
Nicolas Humbert, cinéaste du présent éternel
VIDEO | 2016, 2' | Nicolas Humbert était l'invité du 36è Festival d'Amiens pour présenter le culte Step Across the1
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Un couple en fuite... et Godard semble réinventer le cinéma. Faux polar, vrai poème, bleu et rouge, où la mer redevient mythique et les humains des dieux.
Ferdinand vient de perdre son travail. Il décide de refaire sa vie avec Marianne, une jeune étudiante qu'il a jadis aimée. Marianne commence par lui annoncer qu'il faut se débarrasser du cadavre qui se trouve dans la pièce à côté, un trafiquant à mi-chemin entre la politique et le gangstérisme... Avec un polar comme scénario, Godard semble réinventer le cinéma. Poème bleu et rouge où la mer redevient mythique et les humains des dieux.
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" ... Une nouvelle expression cinématographique se dessine qui exige un regard neuf de la part du spectateur, ainsi qu’une démarche critique débarrassée de certaines valeurs trop vite érigées en critères de qualité. Faute de quoi on risque de condamner hâtivement et sans les comprendre des œuvres qui sont en train d’ouvrir la voie à un cinéma d’auteur ou, si le terme paraît équivoque, un Cinéma-Intérieur, à la fois expression et élément de l’existence profonde de l'auteur.
Les citations de Godard, par exemple, qui irritent certains, sont loin d’être un étalage présomptueux de sa culture. Leur fonction, comme l’a si bien définit Aragon, est celle des « collages ». Un titre de journal dans un collage de Picasso, cesse d’être un titre de journal pour devenir un élément significatif participant au pouvoir d’expression de l’œuvre finale. Je n’en veux pour exemple que la séquence dans la voiture, au début du voyage qu’entreprennent Pierrot (ou Ferdinand) et Marianne : les deux points lumineux qui parcourent sans cesse le pare-brise, sont sans doute agaçants si on n’y voit qu’un élément bizarre et gratuit.
Mais, outre qu’ils peuvent être admis comme une transposition de l’impression produite par le défilement continuel des néons agressifs de nos villes, ils renvoient sans équivoque à une autre œuvre de Godard, Alphaville ; ils sont une « citation » de la fuite de Natacha et Lemmy loin d’Alphaville. Dès lors, la référence est claire : le Paris que quittent Pierrot et Marianne est déjà Alphaville. Et la séquence qui précède (la réunion mondaine où la conversation n’est faite que des slogans publicitaires) est le commencement de la société d’Alphaville dont la disparition du langage caractérise l’inhumanité.
Ce qui dans Alphaville était hypothétique, par le contexte de science-fiction, est le début d’une réalité dans Pierrot. Deux points lumineux suffisent à suggérer toute une réflexion sur notre société et évitent d’imposer au spectateur une démonstration qui ferait fi de sa liberté. La citation est devenue un élément expressif dans la dénonciation d’un monde que Godard met en accusation.
Cinéma fermé ? Cinéma réservé à un petit groupe d’initiés? Non. Cinéma qui cherche à créer son langage propre et à justifier son qualificatif de « 7e art ». Cinéma qui exige une éducation du regard et une mise en question des critères admis par une partie de la critique qui a pensé, établi et figé son échelle des valeurs une fois pour toutes."
" Comme dirait Marianne Renoir : faut être complètement con pour trouver ça mystérieux. Le détail de
" Comme dirait Marianne Renoir : faut être complètement con pour trouver ça mystérieux. Le détail de la péripétie; l'agencement du trafic d'armes, de quel côté travaille cet affreux-là; pour qui cet affreux-ci; ce que Marianne mijote dans sa petite tête (le sait-elle elle-même ?) - aucune importance ; Godard n'écrit pas un roman policier.
Tout cela est parfaitement clair au demeurant. Ce qui compte, c'est que la bataille, l'amour, la haine, l'action, la violence, la mort, au-delà de leurs accidents particuliers (...) composent une émotion en laquelle Godard, par la bouche de Sam Fuller, voit l'essence du cinéma. Une chaleur proprement vitale. Pierrot le fou, c'est par la couleur et le mouvement, la desciption visuelle de cette émotion essentielle (...)
Je ne sais si Godard aime Virginia Woolf et je m'en moque. Mais, incurablement littéraire, en cet admirable film, tendre et cruel, terrible et drôle, où chante surtout ce qui existe "entre les actes" et compose le tissu même de la vie, j'applaudis en m'emerveillant un film prodondément woolfien (...)
Au vrai, j'ai toujours l'impression que, dans chacun de ses films, Godard fourre tout ce qui l'a frappé depuis qu'il a tourné le précédent. Ce qu'il aime et ce qu'il déteste. Si bien que chacun de ses films s'enrichit d'un reflet de l'actualité sous toutes ses formes - Devos et la Guerre du Vietnam- et que ce présent-là, qui est la présence des autres, participe du tissu de la vie (...)
Aidé de Coutard, jamais Godard n'a regardé avec plus d'attention, plus d'émotion, des fleurs, des arbres, le ciel, le sable et surtout la mer. L'oeil du peintre. Et l'accord se révèle si intime entre cette nature et les personnages qu'il semble normal, par exemple, de voir ces deux hors-la-loi marcher dans l'eau avec le plus grand naturel. Ce n'est pas drôle, cela va de soi. Comme va de soi, en dépit du désespoir final, la fabuleuse joie de vivre qui fait flamber la folie de Pierrot. Flamber à mort. Et il me plait que Pierrot se barbouille de bleu comme un sauvage, comme un fou - du bleu de la mer et du bleu du ciel, lui qu'angoisse et terrifie la couleur rouge du sang, et qu'il choisisse pour sa mort de se transformer lui-même en bouquet terminal de feu d'artifice, ce qui est sa façon de se volatiliser, de regagner la Lune complaisante aux poètes et aux fous, satellite -le sait-on assez ?- de cette merveilleuse planète, la Terre, que les hommes rendent invivables.
Tout est dit, et avec cette inimitable liberté qui est celle de Godard et qui est la marque de l'artiste en pleine possession de ses moyens. Tout est dit cette fois encore et il reste la mer - comme à la fin du Mépris. La même mer, celle de Valéry :
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux."
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