
La Playlist UniversCiné de Davy Chou
VIDEO | 2016, 12' | Le réalisateur du Sommeil d'Or et de Diamond Island vous recommande six films (et filmographie1
Page d'accueil
Catalogue
Nouveautés
KIDS
Courts
Séries
Fenyang, petite ville de Chine, en 1997. Xiao Wu, pickpocket, exerce son métier dans les bus et dans la rue.
Fenyang, petite ville de Chine, en 1997. Xiao Wu, pickpocket, exerce son métier dans les bus et dans la rue. Ses activités ne sont un secret pour personne, et quand le gouvernement lance une sévère campagne contre la délinquance, un petit commerçant receleur et un policier du quartier le supplient de regagner le droit chemin sans tarder. Muni de l'argent qu'il a récemment "collecté", Xiao Wu offre un cadeau de mariage à son riche ami Xiao Yong, qui a bâti sa fortune sur le trafic de cigarettes. Peu après, dans un bar karaoké, il s'éprend d'une entraîneuse, Mei Mei. Timide, il la suit partout mais n'ose lui déclarer sa flamme...
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" (...) Par le biais de ce regard sans illusions, Jia Zhang Ke saisit une Chine ordinaire et inconnue, que ne montrent plus jamais Zhang Yi
" (...) Par le biais de ce regard sans illusions, Jia Zhang Ke saisit une Chine ordinaire et inconnue, que ne montrent plus jamais Zhang Yimou ou Chen Kaige. C’est l’aspect documentaire du film. Jia Zhang Ke dépeint les conséquences de l’arrivée progressive des réformes économiques et des nouvelles technologies sur une petite ville de province et pointe les trafics de téléviseurs et l’omniprésence de la télévision locale comme les nouveaux maux d’une société en pleine mutation culturelle. Il montre ainsi l’abîme qui se creuse entre les pratiques du marché et la survivance mélancolique des anciennes valeurs chinoises, et le désarroi qui en découle (...).
Ne serait-ce que pour cette percée brute de décoffrage en Chine profonde, Xiao Wu serait déjà un film passionnant. Mais il est bien plus que cela, un grand film vibrant. Parce que comme son idole Hou Hsiao-hsien, Jia Zhang Ke s’y affirme comme un maître du temps. Que la caméra soit portée à la poursuite de Xiao Wu dans les venelles de Fenyang, ou qu’elle s’immobilise en un très long plan-séquence pour traquer le moment crucial du boy meets girl (une entraîneuse de bar-karaoké prénommée Mei Mei), elle restitue un temps douloureusement immobile qu’un homme-machine à vivre s’acharne à sentir passer pour se persuader qu’il s’écoule, alors que rien ne change jamais, alors que rien ne bouge vraiment (...).
En découvrant les films d’Antonioni, Jia Zhang Ke a compris que les temps dits morts pouvaient être les plus féconds, les plus chargés de mystère et d’espérance, à condition de savoir ordonner et préparer le surgissement de l’aléatoire. Les scènes avec Mei Mei sont déchirantes parce qu’un temps suspendu, épais de tension sexuelle et de rétention sentimentale, vient se substituer au temps immobile de la vie du dehors. C’est enfin un temps privatif. Seuls dans la chambre de la jeune fille, ou en promenade dans un espace public soudain habitable, le faux dur vrai timide et la semi-prostituée sentimentale qui rêve de faire du cinéma se flairent sans oser rien se dire et se touchent à peine. N’empêche que leur rencontre a eu lieu, qu’elle est venue trouer l’uniformité du quotidien et les a fait accéder au rêve, serait-il frelaté, car formaté sur le modèle des ritournelles sentimentales pour karaoké.
En créant une ambiance sonore faite du fracas des rues ou de son écho amorti dans les scènes d’intérieur, Jia Zhang Ke enserre encore un peu plus ses personnages dans un espace-temps qui se referme comme un piège. Jusqu’à ce que le malheureux Xiao Wu soit vraiment arrêté et livré aux regards désapprobateurs de ses concitoyens, attaché sur un bout de trottoir, seul contre tous et parvenant encore à les défier par sa prodigieuse capacité d’absence, "je ne suis pas là, je ne suis pas comme vous".
D’une âpreté à la fois sophistiquée et grinçante, le film recèle un nombre suffisant de dérapages troublants pour échapper définitivement à tout naturalisme sans rien perdre de son aspect rugueux. On retiendra la séquence du bain public où Xiao Wu, seul et nu, semble menacé par un mur et un plafond en décomposition qui forment un gigantesque champignon de moisissure lépreuse. "C’est une touche de surréalisme. On atteint le surréalisme par le réel. J’aime quand il peut y avoir basculement entre les deux, quand il n’y a pas de faille entre les deux." De ce point de vue, Jia Zhang Ke paraît proche de ce Nouveau Cinéma des années 60 (...), dont les chefs de file s’appelaient Skolimowski ou Bellocchio. Comme eux, il est revenu sur ses pas pour capter ses années d’espoir et de terreur. C’est splendide. "
" Dans ce deuxième long métrage (après Xiao Shan rentre à la maison), tourné en 1997 dans la ville de Fenyang où il avait grandi, Jia Zhang-
" Dans ce deuxième long métrage (après Xiao Shan rentre à la maison), tourné en 1997 dans la ville de Fenyang où il avait grandi, Jia Zhang-ke parvenait à capter, entre fiction et documentaire, les profonds bouleversements qui étaient en train d’affecter la société chinoise. On perçoit bien en effet dans le film combien cette société conserve d’un côté certaines structures rigides et en apparence immuables : les lois de la famille (l’épisode du retour au village), l’omniprésence de l’appareil policier (l’officier très paternaliste), la quasi absence de distinction entre la sphère privée et l’espace public (les hauts parleurs qui diffusent en permanence la radio dans les rues, l’équipe de la télé locale sans cesse en train d’interroger les passants, les arpenteurs qui mesurent la boutique destinée à la destruction et dont l’arrivée ne semble avoir aucune incidence sur la scène qui a commencé sans eux), mais vit en même temps une inversion des valeurs telle que ce qui était impensable hier devient la norme du jour au lendemain et qu’un clivage s’opère entre ceux qui s’adaptent (l’ancien complice du héros, Xiaoyong, devenu homme d’affaires à succès et qui oublie d’inviter Xiao Wu à son mariage) et ceux, les artisans attachés à leur mode d’être ancien, qui ne savent pas se fondre dans le nouvel air du temps (...).
Cet artisan pickpocket, héritier de celui du film de Bresson dont la découverte provoqua chez Jia un choc révélateur, reste en effet un corps étranger, incapable de trouver sa place dans un environnement dont les repères sont en train de disparaître et qu’il arpente pourtant avec une grâce de danseur. L’extraordinaire concentration détachée de l’acteur non professionnel Wang Hong-Wei, qui ne cherche à aucun moment à susciter la sympathie du spectateur, éloigne tout risque de commisération ou de psychologie facile et donne au personnage un côté à la fois désemparé et obstiné qui finit par le rendre très émouvant.
Car le détachement, la distance ne sont pas ici synonyme d’indifférence ou de froideur : l’émotion est là, jamais forcée, mais comme portée par de feintes maladresses, des effractions délibérées aux règles communément en vigueur dans le cinéma de qualité, en Chine et ailleurs. Mais il y aussi dans ce film un véritable art de la composition musicale et de la progression imperceptible. Jia, laissant une large place à l’improvisation (mais dans un cadre fixé par un travail préparatoire très précis), sait comme personne installer (et combler) une attente en saisissant au vol ce qui passe dans le champ : le cycliste qui avance face à la caméra et que Xiao, sur le trottoir, ne semble pas remarquer mais qu’il rattrape au plan suivant ; la patronne qui surgit avec sa bassine d’eau dans le bar à karaoké, révélant ainsi la présence insoupçonnée d’une cour derrière le rideau (...). "
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE