" À ceux qui ne connaîtraient pas le travail de Sebastião Salgado, Le Sel de la terre pourrait s’envisager comme une excellente porte d’entrée. Pour une bonne part, le film se concentre sur les livres marquants réalisés par Salgado ces trente dernières années. Tandis que le photographe feuillette ses ouvrages, chronologiquement, il revient sur les souvenirs attachés à certains clichés, le modus operandi qui fut le sien et surtout le contexte qui permet de saisir, derrière l’image, la réalité historique dans sa crudité la plus obscène.
Des mines d’or de Serra Pelada (50 000 hommes fourmillant dans un gouffre à la recherche d’une pépite), aux camps de réfugiés d’Éthiopie durant la famine, en passant par les exodes rwandais et yougoslaves, le travail de Salgado s’ancre dans la diversité des destinées humaines. Diversité apparente, car les douleurs africaines et européennes se répondent, démontrant, s’il en était besoin, l’universalisme de la race humaine face à la guerre, la peur et la mort.
Au fil de la découverte de ses photographies, on ne peut qu’être ému, bouleversé, révolté. Sans doute l’accumulation des clichés n’offre que très peu de place au spectateur pour laisser libre cours à sa capacité critique, tant la vague émotionnelle est forte (...) Les cadrages, le choix du noir et blanc, tout concourt chez Salgado à créer un spectacle du beau, risquant d’en oublier la dimension dramatique ou d’en gommer l’authenticité. Ces critiques, nombreuses à partir des années 2000, ne sont jamais évoquées par Wenders.
Il est dommage que Le Sel de la terre ne donne pas la parole à Salgado pour justifier ses partis pris formels, tant ils sont intrinsèquement liés à la réception qu’on a des œuvres et sujet fondamental des polémiques autour de son travail. Exit donc une quelconque réflexion plastique, le documentaire se veut une présentation laudative et aucunement critique.
Si l’on peut admettre le choix de ne pas questionner l’œuvre de Salgado (à chacun de se faire son idée), Le Sel de la terre change de braquet dans sa dernière partie, délaissant les photographies du Brésilien pour s’intéresser à son ultime engagement : la protection de la nature (...) Ce revirement personnel du photographe (...) opère un changement de ton radical dans le documentaire (...) on assiste à l’édification d’une utopie, à travers la reforestation de la ferme familiale des Salgado (...) et ce nouveau dessein, aussi louable soit-il (et a priori efficace), brise nettement le film en deux : un avant humaniste voué à l’échec et un après où la nature seule pourrait sauver le monde. Très naïve, à l’aune des images que Le Sel de la terre a distillé durant plus d’une heure, cette conclusion se double d’une moralisation inattendue et quelque peu déséquilibrée. Une fin qui édulcore le spectacle de l’autodestruction humaine, cœur thématique de l’œuvre de Salgado."
Ursula Michel
Ce film est une pépite !
superbe
Une splendeur. La nature et la place de l'Homme vues à travers les sensibilités de Salgado et Wenders.
Sublimes images du photographe Salgado et l'importance de prendre soin de notre planète.