Cannes 2013 — Jane Campion : "J'étais terrifiée par les acteurs"
VIDEO | 2013, 10' | Succédant à Moretti, Cronenberg, Varda ou encore Bilge Ceylan, Jane Campion (seule femme palmé1
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Sweetie, rondouillarde et débordante de vie, débarque chez sa soeur aînée et bouscule son quotidien avec son tempérament volcanique.
L’aînée Kay est aussi maigre et prisonnière de ses phobies que sa sœur Sweetie est rondouillarde et débordante de vie. Une énième crise familiale incite la plus jeune à venir vivre chez son ainée. Son tempérament volcanique et sa personnalité envahissante va venir bousculer le quotidien étouffant que mène Kay avec son compagnon…
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" Sweetie (…) C'est une tornade, une pique-assiette, une punkette obèse, vulgaire, débraillée, à la sensualité vorace et aux appétits monst
" Sweetie (…) C'est une tornade, une pique-assiette, une punkette obèse, vulgaire, débraillée, à la sensualité vorace et aux appétits monstrueux. Une image de vie sans tabous, sans complexes. Une image qui dérange. L'héroïne du film, ce n'est pas Sweetie. C'est une belle brune paralysée par les superstitions. Une proie pour le puritanisme. Elle s'appelle Kay. Elle est figée, renfermée dans un coin, pendant que ses copines apprennent à embrasser les garçons. (…) Kay a peur de tout : de la vie, de l'amour, de la croissance. Elle a peur des arbres, parce qu'ils représentent l'endurance, la fidélité, ces valeurs auxquelles elle ne se croit pas apte. Elle a peur de Sweetie, qui vient s'installer chez elle sans y être invitée avec un junkie famélique, déglingué.
Parce que Sweetie incarne une forme de vitalité sauvage, une sève dévastatrice : son antithèse. Elle en a peur aussi parce que c'est sa sœur, une rivale encombrante qui sombre peu à peu dans la folie en puisant sans fin chez les autres par soif de tendresse. Sweetie vampirise l'énergie de ses proches. Pour Kay, enfin, Sweetie est l'image du cauchemar ressurgi d'une forêt de secrets enfouis. D'histoires de famille.
(…) D'emblée, Jane Campion, jeune cinéaste néo-zélandaise, impose son regard. Un œil de photographe, d'abord, sens inouï du cadrage, avec des images où semble happée l'essence de la vie sans que rien ne soit laissé au hasard. Œil de peintre, œil de poète : Jane Campion campe froidement ses personnages, en fonction de la géométrie des paysages. Mais à ces plans rapides, tranchants, cliniques, elle joint une touche de douleur, pudiquement suggérée. Et des couleurs : celles des rêves.
Un premier constat s'impose : celui d'une complicité. Ce qui sourd de ces images que certains diront trop maniéristes, trop joliment composées, c'est une compréhension aiguë des petits drames, des petites choses qui rongent imperceptiblement les êtres. Le monde de Jane Campion ressemble à celui des écrivains du Sud des Etats-Unis : passé obscur, souvenirs peu avouables, blessures secrètes. Elle filme des lignes de fuite, la craquelure d'un plafond, le sol lézardé d'un jardin, mais surtout ce qu'elle semble avoir bien connu : l'insidieux ravage chez une âme fragile, innocente, d'une incompréhension parentale, d'une injustice inavouée."
Lors de la présentation de Sweetie, à Cannes, les réactions avaient été très diverses : admiration passionnée ou critique méprisante. Il es
Lors de la présentation de Sweetie, à Cannes, les réactions avaient été très diverses : admiration passionnée ou critique méprisante. Il est vrai que, comme les films précédents de Jane Campion, réalisatrice australienne de 34 ans, ce film est une œuvre rigoureuse qui n'est jamais complaisante. En 1986, à Cannes, Peel (Peau) obtenait la Palme d'or du Court métrage. Et, «Un certain regard» proposait deux autres courts métrages — Passionless Moments (Etats neutres) et A Girl's Own Story (Histoire d'une jeune fille) et son vrai premier long métrage : Two Friends (Deux amies). Il semble que ceux qui intégrèrent Sweetie dans la compétition pour la Caméra d’or en 1989, l'avaient oublié. A l'époque, j'avais conclu ainsi : « Jane Campion se présente incontestablement comme une créatrice d'un cinéma du réel qui nous donnerait à vivre de L'irréel. A suivre... » (Cinéma n° 355-256).
Je ne renie rien ; ces mots pourraient parfaitement s'appliquer à son dernier film, Sweetie. Bien sûr, contrairement à Two Friends, Sweetie n'est pas une réalité documentaire transformée en fiction romanesque ; mais, au contraire, c'est une fiction narrative qui témoigne d'une réalité psychologique.
Une famille bizarre dérangée. Kay a des souvenirs d'arbres. Une collègue de bureau se fiance à un beau brun qui, au front, porte une mèche sur un grain de beauté (une forme de point d'interrogation). Il n'en faut pas plus : Kay, selon une voyante, doit rencontrer un homme marqué de ce signe particulier. Elle se donne, elle l'enlève, elle l'épouse...
Quelques mois plus tard, ils habitent une maisonnette. Louis, l'époux, plante un sureau malingre qu’elle arrache en cachette. Elle décide aussi de faire chambre à part...Débarque dans ce monde feutré et frustré, Sweetie, la sœur obèse, braillarde bombe sexuelle, maquillée comme un arbre de Noël. A ses côtés, un gigolo qui se prétend producteur, toujours dans les vapes...
Vous n'en saurez pas plus. Mais la galerie de portraits est haute en couleurs, et les séquences se suivent bordéliques, délirantes et surprenantes... Mais, par contre, c'est filmé avec une rare exigence, des cadrages soignés et une efficacité remarquable. A noter que l'image est signée Sally Bongers, une directrice de la photo âgée de 29 ans. Equipe jeune et enthousiaste qui, sur un sujet très élaboré, privilégie le spontané, le vibrant, la vie. Helen Garner, la coscénariste de Two Friends, dit de Jane Campion : «Si elle exige du spectateur un effort, son secret est de faire de cet effort, un plaisir» (Première n° 146). Partagerez-vous ce délicat plaisir?... N'hésitez pas à nous le faire savoir, car il est aussi évident que ce film déplaira à beaucoup. Il dérange et ne laisse personne indifférent.
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