait en sursaut, prétexte visant à le replonger en 1642, suivant le principe du tableau vivant, parmi la milice des Mousquetaires d’Amsterdam (on pourrait aussi évoquer The Pillow Book, dans lequel la peau humaine servait de support calligraphique et où l’écriture flirtait avec la peinture), voici que l’auteur de Meurtre dans un jardin anglais et du film le Cuisinier, le Voleur, sa femme et son amant, redouble de préciosité en jetant son dévolu sur un artiste aussi peu connu, même s’il eut son heure de gloire, que Rembrandt était mondialement célèbre.
L’histoire est celle d’un peintre et graveur d’œuvres érotiques au XVIe siècle, Goltzius donc, qui, pour se doter de sa propre imprimerie d’œuvres illustrées, va quémander les fonds nécessaires auprès du margrave d’Alsace. Afin d’appâter ce dernier, il lui propose en échange pour le distraire de mettre en scène des extraits de l’Ancien Testament. Sous la direction du graveur, les récits prennent des dimensions lubriques qui déplaisent aux membres du clergé présents aux spectacles, projet iconoclaste au sens étymologique qui ne pouvait que faire s’esbaudir ce provocateur-né qui se nomme Peter Greenaway, même si le poli de son immense culture fait que l’on peut se demander parfois si c’est de l’art ou du cochon.
(...) On reconnaît là l’art précieux et baroque qui fait de Greenaway, le grand maniériste de la création contemporaine. Le catalogue de ses références, en particulier picturales, s’étale à l’infini, son emploi de l’audiovisuel est digne de celui d’un expérimentateur, qui va de l’emploi de l’écriture sur images aux effets en 3D, en passant par les écrans superposés, témoignant de son désir de fondre tous les arts en un seul."
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