Dans un village de Charente, quatre générations de la famille Goupi vivent sous le même toit. Chaque membre de la famille est affublé d'un sobriquet qui correspond à son caractère. Mais l'arrivée de Goupi Monsieur de Paris, suivie d'un meurtre et d'un vol, va remuer tout ce beau monde.
" Qu’à sa sortie le film ne se soit pas attiré les foudres de la censure de Vichy, même si on la sait assez permissive, laisse perplexe dans la mesure où il représente une somme continue de charges tantôt féroces tantôt ironiques à l’encontre des valeurs prônées par le "gouvernement" pétainiste. Les Goupi macèrent dans leur égoïsme et leur cupidité et ne s’unissent finalement, pour une fois toutes générations confondues, que pour railler l’ordre civique représenté par la maréchaussée au cours d’une séquence anthologique.
Le mystérieux personnage de Goupi Mains Rouges, véritable deus ex machina de l’histoire, permet à Becker et Véry de véhiculer leur propre critique de l’ordre social de Vichy. Voilà un homme qui se définit lui-même comme l’artiste de la famille, qui semble mépriser le conservatisme de ses consanguins, et qui pourtant est présenté tout à la fois comme le plus raisonnable et le plus compréhensif de la famille, le seul capable d’aplanir toutes les difficultés. Par son entremise, Véry et Becker suggèrent discrètement l’avilissement sordide de toute une société française engoncée dans son lot d’hypocrisies, de délations et de lâchetés (la scène des poupées vaudou), soit tout ce que Clouzot et Chavance fustigeaient à la même époque dans leur admirable et accablant Corbeau (...)
Goupi Mains Rouges est un film à la fois étrange et ludique, foisonnant et troublant, tant par le fond que par le style. Becker y fait vivre douze personnages principaux avec un art consommé dans la description des caractères. La première partie du récit, est, nous l’avons dit, celle consacrée au mystère. Nocturne, inquiétante, elle est marquée de l’empreinte du personnage de Tisane (Germaine Kerjean), divinité profondément maléfique, répressive, perverse et esclavagiste, mais qui a au moins un mérite, celui de canaliser les penchants refoulés des autres membres de la famille. Chaque membre semble se déplacer dans le cadre sous le regard lourd et inquisiteur de la future victime. Le ballet orchestré par Becker autour de la table familiale est digne de toutes les éloges. Les autres femmes s’activent aux taches ménagères ou au tricot, tandis que les hommes, qui n’ont pas encore pris le pouvoir, sont relégués à l’arrière plan. L’utilisation de sources de lumières diffuses et blafardes contribue à créer un malaise sourd..."
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