L'Amazonian Dream de Ciro Guerra
VIDEO | 2016, 10' | Comme le fleuve qui serpente lentement pour s'enfoncer dans la jungle dense et mystérieu1
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Des conquistadors en quête de l’Eldorado se perdent dans la jungle d'Amazonie. Folie des hommes qui défient Dieu... Kinski halluciné grandiose et Herzog révélé.
En 1560, une troupe de conquistadors espagnols descend de la montagne à la recherche de l’Eldorado. Mais l’équipée s’enlise dans les marais. Une plus petite expédition est alors constituée. Aguirre, aventurier ambitieux et brutal, manœuvre habilement pour proposer à ses compagnons un nouveau chef, promu solennellement « empereur du Pérou et de l’Eldorado ». Mais l'épopée tourne à la débâcle, dans la folie des hommes qui défient Dieu... Un chef-d’œuvre qui redonna au cinéma allemand des années 70 la première place et révéla l'auteur de "Kaspar Hauser" et "Fitzcarraldo". Klaus Kinski halluciné et grandiose mène le voyage vers une démesure qui répond à l'ambition insensée de la mise en scène.
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" Comment parler d'Aguirre, la colère de Dieu, autrement que de manière négative, par des questions sans r&ea
" Comment parler d'Aguirre, la colère de Dieu, autrement que de manière négative, par des questions sans réponses, désordonnées ? Et cependant la typologie des genres semble devoir " phagocyter " le film : conquête de l'Amérique du Sud par des conquistadors espagnols, film d'aventures. Mais qui sont ces curieux héros ? Pourquoi les Indiens sont-ils invulnérables ou invisibles ou déjà esclaves ? D'autres questions ou contradictions surgissent, ainsi : qu'en est-il de ce narrateur qui participe à l'action, alors que celle-ci rend impossible son récit lui-même ? Aguirre, s'il est un film d'aventures, en est d'un genre très particulier.
Ou alors film fantastique ? Mais nulle hésitation entre le réel et le surréel ne vient troubler le spectateur ou l'un des personnages. Film politique, dont le pouvoir serait la clé ? Mais celui qui conduit l'action, celui par qui le film arrive, Lope de Aguirre, semble bien peu s'y intéresser, dont le rêve, l'ambition, la folie conduisent les soldats espagnols à une mort incomprise, illusion réelle à cent lieues d'une lutte pour le pouvoir et l'or, ce pourquoi ils croyaient — et nous aussi, spectateurs — tant souffrir.
Interrogations encore : quel est cet espace difficilement repérable, pourquoi ces ellipses temporelles indéterminées qui contribuent à troubler le spectateur ? Et que signifient ces curieux dialogues, qui sont plutôt monologues ou dialogues de sourds ? Pourquoi ces regards insistants à la caméra qui, dans ce récit " réaliste ", vont déconcerter le spectateur jusqu'à son fauteuil ? Et ce bateau dans l'arbre, il ne peut y être (fantasme du héros ?), pourtant il y est, alors ?
Faut-il donc en appeler à la subjectivité et se borner à dire : ce film est fascinant, la preuve c'est qu'il m'a fasciné. Mais d'où provient la fascination ? Des images, de la musique, de Klaus Kinski, d'un univers délirant ? "
" Partant d’un épisode historique peu connu ou imaginé, daté de 1560, expédition d’aventuriers
" Partant d’un épisode historique peu connu ou imaginé, daté de 1560, expédition d’aventuriers espagnols vers l’Eldorado, affluant de l’Amazone, Werner Herzog livre, en même temps qu'un poème cinématographique, une réflexion sur les problèmes majeurs de notre temps.
A travers l’ascension irrésistible d’un commandant en second assoiffé de pouvoir et parvenant peu à peu à éliminer ses adversaires d’abord, ses amis ensuite, Herzog propose une description du processus qui mène à la prise de pouvoir avec ce que cela comporte de machiavélisme, de désir de domination et de folie meurtrière.
Dans cette œuvre lyrique, où une musique lancinante reprend interminablement les mêmes motifs, se révèlent tour à tour les rapports entre les " civilisés " d’Occident et les " sauvages " d'Amérique du Sud, la force et le droit, la justice et le pouvoir, les puissants et les faibles. A travers quelques personnages continuellement décrits dans leurs rapports de force se dévoilent peu à peu le fanatisme religieux d'un moine, l’aspiration à la liberté d'un esclave noir, l’appétit de conquête d’un soldat promu " empereur ", la résignation d’un chef de tribu indienne tombé en esclavage. Et lorsqu’à la dernière séquence de ce film prodigieux, on voit Aguirre sur son radeau envahi par les singes, trônant seul parmi les cadavres de ses anciens compagnons et proclamant une volonté folle de mettre en scène l’Histoire comme d’autres mettent en scène des opéras, on reste saisi d’effroi devant un tel dessein et on se dit qu’il n’y a décidément pas de limite à l'appétit de puissance et à la folie du pouvoir.
Admirablement composé et très poétique, ce cinquième long-métrage de W. Herzog devrait enfin faire découvrir l’un des jeunes cinéastes les plus importants d’aujourd’hui. "
" (...) Imaginons cette superbe odyssée, entièrement tournée dans les forêts, les montagnes, les rapides du
" (...) Imaginons cette superbe odyssée, entièrement tournée dans les forêts, les montagnes, les rapides du Pérou, et dont la réalisation a déjà constitué une aventure, cette odyssée qui a l’allure d’une superproduction sans en avoir eu les moyens étrangement habitée d’une rigueur, d’une austérité quasi bressonienne autour de ce conquistador shakespearien... Et en imaginant tout cela, l’on n’aura pourtant qu’une faible idée de la beauté, de l’étonnante personnalité que dégage Aguirre la colère de Dieu, sixième long métrage d’un des très grands auteurs du jeune cinéma allemand, Werner Herzog.
Il est étonnant de voir comment un représentant de ce jeune cinéma européen, que l’on accuse d’intellectualisme et d’esthétisme, s’empare d’une tradition très américaine du cinéma de spectacle et de geste (comme on dit " chanson de ") pour en faire une méditation tout à fait personnelle non seulement, au niveau des thèmes, sur le pouvoir, l’aventure, l'échec, mais tout aussi profondément, au niveau de la forme et des structures, sur le spectacle même, et la vision de l’Histoire et la mise en scène : comme dit Aguirre dans son délire final, " nous mettrons en scène l’Histoire comme d’autres mettent en scène des pièces ".
Il ne faut pas manquer cette œuvre magistrale, qui constitue l’un des plus superbes spectacles que peut nous offrir le cinéma, et marque sans doute la résurrection d’un grand cinéma allemand digne des Murnau et des Lang d’antan. "
" (...) Aguirre, d’abord, est un film d’aventures. Et Werner Herzog réussit à nous passionner sans faire app
" (...) Aguirre, d’abord, est un film d’aventures. Et Werner Herzog réussit à nous passionner sans faire appel à aucune des ficelles habituellement utilisées. L’espace, le fleuve, les Indiens, les conquérants, le suspense sont bien là ; mais Aguirre est tout sauf un film hollywoodien. Plus qu’à Douglas Fairbanks et Errol Flynn, c’est au Rimbaud du Bateau ivre et au Ruy Guerra des Dieux et les Morts qu’il fait penser. Werner Herzog s’est d’ailleurs adjugé les services de Ruy Guerra comme comédien, et cela accentue sans doute l'air de famille que nous retrouvons entre ce munichois et ce brésilien né au Mozambique.
Mais tout en se laissant enivrer par la beauté et le mystère de ces images fascinantes, on peut percer, peut-être, le secret de cette fausse chronique mettant en scène des personnages qui ont bel et bien existé à l’époque où se déroule le film. Aguirre, c’est un appel à la communication. L’égoïsme des conquérants, l’ambition et la solitude du chef fou et sadique qui défie la couronne espagnole, le silence inébranlable d'Ursua en sont témoins. Comme le silence mortel de cette forêt qui se fait ennemie parce qu'on le craint et qu'on la regarde de loin, en ennemie.
C'est aussi l'histoire d'un échec. Film désespéré dans lequel la défaite est inscrite dès les premières images et les premières mesures d'une musique pathétique et irréelle, Aguirre fait venir à la bouche le goût amer de ce quasi-suicide, de cette poursuite mécanique de la mort. De même que le soldat de son premier film, Signes de vie, l'aventurier chimérique d'Aguirre s'enfonce lentement dans la folie, et Herzog le filme tel un insecte perdu entre le soleil et les planches du cercueil. Au fond, comme si la vie était un vaste théâtre et que nous y jouions à combattre des moulins à vent, à chercher un idéal qui n’existe pas, à rêver de bateaux perchés en haut des arbres... Le premier plan du film remet les don Quichotte que nous sommes à leur place, s’il en était besoin : ces hommes bardés de fer qui semblent descendre des nuages s’en vont patauger dans la boue d’un marais fétide et un vaste panoramique nous amène du ciel à la terre, c’est-à-dire de l’espoir et de la vie, à l’anonymat et à la tombe.
" Un trône ? Ce n'est jamais qu'une planche, avec un peu de velours ", lance Aguirre. Et lui, le révolté, qui voulait aller toujours plus loin, finira seul entouré de singes : les sujets de son nouveau royaume.
Ce film magnifique et divertissant est-il, ou non, le reflet d’une âme marquée par le romantisme allemand ? Herzog le nie, mais le goût de la dérision de son héros, le bruissement des arbres, les rumeurs de la rivière, les murmures de la terre qui semblent prolonger la vie lie cet homme à l’écoute de sa liberté sembleraient bien prouver le contraire."
" C’est ici qu'il faut regarder de près les intentions d'Aguirre et sa vraie personnalité, il n’est
" C’est ici qu'il faut regarder de près les intentions d'Aguirre et sa vraie personnalité, il n’est aucunement obsédé par l’or et n’a que mépris pour les assoiffés de ce métal : Il utilise leur passion, c’est tout. Pour lui, l’Eldorado, c’est autre chose que de l’or, autre chose que le pillage des contrées découvertes — il le dit à la fin du film.Ce qui intéresse Aguirre, c’est la découverte en elle-même ; être le premier à mettre un nom sur des terres vierges, inexplorées. Il n’a pas seulement voulu rompre avec la foi jurée, que ce soit envers l'Eglise ou envers l'Espagne. Plusieurs fois Aguirre parle de sa « trahison » ; il a fait table rase du passé, renié ses chefs.
Mais, surtout, Aguirre, saisi de la fièvre paranoïaque, veut créer un empire absolument neuf, un « empire pur », comme il dit. Il veut effacer les taches faites par les Espagnols cupides, reprendre le Mexique à Cortez ; il ne veut pas conquérir pour lui-même : c’est un autre que lui qui est élu empereur ; il ne veut pas dépouiller pour dépouiller ; il se contente de faire prendre acte solennel de possession, par l’empereur, un empereur pourtant si dérisoire ; ils sont passés là et là, et cela lui suffit; les étendues de chaque côté du fleuve sont reconnues par lui et désormais marquées par lui. Il s'agit de pureté, de conquête pour la conquête, de l’art pour l’art. Pour arriver à cette pureté, il en arrive à l’enclosement dans l’inceste : « Moi, la colère de Dieu; j'épouserai ma propre fille. » Car il ne compte que sur son seul sang pour établir un empire qui ne soit en rien marqué de souillures. Aguirre est une épopée de la pureté, la recherche folle d’une certaine pureté mythique.
Oui. de la pureté ! On remarquera que. dans ce film, il n'y a aucun geste érotique. Dans cette troupe d’hommes, les deux femmes ne sont jamais regardées ni remarquées ; ces hommes vivent entre eux, en masculinité, de la même manière que les nazis dont le système se développait sur fond d’homosexualité. (…) N’est-ce pas là étrange, chez ces conquistadores qui n’avaient rien d’enfants de chœur ? Le cinéaste n’a-t-il pas voulu souligner justement cette première recherche de pureté qui consiste, en société masculine, à ne pas se commettre avec l’« autre », la femme ?
Mais le cinéaste, Werner Herzog, est allemand ; et le principal interprète, Klaus Kinski, l’est aussi. N’est-il pas étrange de trouver au milieu de tous ces Espagnols et ces indiens très bruns, Aguirre et sa fille, tous deux blonds, blonds comme de vrais Aryens au sang et à la race très purs ? Le véritable Eldorado que veut construire Aguirre n’est-il pas un nouveau monde et une nouvelle race débarrassés des miasmes latins et chrétiens, de toute cette morale débile, d’un Dieu de superstition et de crainte ? Aguirre n’a peur de rien ; son Dieu est le soleil d’or, qu’il regarde en face, comme l'aigle solitaire jusqu’au bout parce que seul à vivre un rêva aussi haut, le rêve de faire naître un empire absolument nouveau, vierge comme sa fille, aussi pur qu'elle.
Aguirre est plus proche de nous qu’il ne paraît. Pourquoi, pendant le film, un livre m’est-il venu plusieurs fois en filigrane : celui de Michel Toumier, Le Roi des aulnes ? Les ogres sont là, ces Espagnols qui veulent tout dévorer ; ce sont eux les vrais cannibales, et non pas les indigènes qui, le long des rives, s’interpellent les uns les autres en montrant les Espagnols sur les radeaux et annonçant l’arrivée de « viande fraîche ». Mais surtout, l’ogre, c'est Aguirre, qui veut tout réduire à l'unité de son projet paranoïaque, se nourrir du monde entier.
(…) C’est là réalité et parabole : chacun, dans ce film, est enfermé en lui-même et il n’y a pas d’échanges ; les Espagnols n’écoutent que leur obsession d’Eldorado ; le religieux n’écoute que son devoir, le devoir d’imposer à l’autre ses convictions ; Aguirre est muré dans son mutisme et n’écoute que son royaume intérieur fou, ses rêves et sa race. Aguirre ou le terrible autisme des hommes."
" Il y a longtemps que le cinéma n'a pas rencontré de véritable tempérament : au fameux côt&eacu
" Il y a longtemps que le cinéma n'a pas rencontré de véritable tempérament : au fameux côté Sturmund Drang de la fièvre germanique, Herzog ajoute la passion des aventures singulières, et une théorie fondamentalement polémique sur l'histoire et l'échec de notre civilisation.
(…) En réalité, ce n'est pas tant la poursuite des richesses qui fascine Aguirre, mais la prise du pouvoir à l'intérieur de l'expédition : provoquant une véritable mutinerie à l'égard de la couronne d'Espagne, ce « conquistador » insoumis rêve d'un destin exemplaire, et de la gloire d'un Cortez. Il y mettra une violence et une cruauté sans merci, ne désemparant jamais, résolu qu'il est à dépasser la condition humaine. C'est un héros à la fois nietzschéen et wagnérïen, qui veut détourner à son profit le cours des êtres et des choses. Mais n'est-il pas pour Werner Herzog la victime d'une mythologie ?
L'échec d'Aguirre symbolise la triste fin des premières expéditions coloniales d'une aristocratie espagnole qui a poussé l’irréalisme jusqu'à s'anéantir pour la conquête de ces terres et de cet or, dont on sait que les Hollandais et les Anglais ont admirablement tiré parti dans les moments de crise du très catholique royaume.
A ce niveau, Werner Herzog n'oublie pas de faire en passant le procès d'une Eglise au service des puissants, n'hésitant pas à offrir l'évangélisation des Indiens comme alibi au génocide espagnol. Le génie de Werner Herzog, c'est d'avoir glissé son propos à l'intérieur d'un film d'aventures, en réussissant à faire cohabiter la poésie, le baroque, et le réquisitoire.
Klaus Kinski, qu'on aura d'abord découvert dans le film d'Andrej Zulawski joue ici le personnage d'Aguirre. On raconte que pour arracher à ses interprètes leurs expressions les plus justes, Werner Herzog les a exposés aux pires dangers : on n'a pas vu souvent au cinéma de telles performances de caméra au milieu d'un fleuve à torrents, sur des radeaux menacés de couler d'un instant à l'autre.
(…) Werner Herzog est un « conquistador » de l'image. Un film à voir à tout prix, et qu'il est impossible d'oublier ! "
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