"Il faut voir le film de Lanzmann comme une œuvre de cinéma, pas comme simple prétexte à un enchaînement de débats difficiles à dénouer. Comprendre les logiques profondes qui travaillent la filmo lanzmannienne. Après Shoah, film épique sur la mise à mort des Juifs sans défense, Tsahal, autre épopée sur la machine de défense de l’Etat d’Israël. Lien entre les deux films, ces tatouages de déportés gravés sur le bras de certains des officiers questionnés par le cinéaste. Sujets en miroir, mais même pensée-cinéma en action. Comme Shoah, Tsahal est une fresque humaine, une mosaïque de portraits, de destins, de paroles. Dans Shoah, la parole au présent évoquant les atrocités passées se dépose sur les lieux du passé filmés au présent. Effet de montage qui unifie le temps et déclenche l’imaginaire, la réflexion, la prise de conscience aiguë du spectateur.
Ici, extraordinaires séquences filmées en avion, qui permettent de mesurer concrètement l’exiguïté du territoire israélien, son manque de profondeur stratégique. Il y a un contraste saisissant entre la fragilité topographique d’Israël et la puissance de son armée. Comme toujours chez Lanzmann, on retrouve cette articulation triangulaire entre les hommes, leur parole, les lieux saisis avec une précision de géographe, et un montage qui avance en crabe. Il y a aussi ces longues séquences sur les Palestiniens faisant la queue aux divers barrages et postes-frontières, comme un contrechamp critique à l’empathie du cinéaste pour son sujet. A mille lieues du tract de propagande que pourrait laisser accroire son titre, Tsahal est, comme tout film de Lanzmann, un lieu de questionnement, d’approfondissement et de pensée."
Serge Kaganski
gros problème dans les sous titrages de ce film qui de ce fait est difficile à regarder.
brigeal au sujet de
Tsahal - partie 1