Valeria Bruni-Tedeschi : Travailler les masques
La réalisatrice de Château en Italie est magnifique en grande bourgeoise fragile dans Les Opportunistes de P1
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Martine a 25 ans et l'impression que sa vie se déglingue. Soignée en hôpital psychiatrique, elle décide de prendre en main la vie sentimentale de deux patients.
Martine, 25 ans, traverse une période difficile après sa rupture avec François. Entre petits boulots et relations sans avenir, elle se sent perdue. Après une dispute avec François, elle provoque accidentellement un incident qui l'amène aux urgences d'un hôpital psychiatrique. Contre toute attente, elle devient très active pendant son séjour et s'intéresse à deux jeunes patients, Pierre et Anne. Convaincue d'agir pour leur bien, elle décide de s'impliquer dans leur vie sentimentale.
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" Quand on la voit débouler avec son panier en osier, sa veste en tweed avachie, son écharpe, ses mocassins souples et ses cheveux dans la
" Quand on la voit débouler avec son panier en osier, sa veste en tweed avachie, son écharpe, ses mocassins souples et ses cheveux dans la figure, on se dit que c’est une fille comme tout le monde. Banal, ce bureau où on la retrouve : bruyant, encombré de téléphones et de gens. Banal, ce début de conversation avec un client, par téléphone interposé. Mais le ton monte, les gestes s’emballent, et les mots de Martine perdent de leur vernis. Martine raisonne, elle s’énerve, fait la grimace, raisonne encore, irrésistible de drôlerie, derrière son combiné, et plus du tout banale.
Il a suffi de cinq minutes pour que la fille au cabas revienne à la vie. Encore cinq minutes, et la voilà muette devant les questions d’un médecin. Sagement assise sur un tabouret, dans la salle des urgences d’un hôpital psychiatrique, Martine ne sait plus comment elle s’appelle. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il lui manque une chaussure, qu’elle a une énorme bosse sur la tête et qu’elle voudrait dormir.
« Dépression passagère », diagnostiquent les médecins. « Vacances », décide Martine, in petto, pas plus impressionnée que ça de se retrouver chez les fous. Et décidée à s’incruster.
« Qu'est-ce qu'on peut faire ici £ », demande-t-elle ingénument à l’infirmière. Sans plus attendre, elle part à la conquête de son nouveau territoire, soudain débordée, au point de ne pas pouvoir profiter des moments de liberté qu’on lui octroie. D’un malade à l’autre, elle s’agite, questionne, réconforte, persuadée d’avoir enfin trouvé sa place. Quitte à chambouler toute l’organisation de l’hôpital et à bouleverser un peu plus l’équilibre déjà précaire de ses nouveaux amis. « Je veux que vous soyez heureux », répète Martine à chaque nouvel interlocuteur.
C’est qu’à leur manière les malades du film de Laurence Ferreira Barbosa sont étrangement tranquilles, chacun dans sa bulle et dans son silence, chacun si étrangement à l’aise dans sa folie qu’il en semble presque normal. Pour eux, Martine se sent prête, pour eux, à soulever des montagnes.
Depuis ses débuts à la réalisation, Laurence Ferreira Barbosa s’intéresse aux marginaux ; ni clochards, ni originaux, ses personnages sont simplement rebelles aux étiquettes et à l’étroit dans des vies qui tournent trop rond pour eux. Pour son premier long métrage, elle a choisi d’aller plus loin, en mettant les pas de son héroïne dans ceux de vrais déclassés. N’allez pas croire pour autant que Les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel soit une étude sur la maladie mentale ou sur les rapports entre gens normaux et anormaux. C’est d’abord — c’est avant tout — une comédie.
Aussi impayable avec ses nouveaux amis qu’elle l’était, au téléphone, avec son client récalcitrant, Martine est presqu’aussi adorablement exaspérante que Katharine Hepburn dans L'Impossible M. Bébé ! Mais c’est bien le propos de Laurence Ferreira Barbosa : filmer une enquiquineuse de comédie... dans un contexte d’aujourd’hui. En 1993, plus question de se porter au secours d’un paléontologue farfelu. Car si farfelus il y a, ils sont partout : à l’hôpital comme dans la rue, plus anonymes et aussi plus seuls. Avec l’air de ne pas y toucher, à coups de petites phrases tordantes, jetées dans le dialogue comme par hasard, Laurence Ferreira Barbosa met le doigt sur le mal du siècle : l’indifférence.
Les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel est aussi une histoire d’amour généreuse et drôle, vécue sur des chemins de traverse. A suivre son héroïne (Valeria Bruni-Tedeschi, formidable !) comme elle suivrait une machine emballée, la mise en scène de Laurence Ferreira Barbosa devient fluide et accidentée comme la vie : paisible et folle, drôle et triste.
Et si l’on se surprend, en sortant du film, à rêver d’un peu de calme, comme les malades de l’hôpital après le passage tornade de Martine, rien n’est plus exactement pareil : en un peu moins de deux heures, Laurence Ferreira Barbosa nous a rendus une vertu devenue rare : l’énergie."
Il y a [...] dans Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel, un degré de réussite qui dépasse de beaucoup le simple coup de chance.
Il y a [...] dans Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel, un degré de réussite qui dépasse de beaucoup le simple coup de chance. Plus qu’une idée généreuse du cinéma, plus qu’un scénario virtuosement ficelle, plus qu’un casting exemplaire au sommet duquel trônent sans faillir Valéria Bruni-Tedeschi (Martine) et Melvil Poupaud (Germain), il y a une morale de fer qui fait exister pleinement chaque personnage, y compris ceux donnés au départ pour peu sympathiques; il y a une compassion étrangère à la pitié, une humanité magnifique, un humour indomptable, une résistance désespérée au désespoir. Il y a, en somme, le grand premier film d’une cinéaste sans doute pas très normale mais sûrement, et peut-être pour cela, exceptionnelle.
"Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel réussit là où le cinéma français échoue si souvent, à traiter avec humour, force et énergi
"Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel réussit là où le cinéma français échoue si souvent, à traiter avec humour, force et énergie d'un sujet dramatique et plus étonnant encore, à déplacer l'idée même de la marginalité, jusqu'à ne plus savoir de quel côté du mur d'un hôpital psychiatrique elle se trouve, une sorte de réhabilitation pour tous ceux qui pourraient penser qu'ils sont fous ou simplement anormaux, parce que pas exactement comme la société le voudrait… c'est-à-dire tout le monde."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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