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Joaquin, un homme à la vie simple, est injustement emprisonné pour meurtre alors que le véritable assassin, Fabian issu d'une famille aisée, court toujours...
Dans le nord des Philippines, Fabian, étudiant en droit, issu d'une famille aisée, n'est pas vraiment entré dans sa vie d'adulte. Au cours d'une altercation, il tue Magda, une prêteuse sur gages, devant les yeux de sa fille adolescente. Pourtant, Joaquim, un client de Magda, est accusé à sa place et aussitôt arrêté. Alors que Fabian circule en toute liberté, Joaquim, un homme modeste, marié à Eliza et père de deux enfants, croupit en prison...
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" C'est Dostoïevski aux Philippines... Fabian, étudiant en droit, en a marre de son pays qui refuse le passé. E
" C'est Dostoïevski aux Philippines... Fabian, étudiant en droit, en a marre de son pays qui refuse le passé. Et de ce monde de gnomes qui ne croient plus en rien, sinon au mondialisme. Devant ses deux profs médusés — un vieux beau et une transsexuelle —, il déplore la mort de la vérité et du sens, prône la destruction des origines, la victoire de l'instinct sur l'intellect et le devoir d'abattre tout ce qui est faux... Un jour, tel un Raskolnikov du xxie siècle il tue une usurière et sa fille. La police accuse et incarcère un jeune homme pauvre, Joaquin : quelques heures auparavant, il avait agressé la vieille dame en tentant de récupérer une bague mise en gage par son épouse. Son crime ne soulage pas Fabian : Lav Diaz le montre longuement, visage dévasté, émergeant des ténèbres. Le jeune homme fuit, ne cesse de fuir, alors que nul ne le poursuit, au point de s'enfermer dans une chambre entourée de barreaux, comme une prison morale. Dans sa cellule — vraie, celle-là —, Joaquin, lui, progresse, en dépit des insultes, des brimades et des coups, vers une sainteté inattendue...
Ces deux parcours parallèles pourraient paraître légèrement prévisibles si le réalisateur ne filmait pas, avec la même subtilité et la même ferveur, un troisième personnage : la femme du prisonnier, Eliza. Contrainte de survivre avec ses deux enfants, elle rappelle les belles figures lyriques du grand cinéma philippin des années 1970 (Insiang, de Lino Brocka), entre mélo et tragédie. Dans un magnifique plan nocturne, on la devine au loin pleurant et s'excusant face à une confidente. S'excuser d'avoir pu, un instant, douter de la vie. Au point d'avoir songé, un instant, à tuer ses enfants...
Les films de Lav Diaz, encore peu connus chez nous, durent longtemps. Plus de quatre heures dans le cas de Norte. Où, comme dans les romans russes, on sent le temps — et l'espace — prendre lentement le pouvoir, s'emparer des personnages et les conduire insensiblement vers leur destin. Un destin pas forcément idyllique, puisque chez ce cinéaste contestataire, mais lucide, les mauvais sont punis, sans que les bons soient forcément récompensés. C'est, d'ailleurs, parce que ses personnages ne maîtrisent rien, jamais, qu'il les contemple avec une telle douceur, une telle bienveillance."
" On entre toujours avec un plaisir particulier dans un film de cette durée hors norme auxquelles Lav Diaz est habitué.
" On entre toujours avec un plaisir particulier dans un film de cette durée hors norme auxquelles Lav Diaz est habitué. On prend le temps de s’y glisser doucement, d’y trouver ses repères. Si les quatre heures de Norte, la fin de l’histoire rendent son exploitation presque impossible dans le pays du cinéaste, elles se justifient par l’ambition de raconter pas moins que l’Histoire de ce pays, à travers l’allégorie de deux familles dont l’une part, et l’autre reste. Avant de laisser le spectateur se couler dans les longs plans larges où l’œil pourra se balader dans de vastes paysages, le film nous installe au café et nous fait prendre part à une discussion entre amis. Fabian, étudiant en droit doué ayant abandonné ses études, est entouré de ses deux professeurs (dont l’une est la productrice du film Moira Lang) et disserte sur les limites du mensonge et de la justice. Comme un chœur antique, le débat auquel se livre le trio aborde d’un point de vue théorique ce que l’action prendra en charge dans les actes suivants. Si Fabian s’interroge sur le Bien et le Mal, c’est qu’il s’apprête à mettre en pratique la transgression de ces pures Idées. Après un premier pas de côté sur le bon chemin des études de droit, ce petit neveu de Raskolnikov va emprunter toutes les bifurcations possibles aux lisières de la morale et fouler au pied un à un les tabous de la société.
Des cris de détresse qui viennent de la rue interrompent la conversation de Fabian et de ses mentors. Une femme git sur le trottoir, on appelle une ambulance pour lui venir en aide, mais il est déjà trop tard. C’est bien ce « déjà trop tard » qui travaille tout le film. Dans la relation amoureuse de Fabian avec la copine d’un de ses camarades, ce n’est pas la romance qui intéresse Lav Diaz, mais les effets de la trahison sur l’amitié. De même, Fabian est déjà, au début du récit, tenu à la gorge par une dette impossible à rembourser et le film va s’employer à décliner les manières dont ce passif financier va l’asphyxier. Pour le pire, il croise le destin de Joaquin chez son usurière, dragon cruel qui les humilie et les terrorise tous deux. La ressemblance du personnage féminin sans cœur avec Aliona Ivanovna qui exerce la même infâme profession dans Crime et châtiment de Dostoievski amène le film sur la fausse piste des ravages de la culpabilité sur la conscience. Mais l’usurière va davantage servir de point de contact autant que de point d’opposition entre les deux hommes aux passés antagonistes. Fabian est le dernier représentant d’une famille éclatée aux quatre coins de la planète pour aller chercher l’argent là où il se trouve ; Joaquin, lui, peine à faire manger ses deux enfants avec son misérable salaire. À travers ces deux familles allégoriques, Lav Diaz développe un récit métonymique où seuls deux destins familiaux sont possibles : soit l’histoire de Fabian dont les parents partent à l’étranger pour travailler, abandonnant leurs enfants aux nounous qu’ils ont les moyens de payer, soit celle de Joaquin qui, ayant choisi de rester, voit sa vie enserrée par la misère. Cet internationalisme qui asservit les Philippines se traduit alors par l’usage de l’anglais, langue qui permet à ses citoyens d’échapper à la pauvreté de leur pays, et qui est employée par les classes aisées de sa société. Ainsi, la femme de Joaquin qui ne la maîtrise pas laissera passer la date d’appel du procès de son mari, injustement condamné pour le meurtre de l’usurière, parce qu’elle n’a littéralement pas compris cette information. Face à cette inégalité insurmontable entre les classes, le récit accuse progressivement le contraste entre la victimisation de Joaquin et le déchaînement de puissance et violence auquel Fabian va se livrer dans la dernière heure du film. L’inévitable cruauté du dernier acte était annoncée déjà dans les râles de la femme anonyme sur le trottoir dans la première séquence, et il faut bien ces quatre heures de films pour faire passer le spectateur du discours théorique au passage à l’acte, du calme à la tempête. On imagine mal comment ce récit peut s’accommoder d’un montage de 2h30 comme Lav Diaz a consenti à le faire pour permettre une exploitation un peu plus large de son film, tant cette incroyable épopée s’appuie une confiance de la mise en scène de la durée et parvient à donner au spectateur occidental le sentiment d’avoir ressenti à travers ces deux familles, le destin de tout un pays."
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