" Depuis son premier long métrage, Mange ta soupe, Mathieu Amalric aime jouer au chat et à la souris avec sa biographie. Le cinéaste s'appelle Philippe Roberts, et la femme qui le quitte, Julia. Jamais ce prénom glamour et le nom Roberts ne sont accolés par le dialogue, mais ils sont là : détail aberrant, brouillage mégalo-potache, fantaisie en creux qui résument le ton de ce drôle de film à vif. L'autofiction, quand elle réussit, est décidément cette alchimie qui convertit les secrets en choses publiques et la douleur en énergie.
Au chaos intime du protagoniste répond l'entrechoquement furieux des genres, entre les scènes conjugales Philippe-Julia, celles du Lit national, commandé par Arte, joué par Michèle Laroque et Bernard Menez, et celles qui montrent la préparation et le tournage. A la lumière des déboires privés, « parité » prend un tout autre sens. Plus Philippe boit la tasse, plus le projet d'origine, fable politique style « le maire, la coiffeuse et les élections », prend l'eau, jusque sur le plateau. Le cafouillage général est d'autant plus drôle et troublant qu'on ne sait plus guère si Laroque et Menez (dans leurs propres rôles d'acteurs) sont les otages stoïques ou les complices de cette entreprise chahutée. Et d'ailleurs laquelle ? Le Lit national ou La Chose publique ?
Pour raffiner encore le jeu de pistes, même les tête-à-tête entre Philippe et Julia sont donnés comme du cinéma, captés à la petite caméra DV : parfois ça coupe, et ils recommencent... Où êtes-vous, monsieur le réel, madame la vérité ? C'est là qu'il faut parler des acteurs principaux. Jean-Quentin Châtelain (...)l crée un double massif de Mathieu Amalric, une sorte de chêne déraciné par la tempête, idéalement pathétique. En face, Anne Alvaro (Julia) est plutôt roseau, émotive mais implacable, haute et fière silhouette. Elle a peu de scènes pour imposer sa séduction, mais elle irradie le dernier et plus beau mouvement du film, quand il n'y a plus de place à l'écran que pour elle et lui, à l'heure de l'inventaire..."
Louis Guichard
Masculin / Féminin. Documentaire / Fiction. Comédie / Drame. Numérique / Argentique... Amalric, avec la même franchise qu'une bourrée à deux temps, fait...
Lire la suiteUn vrai bijou, très beau film, drôle, on en sort de bonne humeur.