Le soir du 24 décembre, dans un petit village de Savoie enfoui sous la neige, Cornusse, fabricant de globes terrestres, s'apprête à jouer comme chaque année le rôle du père Noël, tandis que Catherine, sa fille, rêve d'un prince charmant. Le mystérieux retour au château du baron Roland alimente quant à lui les conversations. Puis un homme en habit de Père Noël est retrouvé mort... D'après le roman de Pierre Véry ("Les Disparus de St Agil"), un classique au ton étrange, entre fantastique, comédie et suspense dans une version restaurée en HD par Pathé en 2015.
" Premier film réalisé sous l'Occupation pour la firme allemande Continental par un cinéaste français, L'Assassinat du Père Noël n'est pas une oeuvre de propagande (c'était d'ailleurs une des conditions de Christian-Jaque). La poésie, la sensibilité et le mystère qui se dégagent du roman de Véry trouvent ici une expression parfaite. Le cheval d'un cavalier tué jadis qui galope à travers la tempête, le brave Cornusse qui raconte des récits de voyages fabuleux, un jeune noble mélancolique, dont la main gantée de noir suscite des interrogations, et la jolie Catherine en mal d'amour...
Tous ces personnages, mais aussi les enfants émerveillés ou une houppelande ensanglantée, participent à la magie délicate qui enveloppe cette enquête policière dans le huis clos du village isolé par la neige. Quant au dialogue entre Cornusse et le petit Christian, qui clôt le film, il a fait couler beaucoup d'encre. Une princesse endormie mais bien vivante (la France) et un prince charmant qui un jour la réveillera (de Gaulle). Métaphore volontaire ou interprétation d'après-guerre ? "
Gérard Camy
avoir-alire.com
" On avoue une grande tendresse pour cette œuvre hybride, qui tient de la féerie, du policier, du conte et de la comédie. C’est bien un film...
" On avoue une grande tendresse pour cette œuvre hybride, qui tient de la féerie, du policier, du conte et de la comédie. C’est bien un film étrange que cette première réalisation de la Continental, sortie en 1941, dans un moment où il fallait ne pas évoquer le contexte contemporain et distraire un public avide d’évasion : on y croise un Père Noël alcoolique et affabulateur, une folle qui court après son chat, un baron solitaire à la main gantée, et tout un petit peuple étrange emprisonné par une neige épaisse.
L’intrigue, comme désamorcée par le nombre de personnages, tourne autour d’un vol et d’un meurtre qu’aucun suspens ne vient appuyer. Car ce qui intéresse le scénariste, c’est la description d’un monde clos sur lui-même, un monde ancien et sclérosé mais haut en couleurs ; du point de vue de l’époque, on est sur une image de la France éternelle, celle des villages, avec curé et instituteur anticlérical, celle des bonnes gens, de la noblesse encore présente.
Christian-Jaque a visé un film d’atmosphère : il excelle à filmer l’intérieur du château ou le clocher, comme les extérieurs enneigés ; sa caméra mobile virevolte dans les séquences de groupes et quelques fantaisies, dont la main qui vient boucher le champ, ajoutent à la bizarrerie. Mais c’est surtout le travail de la lumière qui crée un climat étrange, dès le générique avec un Père Noël qui avance au ralenti dans un halo inexplicable. Certes, tout n’est pas réussi : le duo de jeunes premiers est bien fade et leur diction a vieilli.
Mais le reste de la distribution est un régal : entre Harry Baur, corps monumental fabriquant des globes terrestres, Le Vigan et sa démesure ici contenue, Fernand Ledoux ou Jean Paradès, c’est tout un pan du cinéma français qui donne sa cohérence au film et, faut-il le dire, nous ravit. On retombe en enfance, séduit par une naïveté d’un autre temps, emporté par des mystères épais et par l’infinie tendresse qui se dégage de cette humanité imparfaite mais touchée par la grâce. "
François Bonini
Mondociné.net
" Aujourd’hui, L’Assassinat du Père Noël est un classique du cinéma français. Un classique, doublé d’un grand film, alors que les instructi...
" Aujourd’hui, L’Assassinat du Père Noël est un classique du cinéma français. Un classique, doublé d’un grand film, alors que les instructions des hautes sphères de la Continental réclamaient pourtant des œuvres voulues " légères " voire " stupides ", destinées à égayer la morosité des français battus sur le front et désormais occupés par l’ennemi. Mais l’intelligence de Pierre Véry et Charles Spaak, couplée au talent d’un Christian-Jaque pas encore devenu ce faiseur de " cinéma de papa " souvent pointé du doigt des années plus tard par la Nouvelle Vague, fera de cette modeste comédie dramatique à enquête policière, une pure délectation à la richesse formidable.
Baignant dans une étrange atmosphère poético-féérique (la marque du cinéma de la Continental), L’Assassinat du Père Noël peut être lu aujourd’hui de plusieurs manières. Est-ce le recul et la mise en perspective de l’époque de sa production qui pervertit notre regard ou ses idées aiguisées volontairement disséminées, on ne le saura probablement jamais, contrairement aux évidences d’un Le Corbeau de Clouzot. Toujours est-il que l’on peut y voir, au choix, une enquête habilement menée et tenue par un délicieux suspense, un formidable portrait des villages campagnards français de l’époque, ou encore une œuvre qui en disait plus long qu’il n’y paraissait, au nez et à la barbe des pontes de la Continental.
Tout le monde suspecte tout le monde dans ce petit microcosme, alors qu’un crime commis arrête le temps dans cette contrée recouverte par un grand manteau blanc et glacial. Peut-on (ou doit-on) y voir une subtile métaphore de l’état de la France de 1941 ? Plausible ou possible interprétation née avec le temps. Mais qu’importe, L’Assassinat du Père Noël délivre suffisamment d’immenses séquences de cinéma pour exister en dehors d’un quelconque message, et s’impose comme une sorte d’anti-conte à la lisière de l’irréel. "
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