
Valeria Bruni-Tedeschi : Travailler les masques
La réalisatrice de Château en Italie est magnifique en grande bourgeoise fragile dans Les Opportunistes de...
Nénétte fait le mur et rejoint son grand frère, Boni, pizzaiolo à Marseille. Elle est enceinte, il fantasme sur la boulangère. Une ode sensuelle hors des mots.
Nénette fait le mur et rejoint son grand frère, Boni, 19 ans, pizzaiolo à Marseille. Elle est enceinte, il fantasme sur la voisine boulangère... et leur vie balance entre le quotidien qui menace et la douce rêverie qui permet de tout aborder avec exaltation. La réalisatrice de "J'ai pas sommeil" et "Beau travail" signe une ode sensuelle qui exalte sa recherche cinématographique : hors des mots, une mosaïque de sensations. Le film a été soutenu par l'ACID lors de sa sortie en salle.
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" Résumer le dernier film de Claire Denis, c'est réduire son scénario à une ligne narrative simple alors qu'il est constitué de
" Résumer le dernier film de Claire Denis, c'est réduire son scénario à une ligne narrative simple alors qu'il est constitué de fragments divers, foisonnants, dans lesquels, le plus souvent, importe ce qui est suggéré, non ce qui est dit.
Confrontations tendues entre les personnages ou moments fugaces d'émotion, l'accent est toujours mis sur ce qui relève du sensible (Boni et Nénette sont tous deux, quoique de façon différente, en manque d'affection, de tendresse, et se sont repliés sur eux-mêmes) et plus encore du sensuel (vue, toucher, tissus, peau, pâte à pain…). Aucune explication, aucune donnée psychologique ne vient éclairer de l'extérieur les relations entre les personnages. Les comportements (Nénette à l'hôpital), les gestes (M. Luminaire s'agenouillant), les regards (Boni face à la boulangère) sont les seuls éléments que la mise en scène met en valeur, parfois (dernière scène du film notamment) à l'aide d'un gros plan.
L'ensemble s'organise à la fois autour d'un mélange sans solution de continuité entre le réel et le rêve (fantasmes de Boni) et autour de la bande musicale qui “annonce” certaines scènes et leur donne un rythme spécifique. Bien évidemment, Nénette et Boni est à l'opposé des "films-dossiers" chers à la télévision (pour Arte, US Go home, en 1994, avec - déjà - Grégoire Colin et Alice Houri, n'avait rien d'un téléfilm classique) et pourtant les problèmes de ce temps sont bel et bien présents à l'écran. Famille, société : Nénette et Boni sont dans leurs marges. En cela, ils sont ordinaires. Une fois de plus, Claire Denis s'attache à montrer ce qu'il y a derrière une réalité d'apparence banale. Filmant Nénette et Boni avec respect, avec amour, elle révèle ce qu’ils sont au profond d'eux mêmes et quels échanges mystérieux, intimes, peuvent être les leurs. "
" Fluide et solide. Abstraite et concrète. Etrange expérience de cinéma comme on parle d'expérience en chimie ou en physique que celle
" Fluide et solide. Abstraite et concrète. Etrange expérience de cinéma comme on parle d'expérience en chimie ou en physique que celle de Nénette et Boni.
Un univers où l'on suit moins une action que l'on ne découvre des réactions, des combinaisons, des transformations : une jeune fille fend l'eau d'une piscine ; une cafetière crachote le breuvage matinal ; un homme pétrit de la pâte à pizza. On est bien ici dans un cinéma de substances et de sensations. Claire Denis a toujours préféré décrire des états, exacerber des perceptions que raconter une histoire (...)
Dans Nénette et Boni, on oscille souvent entre le rêve, le fantasme et la réalité, sans que les frontières ne soient clairement balisées. On dérive sur des crêtes violentes, porté par un rythme fascinant, très musical, car Claire Denis privilégie toujours la matière au sens, les bruits et les couleurs (dominantes bleu et gris) à la psychologie. Même son regard sur Marseille est insolite, aux antipodes du pittoresque de carte postale. Pas d'ambiance chaude et sensuelle ni de décor bigarré (comme dans Bye-bye, de Dridi, par exemple).
On a presque l'impression de traverser une ville du Nord. Pourtant, on sent aussi le pouls de Marseille, la mer proche, la circulation du vent, des trafics de toutes sortes. Claire Denis (...) a un véritable talent pour faire vivre les lieux et les personnages de manière physique et charnelle. Elle façonne ses plans comme un sculpteur. Au final, elle nous offre un film qui a du corps."
"... une sorte de portrait cubiste de la ville de Marseille où l'on croise personnages truculents, petits trafiquants ou boulangers sortis d
"Marseille jamais filmée comme un décor, mais dont la présence dans le cadre raconte beaucoup de la nonchalance de Boni et de ses amis, et
"Marseille jamais filmée comme un décor, mais dont la présence dans le cadre raconte beaucoup de la nonchalance de Boni et de ses amis, et sur la beauté des boulangères. La présence de Marseille rajoute de la force et de la véracité à cette histoire, filmée par un regard tendu et généreux."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
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