Rodolfo était différent. Danseur. Dans le Paraguay des années 80, sous la dictature de Stroessner, il était l'un des « 108 homosexuels », arrêtés et torturés.
"C’était l’hiver. Mon père nous appela en urgence. Le corps de mon oncle venait d’être découvert, nu, étendu par terre. Des curieux s’étaient attroupés autour de lui, la police les dispersa. Mes proches étaient là, eux aussi. Ils me demandèrent d’entrer et de choisir les vêtements dans lesquels il serait enterré. J’ouvris son placard : il était vide. Par la suite, quand je demandais de quoi il était mort, on me répondait : « de tristesse ». Dans le Paraguay des années 80, sous la dictature de Stroessner, il voulait devenir danseur professionnel. C’est en fouillant dans les fragments de son passé que j’ai découvert que mon oncle avait fait partie de la « liste des 108 homosexuels », qu’il avait été arrêté et torturé..."
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"Ce qui frappe en premier lieu en voyant ce documentaire, c’est la force du non-dit généralisé. Car ici, il
"Ce qui frappe en premier lieu en voyant ce documentaire, c’est la force du non-dit généralisé. Car ici, il ne s’agit même pas de remuer le couteau dans la plaie, mais d’ouvrir cette plaie qui permettra d’affronter le poids du passé. Dans cette radioscopie d’un tabou familial, Renate Costa (dont c’est le premier documentaire de cinéma) se trouve rapidement confrontée au mutisme du clan Costa. Seul son père (et frère de Rodolfo) a accepté de répondre à ses questions et encore sans vraiment très bien comprendre les enjeux de l’enquête. Ou du moins, en refusant de les voir. Du coup, la réalisatrice doit apprendre à apprivoiser ses interlocuteurs comme elle doit apprivoiser son sujet. (...)
108 Cuchillo de Palo met dès lors en avant un tabou qui n’est plus seulement familial mais aussi historique. Sans voyeurisme et avec toujours beaucoup de respect pour les personnes qu’elle interroge, Renate réussit pourtant à offrir à ses interlocuteurs un espace de parole dans un environnement où la liberté d’expression, vingt ans après la fin de la dictature, semble encore un luxe. (...)
Les témoignages se font d’autant plus forts et troublants que beaucoup disent parler pour la première fois et ainsi réveiller un passé trop longtemps refoulé. (...)
La force de 108 Cuchillo de Palo c’est ainsi de dépasser le documentaire familial à la première personne. Toujours à sa place, la réalisatrice sait trouver le juste dosage entre son statut de « nièce de » et une position journalistique afin d’être à l’écoute de l’autre et faire acte de provocation dans le bon sens du terme. De fait, en intégrant une dimension historique, la démarche de Renate Costa va beaucoup plus loin que d’autres journaux intimes comme celui de Rémi Lange dans Omelette.(...)
Un passé souterrain qui est remonté, le temps d’un film, à la lumière."
"L’enjeu profond de ce film intime, où la réalisatrice dialogue constamment avec son père devant la cam&eac
"L’enjeu profond de ce film intime, où la réalisatrice dialogue constamment avec son père devant la caméra, et l’interroge sur son frère disparu, est d’évoquer la dictature du général Stroessner, la plus longue de l’Amérique latine (1954-1989), qui dirigea d’une main de fer le Paraguay, un peu sur le modèle de Franco en Espagne, et dont le bilan tragique est couvert d’une chape de plomb.
Si des dizaines de films ont été tournés sur la période fasciste au Chili et en Argentine, le Paraguay reste malheureusement le grand oublié. Cette oeuvre personnelle, où la mémoire familiale alterne avec celle du pays, serait la première à évoquer ce régime brutal. Elle le fait intelligemment, avec une certaine délicatesse, en pointillé."
"Son enquête révèle une réalité occultée. Elle interroge son père, sa tante, des amis e
"Son enquête révèle une réalité occultée. Elle interroge son père, sa tante, des amis et ce documentaire si personnel devient universel. Les silences, les omissions, les regards fuyants racontent un pays d'avant la démocratie. Et une souffrance toujours à vif."
Isabelle Danel" Lasse de la chape de silence ayant toujours entouré, au sein de sa famille, la disparition de son oncle, un danseur de cabare
" Lasse de la chape de silence ayant toujours entouré, au sein de sa famille, la disparition de son oncle, un danseur de cabaret dont le cadavre avait été retrouvé en pleine rue de nombreuses années auparavant, la réalisatrice essaie de découvrir ce qui s’est passé. Elle affronte le refus ambigu de son père d’évoquer cette époque. Mais sa quête d’une vérité mémorielle va aussi croiser celle de son pays. En effet, le frère de son père fut l’un des cent huit homosexuels qui, dans les années 80, figurèrent sur une liste du même nom et furent arrêtés par la dictature récemment instaurée au Paraguay par le général Stroessner. C’est à cause de son orientation sexuelle que le jeune homme fut séquestré, torturé puis abattu. Ainsi que pour d’autres raisons obscures...
Ce film bouleversant est à la fois l’évocation tragique d’un indésirable, d’un numéro (aujourd’hui encore, le chiffre 108 est synonyme d’infamie, au point qu’il existe rarement une chambre 108 dans certains hôtels) et des pires heures d’un régime autocrate et homophobe. Un documentaire - en forme de journal intime catharsis et exutoire - où la jeune réalisatrice évite tous les pièges possibles de l’oeuvre militante ou du règlement de comptes.
Sa distance vis-à-vis des événements, qu’ils soient historiques, familiaux ou intimes, est toujours la bonne, portée par un réel sens de la mise en scène, du cadre et de la durée de plan. Autant de qualités qui attestent d’un talent et d’une acuité dont il est permis de penser qu’ils seront prometteurs lorsqu’elle passera à la fiction."
"Par la délicatesse de sa caméra, toujours inquisitrice, jamais envahissante, par la force et la dignité de ses pe
"Par la délicatesse de sa caméra, toujours inquisitrice, jamais envahissante, par la force et la dignité de ses personnages, par la présence fragile mais sereine de Renate Costa, ce film nous parle de toutes les dictatures passées et présentes et des courages et lâchetés qu'elles engendrent."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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