Marion Hansel : "Il est important de parler de ce qui touche la société"
Avec Noir Océan (2009), la réalisatrice Marion Hansel plonge dans l'univers de la marine militaire française1
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Trois jeunes garçons embarquent à bord d’un navire de la Marine en 1972, dont la mission est de sécuriser la zone où se déroulent des essais nucléaires.
1972. Massina embarque sur un bateau de l’armée française dont la mission est de sécuriser la zone où se déroulent des essais nucléaires. Il tente de se lier à l’ensemble du groupe en participant aux humiliations infligées à un jeune soldat dodu : Da Maggio. Seul l’un de ses camarades s’oppose à ces brimades : Moriaty. Massina s’en rapproche et ensemble, ils apprennent à connaître Da Maggio.
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" Simple, grave, mystérieux, un très beau film tout en suspens, entre le calme de la vie apparente et les tensions secrètes des adolescents.
" Hasard du calendrier : à l’heure où le nucléaire et ses dangers nous sautent à la figure avec le Japon, Noir océan aborde de façon tout à
" Hasard du calendrier : à l’heure où le nucléaire et ses dangers nous sautent à la figure avec le Japon, Noir océan aborde de façon tout à fait particulière et sensible le sujet des essais nucléaires français opérés de 1960 à 1996. Deux cent dix au total, cinquante atmosphériques et soixante souterrains, concernant plus de cent cinquante mille personnes y ayant participé plus ou moins directement. Parmi eux, beaucoup d’appelés du contingent comme les trois jeunes personnages principaux dont nous suivons ici le quotidien sur quelques jours, à bord d’un bâtiment de la Marine nationale, en 1972 dans le Pacifique à Mururoa.
Le film n’est pas un docu-fiction sur les essais dans le Pacifique, car des essais on ne voit quasiment rien, mais il prend le sujet de côté, en décrivant le quotidien de ces trois garçons tout juste sortis de l’adolescence et confrontés à une discipline faite d’intransigeance, à la difficulté de s’intégrer à un groupe, au quotidien fait de tâches répétitives et peu passionnantes, à l’isolement et la solitude mentale qui sont la leur. Ce sont tous les petits événements qui donnent les clés et ouvrent leur âme au spectateur : un courrier qui n’est pas arrivé, les quarts de nuit qui n’en finissent pas, l’attachement à un chien, les joutes physiques et verbales entre militaires, les silences et les secrets qui entourent la véritable raison de leur présence à Mururoa. Le malaise et les doutes pour ceux qui se posent les bonnes questions affleurent plus nettement après la séquence de la bombe explosant en mer. Le film ne donne pas de réponse sur la vérité connue ou non quant aux conséquences des essais nucléaires. On espère profondément que les auteurs en ignoraient vraiment les effets au vu du manque de précautions prises sur le navire par les militaires.
Le scénario est adapté de deux nouvelles du recueil Océan Pacifique d’Hubert Mingarelli, engagé très jeune dans la Marine et qui vécut ces moments à un âge équivalent sur « La Rance ». Avec un côté ‘Ô temps, suspends ton vol’, qui pourra rebuter certains spectateurs mais assumé par la réalisatrice, Noir océan installe de vrais moments d’intimité et d’émotion en distillant les moments de grande solitude, la fragilité, le besoin d’amour commun aux trois jeunes gens (interprétés par trois comédiens attachants) dont on sait très peu mais devine rapidement qu’ils viennent d’horizons différents. Chacun tente d’exprimer son mal-être et aussi son espoir de trouver un sens à sa vie et croire en un monde pas si moche, malgré ce qu’il vit dans sa parenthèse militaire. ‘Alors j’ai pleuré sur toutes les mères qui ignorent combien nous souffrons’ dit l’un des héros dans un récit écrit de Mingarelli. Dont acte. "
" C'est à la fois le portrait d'un monde, celui de la marine, avec son langage, ses codes, sa brutalité, et le récit de la perte des dernièr
" C'est à la fois le portrait d'un monde, celui de la marine, avec son langage, ses codes, sa brutalité, et le récit de la perte des dernières innocences. Pour son dixième film, Marion Hänsel écoute et observe. Puis elle couvre son film d'un voile d'inquiétude lorsque, passé l'hypnotisante image du champignon nucléaire, on imagine, en voyant ces mômes se baigner, quelle vie fragile les attend. "
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