Suha Arraf : " Mettre en avant les Palestiniens, leur vie et leur dignité propres "
La Palestinienne Suha Arraf, déjà scénariste des Citronniers et La Fiancée Syrienne parle de sa première fiction e1
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En Palestine, la vie de trois soeurs qui ont tout perdu après la guerre des Six Jours et dont la rencontre avec Badia, leur nièce, va bousculer la routine.
En Palestine, trois sœurs issues de l’aristocratie chrétienne ont perdu leur terre et leur statut social après la guerre des Six Jours de 1967 avec Israël. Incapables de faire face à leur nouvelle réalité, elles s’isolent du reste du monde en s’enfermant dans leur villa pour se raccrocher à leur vie passée. L’arrivée de leur jeune nièce, Badia, ne tarde pas à bousculer leur routine et d’autant plus lorsqu’elles se mettent en tête de lui trouver un mari.
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" Voilà un film palestinien qui ne ressemble en rien à ce que l’on s’attend à voir en provenance de C
" Voilà un film palestinien qui ne ressemble en rien à ce que l’on s’attend à voir en provenance de Cisjordanie. Nulle brimade aux check-points, nulle jeunesse à l’avenir plombé par l’omniprésence de Tsahal. L’histoire se déroule en 1967, peu après la guerre des Six Jours. Et même si le conflit avec Israël se devine en filigrane, c’est d’autres conflits, bien différents, qu’il s’agit : intérieurs d’abord, et aussi celui qui oppose, aujourd’hui encore au sein de la population palestinienne, les chrétiens aux musulmans.
Scénariste de deux films remarqués, la Fiancée syrienne (2004) et les Citronniers (2008), Suha Arraf n’a pas choisi la facilité avec ce premier long métrage en tant que réalisatrice. La Belle Promise ("Villa Touma", en arabe) est un huis clos lourd, oppressant et fascinant, qui met aux prises trois femmes enkystées dans leur solitude et leurs aigreurs avec leur jeune nièce fraîchement sortie de l’orphelinat.
Il y a du Buñuel dans cette œuvre-là. Un flash de Tristana dans la figure angélique et presque christique de Badia, recueillie par trois tantes confites dans leurs interdits - et la culpabilité qui va avec.
Issues de l’aristocratie chrétienne, les trois sœurs ont perdu leur terre et leur position sociale, mais elles refusent de l’admettre. "Tu crois qu’il est notre égal ?" dit l’une d’elles à Badia les lèvres pincées, en évoquant le jardinier musulman. Leur maison de Ramallah, la fameuse villa Touma, est devenue le mausolée de leurs rêves déçus et de leur statut perdu. Le temps s’y est arrêté, la vie aussi : elle symbolise l’enfermement, déjà, et il est surprenant de voir comme ce sentiment est resté vivace, les murs d’hier ne faisant qu’annoncer le mur d’aujourd’hui.
Ce film est d’autant plus percutant que la plupart des chrétiens palestiniens aisés ont quitté la Cisjordanie ces dernières années, fuyant autant les Israéliens que les Palestiniens musulmans. Ramallah et Bethléem, qui constituaient leur fief, regorgent de villas abandonnées ou à moitié entretenues. Les rêves se sont transformés en cauchemars, ou projetés plus loin, en Amérique ou en Europe.
Avant d’intégrer la villa, Badia est une jeune fille vive et légère ; elle va vite découvrir ce qu’il en coûte de braver les conventions, de préférer s’adonner à la danse orientale dans le silence de sa chambre que de pianoter les classiques sous le regard de bourgeoises compassées. On veut la marier mais "le dernier chrétien célibataire est mort" et, de toute façon, l’amour ne fait pas le tri entre un camp de réfugiés et le parvis d’une église. "
" Un film palestinien qui ne montre pas frontalement le conflit avec Israël, qui ne dépeint pas les Palestiniens en v
" Un film palestinien qui ne montre pas frontalement le conflit avec Israël, qui ne dépeint pas les Palestiniens en victimes ou en combattants, dont les personnages s’appellent Juliette, Violette et Antoinette, c’est plutôtrare. Non pas que Suha Arraf ignore la situation que l’on sait (on la perçoit en arrière-plan) mais elle s’est dit, à juste titre, que le cinéma pouvait dépeindre aussi autre chose que les urgences géopolitiques.
Par exemple, trois sœurs de la bourgeoisie chrétienne palestinienne qui accueillent en leur bel appartement Badia, leur cousine orpheline et musulmane. L’aînée se fait fort d’éduquer la petite nouvelle selon les règles rigides de leur ordre ancien : prendre le thé et les repas à heures fixes, savoir jouer Chopin au piano… Et aussi trouver un “bon” mari chrétien.
Le Hamas est loin. La Belle Promise nous apprend ou nous rappelle que la bourgeoisie chrétienne de culture classique a des ramifications jusqu’en Palestine. L’auteur déroule à feu doux cet autre conflit universel entre un monde ancien qui ne veut pas finir et l’irruption de la réalité contemporaine. On est plutôt chez Tchekhov, voire Bergman, que chez Suleiman. Mais dans le contexte du cinéma palestinien, cet intimisme et cet universalisme ne manquent pas d’originalité. "
" (...) Après la Guerre de Six Jours en 1967, l’aristocratie chrétienne de Ramallah a perdu ses biens et son statu
" (...) Après la Guerre de Six Jours en 1967, l’aristocratie chrétienne de Ramallah a perdu ses biens et son statut social. Plutôt que les postes frontières, les soldats et les martyrs, la réalisatrice palestinienne Suha Arraf a voulu montrer des compatriotes qui ne seraient ni héros, ni victimes. Elle s’est concentrée sur la communauté chrétienne, autrefois majoritaire dans la ville, aujourd’hui sur le point de disparaître en raison de la diaspora de ses membres.
Elle dépeint un portrait de femmes fascinant, replié sur lui-même jusqu’à l’enfermement. Leurs tenues élégantes des années 1960 et 1970 et leurs pratiques quotidiennes (tricot, nettoyage hebdomadaire de l’argenterie, etc.) témoignent d’un temps figé, celui de leurs belles heures enfuies.
La nécessité de chercher pour Badia un mari, forcément un chrétien issu d’une bonne famille de la ville, oblige à ouvrir des portes closes depuis plusieurs décennies. Cette quête réveille les souvenirs des destins terribles de chacune des trois sœurs.
Malgré quelques rires et un joli moment d’éclaircie, La Belle promise s’avère d’une réelle noirceur. C’est le fait d’une histoire sombre jusqu’à son dénouement, mais aussi de la transposition par la cinéaste dans son récit de l’occupation subie par la Palestine : les habitantes de la Villa Touma ont leur couvre-feu, elles sont isolées du reste du monde par un mur semblable à celui qui enserre la Cisjordanie… Tous ces éléments font du film un huis clos éprouvant et intense. "
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