1865, sud de la France. Joséphine Hughes vit seule avec son père, médecin, dans la maison familiale. Les jours s'égrènent dans une relative monotonie, jusqu'au jour où le docteur Hughes accorde son hospitalité à Timothée Castellan, un vagabond qui se fait passer pour sourd-muet. Au début Joséphine est effrayée par le jeune homme, puis finit par le suivre dans les bois. De gré ou de force ?
" Benoît Jacquot, qui a déjà adapté deux romans-clés de la littérature amoureuse (Adolphe, de Benjamin Constant, et Les Ailes de la colombe, de Henry James), tire de cette affaire une métaphore fulgurante de la passion - littéralement, quelque chose que l'on subit... A deux ans près, Au fond des bois se déroule exactement à l'époque de L'Histoire d'Adèle H., l'inoubliable portrait, par François Truffaut, de la fille de Victor Hugo en proie à la « religion de l'amour » et y perdant à jamais la raison. Mais le film de Jacquot sonne comme une réponse vigoureusement contradictoire à celui de Truffaut.
Car, cette fois, la passion, si violente soit-elle, est un pays d'où l'on revient. Le dérèglement des sens, l'attraction irrépressible, l'envie de marquer la chair de l'autre ne sont qu'un moment à vivre « au fond des bois », dans un arrière-monde, en deçà de la conscience et du discernement, avant de reprendre ses esprits et sa position sociale. L'homme fruste devient le maître de la jeune bourgeoise au cours de leur escapade sauvage, puis son alter ego. Mais, de retour à la vie civilisée, à quoi peut-il s'attendre ? La concision du film, tout le temps aigu, ajoute encore à sa cruauté. Pourtant, Au fond des bois dépasse le tableau clinique, dégrisé, de la passion. Il y a la fièvre de la cavale à deux, que Jacquot sait exalter, dans une sensualité fruste. Il y a l'idée que semblable aventure est nécessaire, fructueuse et même salutaire - c'est le père de la « magnétisée » qui tombe malade et non elle. Il y a enfin, pour ceux qui aiment débusquer dans les films une réflexion sur le cinéma, l'image, en filigrane, de la relation entre metteur en scène et interprète. "
Louis Guichard
Les Inrockuptibles
" Nous voici donc devant un de ces films cliniques dont Jacquot a le secret (Le Septième Ciel, Princesse Marie, etc.), où il est question de...
" Nous voici donc devant un de ces films cliniques dont Jacquot a le secret (Le Septième Ciel, Princesse Marie, etc.), où il est question de phénomènes à la fois banals et mystérieux, que la science (psychiatrie, psychanalyse) a commencé à étudier de près il y a environ un siècle : l’amour et le désir. Quelles sont les forces en jeu dans les relations amoureuses et sexuelles ? C’est le sujet du film : le constat du pouvoir qui s’exerce de part et d’autre au sein d’un couple (même provisoire) sans qu’on sache vraiment qui le détient, et l’analyse distanciée et étonnée de ce moment où deux partenaires subissent la même fascination l’un pour l’autre et s’unissent à la fois par le corps et l’esprit. Que se passe-t-il à ce moment-là ? Tout cela est déjà passionnant “sur le papier”, mais l’attrait du film de Jacquot réside encore ailleurs, grâce à un aspect tout à fait essentiel au cinéma moderne, qui consiste à expérimenter, à faire se confronter des idées, des histoires, des fantasmes à l’épreuve de la réalité, de la lumière, du corps des acteurs. Et la réalité, en l’occurrence – même si Nahuel Perez Biscayart est étonnant –, a essentiellement le visage et le corps d’Isild Le Besco, objet de désir absolu du film : de son père (de façon symbolique), de son futur mari, du vagabond bien sûr, de l’officier de gendarmerie qui mène l’enquête – et, sans trahir leur intimité, celle aussi du cinéaste, qui fut le compagnon de l’actrice. "
Pour vous donner la meilleure expérience possible, ce site utilise les cookies. En continuant à naviguer sur universcine.com vous acceptez notre utilisation des cookies.
_TITLE
_CONTENT
Vous avez un bloqueur de publicités activé. Certaines fonctionnalités du site peuvent être perturbées, veuillez le désactiver pour une meilleure expérience.