Le 31 mars 2016, place de la République, naît le mouvement Nuit debout. Des citoyen-ne-s de tous horizons se réunissent pour lutter contre la loi El Khomri...
Le 31 mars 2016, place de la République à Paris, naît le mouvement Nuit debout. Pendant plus de trois mois, des gens venus de tous horizons se réunissent pour lutter contre la loi El Khomri et s’essayent avec passion à l’invention d’une nouvelle forme de démocratie. Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ? Jour après jour, Mariana Otero a filmé les riverains curieux, les prises de parole des citoyens, les manifestations, les confrontations avec la Police mais aussi la création d'un nouvel espace politique.
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" « Enfin quelque chose se passe… Quelque chose, mais quoi ? » Un mouvement, un rassemblement, une assembl&eac
" « Enfin quelque chose se passe… Quelque chose, mais quoi ? » Un mouvement, un rassemblement, une assemblée. Pour réagir à la Loi El Khomri (qui finira par passer à coup de 49.3), puis pour inventer autre chose, une Démocratie digne de ce nom. Des hommes, des femmes, jeunes pour la plupart, trentenaires pour aller vite, se retrouvent et discutent. Jour après jour, soir après soir. Il y a les gestes qui permettent de couper la parole ou au contraire de l’encourager. Il y a les commissions qui se réunissent pour parler des commissions. La difficulté qu’il y a à se parler. Et à s’entendre. À voix hurlante, au porte-voix, au micro ou à la criée (par vagues, l’auditoire reprend les phrases, les répercute comme en écho), toutes les paroles sont ici saisies au vol ou scrutées (car il y a aussi la langue des signes) par la réalisatrice de Histoire d’un secret, Entre nos mains, et À ciel ouvert. Et le silence qui suit le lâcher des gaz lacrymogènes, c’est la répression policière qui a enfin réussi son coup… Mariana Otero s’est jetée avec sa caméra dans cette aventure, sans savoir où elle allait… puisque personne ne le savait.
Le résultat est un film politique, sur le collectif, comment il naît, comment il peine à se construire et à perdurer, comment un gouvernement peut l’entraver… Ici, le centre, c’est la République, la Place, ce lieu de rassemblement où convergent des désirs, des rêves, des idées. Où il pleut aussi, souvent (« La météo est vraiment de droite », rigole quelqu’un). Pas de vedettes, que des anonymes (malgré la présence de François Ruffin au début) même si, à force, au fil du temps, du « 37 mars » au « 144 mars » 2016 (1er avril au 21 juillet, date de présence sur place de la réalisatrice), on reconnaît les femmes et les hommes derrière certaines voix, parmi les forces vives qui s’amenuisent. Car oui, tout cela s’est égayé et c’est bien triste. La mélancolie du ratage, ou du moins du non-accomplissement, accompagne la réalité du film : cet élan a fini par s’essouffler, et, si un autre monde est possible, il va falloir attendre encore un peu… N’empêche, ce qui reste de Nuit debout dans les mémoires et dans les cœurs habite le film qui témoigne pour l’éternité. De ce quelque chose qui s’est passé. Quelque chose, mais quoi ? « Nuit debout c’est un état d’esprit, un outil », dit quelqu’un. « On est surtout ici pour apprendre…», dit un autre. Alors, demain ?"
" Mariana Otero aime, à l’évidence, ceux qu’elle filme. Elle se tient, politiquement, de leur côt&eacu
" Mariana Otero aime, à l’évidence, ceux qu’elle filme. Elle se tient, politiquement, de leur côté. Mais la beauté du résultat tient à la saisie de l’immense bizarrerie de ces rassemblements quotidiens : rien n’allait de soi, tout était fragile. On sent l’émotion de ceux, si divers, qui s’improvisent orateurs, leur difficulté à se faire entendre — un atelier « mégaphone » se crée, dont la matière première est du carton… On mesure le casse-tête de l’organisation : durée des prises de parole, codes à l’usage du public, formation de commissions et d’intercommissions thématiques, arbitrages collectifs de toutes sortes… Le tout sous la pluie, la plupart du temps : « La météo est vraiment de droite », ironise une participante.
Un fil conducteur inattendu s’impose donc, comme un préalable à la lutte idéologique (contre la loi El Khomri, alors en passe d’être votée au Parlement) : la forme à donner au mouvement. L’assemblée populaire est-elle souveraine ou pas ? Y vote-t-on ou non ? La foule est-elle constituée de spectateurs ou de débatteurs ? Ces discussions exaltées, qui semblent remonter à l’agora antique, en appellent aussitôt d’autres en réaction : « Nuit debout verse dans le culte de l’organisation », proteste un tel. « La forme, c’est politique, répond une autre. Allez préparer des actions ailleurs ! »
Le film montre aussi l’essoufflement, la fatigue, le défaut d’unité : « Assez de blabla, il nous faut une concorde ! » Mariana Otero constate la fin du rassemblement, mais comme celle d’un premier acte, laissant des envies de refaire le monde, à coups d’idées échangées. L’élan collectif qu’elle capte renvoie d’ailleurs à l’engouement suscité en ce moment par 120 Battements par minute, où la discussion politique tient une place cruciale. Et bien sûr, au climat d’effervescence, lui aussi imprévisible, de cette rentrée sociale."
" D’abord présente en tant que manifestante, la cinéaste Mariana Otero décide vite de prendre sa camé
" D’abord présente en tant que manifestante, la cinéaste Mariana Otero décide vite de prendre sa caméra et de faire son métier : s’immerger dans l’événement pour le documenter. Ni journaliste ni militante, elle se situe à une distance humble, soucieuse de rendre compte de ce qui pourrait se jouer d’important sans tomber dans l’idéalisation ; bienveillante mais ne cachant pas certaines impasses.
L’intelligence du film est de ne pas tenter de faire en 1 h 30 l’impossible synthèse de ce que fut Nuit debout (on n’y voit d’ailleurs pratiquement pas la nuit) mais de se centrer sur sa part la plus expérimentale et réflexive, représentée par la «commission démocratie» dont l’objectif est de repenser l’exercice démocratique en inventant une véritable démocratie directe et participative. Ainsi, dans ce que montre le film, ce sont moins les idées elles-mêmes qui importent que la recherche d’une nouvelle façon de les exprimer, de les faire circuler en partageant la parole le plus librement et équitablement possible.
Au-delà du tâtonnement parfois naïf de la démarche (notamment lors de l’établissement de règles et d’un code gestuel au sein de «l’atelier modération»), on y ressent surtout l’aspiration profonde du mouvement : un désir vital de parler et d’écouter, contre le galvaudage des mots et l’instrumentalisation des discours. Cela ne va pas sans une certaine confusion que le film ne cherche pas à gommer, car s’y révèle son sujet même : la pensée politique au travail. «Les gens qui sont ici ne sont pas un public», dit quelqu’un à un moment, soulignant que toute présence dans cette agora devrait être active et combien toute écoute est une parole en puissance. Le film tente lui-même de ne pas faire de ses spectateurs un simple public contemplant un événement passé et nous met sans cesse face à un questionnement, une recherche, une insatisfaction qui ne demandent qu’à être complétés, prolongés, remis en cause. Par sa modestie et son inachèvement, l’Assemblée est donc une manière de perpétuer des aspirations sans cesse ravivées par l’actualité (depuis Nuit debout, la loi travail n’a pas seulement été adoptée mais également durcie). Un film témoin, dans les deux sens du mot : qui observe et qui relaie."
"Mariana Otero a saisi admirablement cette brèche spatio-temporelle qu'offrait Nuit Debout à l'Histoire, à la politique
"Mariana Otero a saisi admirablement cette brèche spatio-temporelle qu'offrait Nuit Debout à l'Histoire, à la politique et au politique, au collectif que nous sommes, habitants de France. Un temps suspendu où, comme chez Rohmer, la parole est action, la seule action humaine qui puisse véritablement nous émouvoir et nous mettre à nu."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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