" ... Nicole Garcia filme des personnages à la dérive, hantés par des secrets insidieux. En un sens, les protagonistes d'Un week-end sur deux, du Fils préféré et de Place Vendôme se ressemblent. Aux prises avec des conflits familiaux délétères ou avec de mystérieuses machinations financières, ils peinent à se conformer aux us et coutumes de la vie sociale. Pâles figures qui ne parviennent plus à assembler les pièces de leur puzzle identitaire...
Rien d'étonnant, donc, à ce que Nicole Garcia se soit passionnée pour l'« affaire » Jean-Claude Romand (...) L'adversaire, plus encore que les films précédents de la cinéaste, sonde les zones de l'ambivalence psychologique et de la dissimulation schizophrène.
« Le fait divers a tellement marqué les esprits que tout le monde s'est fait une idée sur la question , explique Nicole Garcia. Plus que l'histoire en tant que telle, c'est le livre qui m'a donné envie de réaliser le film. Dans le récit d'Emmanuel Carrère, j'aime que le personnage n'apparaisse jamais comme un funambule qui joue de façon flamboyante avec le mensonge. Sa trajectoire, pour moi, est celle d'une humanité naufragée. J'ai voulu le côtoyer, explorer son opacité... »
Pour incarner l'itinéraire de cet homme devenu à proprement parler l'ombre de lui-même, Nicole Garcia et Jacques Fieschi, son coscénariste, ont dû faire des choix radicaux. Jouant habilement avec la chronologie de l'histoire, ne s'intéressant qu'aux dernières années de la sinistre aventure du personnage (rebaptisé Jean-Marc Faure, signe du désir de fiction), la cinéaste invite à un voyage paradoxal où la dramaturgie importe moins que la perception subjective des personnages sur une réalité qui a rarement aussi mal porté son nom. Interprété par un impeccable Daniel Auteuil, L'adversaire ne cède jamais au spectaculaire ou à la complaisance, mais donne à voir (et à ressentir) le cheminement autodestructeur d'un antihéros piégé par sa stratégie mensongère..."
Laure Teyral
Sur la lâcheté... Magistralement interprété.
Inspiré d'un célèbre sujet d'actualité j'ai apprécié l'enlisement inexorable dans le mensonge, Daniel Auteuil, superbe.