Au début du XIXe siècle, Cobra Verde, un bandit brésilien devenu l'intendant d'un riche planteur, est envoyé en Afrique pour ramener un convoi d'esclaves.
Après avoir perdu tout son bétail à cause de la sécheresse, Francisco Manoel quitte le Sertao brésilien, devient hors-la-loi et se fait appeler Cobra Verde. Devenu l'intendant d'un planteur, ce dernier l'envoie au Dahomey pour ramener un convoi d'esclaves africains, en réalité pour se débarrasser de lui. En effet le souverain local extermine impitoyablement tous les Blancs qui s'aventurent sur ses terres...
" Klaus Kinski ne joue pas le personnage de Cobra Verde, il est Kinski portant les costumes de Cobra Verde. Le masque est fascinant mais (...) Herzog a souffert et s’est plaint du comportement de Kinski durant le tournage. A tel point qu'il a annoncé qu’il s’agirait sans doute de leur dernier film ensemble. Il reste que Cobra Verde constitue une pierre supplémentaire dans l’œuvre d’un des réalisateurs les plus originaux de sa génération et qui dépeint comme personne la sauvagerie de l'âme humaine, cet état de non-retour que l’homme atteint lorsqu’il n’a plus d’espoir et qu’il refuse la mort, cette survivance dans la demi-conscience où la réalité et le phantasme se rejoignent, cette solitude absolue qui incitait Don Quichotte à charger les moulins à vent (...)
Pour ces centaines de drapeaux blancs agités sur le rivage, pour ce bateau trop lourd qui refuse de prendre la mer, pour le regard absent de ces esclaves anéantis. Enfin, pour le visage meurtri et parfois étincelant de Klaus Kinski."
Christophe d'Yvoire
Jeune cinéma
" (...) Tout le film tourne autour de Cobra Verde / Kinski, un personnage au-delà de la morale. Un démon le pousse à fouiller la boue de l'...
" (...) Tout le film tourne autour de Cobra Verde / Kinski, un personnage au-delà de la morale. Un démon le pousse à fouiller la boue de l'âme humaine, à franchir tel un somnambule la limite qui mélange le cauchemar à la réalité. L'Afrique est l'écrin où s'exacerbe la fièvre de son tourment. Tout grouille autour de lui, les crabes dévoreurs de cadavres, les chauves-souris du délire. Les corps fourmillent, les membres s'entremêlent. L'étrange sourd de chaque plan comme si l'Afrique, bourrée de rêves, s'épanchait d'un trop plein. Pour Herzog, les pays non-civilisés restent les dernières terres de la poésie pure. Cobra Verde peut faire songer à l'énigmatique Rimbaud abyssin avec qui il partage le même écœurement du monde et l'aspiration à la poésie absolue.
Reste Kinski. Le fou au visage de gargouille n'a jamais peut-être aussi bien joué (il est amusant de noter que certains qui le trouvaient génial dans Aguirre le découvrent soudain bourré de tics, la mode toujours). Les personnages qu'il a incarnés chez Herzog sont à l'évidence une part de lui-même. Mais Cobra Verde lui ménage la part de Dieu et les zones d'ombre dilatent à l'infini l'ambiguïté de son personnage.
Herzog demeure hermétique à l'esprit cartésien. Son cinéma s'adresse l'inconscient collectif et au sens poétique du spectateur. Chaque film est une interrogation, un coup de fouet pour le public. Il fait penser plus loin, sentir plus profond. Herzog reste inclassable. Puisse toujours son cinéma obsessionnel et halluciné nous servir d'antidotes aux stéréotypes qui cancérisent aujourd'hui la création artistique. "
Alain Caron, 02/1988
Le Figaro Magazine
" (...) Il y a dans le film une scène qui appartient déjà à la légende du cinéaste : on voit un millier d’amazones africaines, nues, partir...
" (...) Il y a dans le film une scène qui appartient déjà à la légende du cinéaste : on voit un millier d’amazones africaines, nues, partir à l’assaut du palais dans une danse frénétique, d’une sensualité sauvage, exaltée par des cris et des chants bouleversants. Si la thématique du film est moins profonde que dans les deux œuvres précédentes (je pense en particulier à Fitzcarraldo, comme un de ces films culte dont le grand public aura un jour la révélation), il y a un partenaire à la taille de l’envahissant Kinski : l’Afrique. Le cinéaste la filme avec amour et respect, sans condescendance ni exotisme. Il nous fait entrer de plein-pied dans une civilisation qu’on devine subtile et raffinée, et dont la sophistication va à l'envers du cliché traditionnel du " bon sauvage ".
Dans ces temps où l’on reproche au cinéma, le plus souvent injustement de manquer de force et d’imagination, Werner Herzog fait l’éblouissante démonstration, avec Cobra Verde, que sans beaucoup de dollars et de stars, le cinéma peut nous transporter (au propre et au, figuré) vers des horizons d’une créativité lyrique, foisonnante, puissante et sensuelle, en évitant les clichés de superproductions, dont les coûts menacent directement l’inspiration et la liberté des auteurs. On aime que, la dernière image filmée, Werner Herzog soit parti précipitamment pour Bayreuth mettre en scène Lohengrin, comme si le passage d'un art à l’autre se faisait naturellement, unis par l’exigence, l’audace et l’invention d’un des jeunes maîtres du cinéma moderne, un des très rares qui sachent inclure le spectacle dans sa marginalité : Bertolucci revisité par Godard ! "
Daniel Toscan du Plantier, 16/01/1988
Avis
Ciné Phil
au sujet de
Cobra verde
Un film surprenant, qui semble s'inscrire dans le droit fil de "Aguirre, la colère de Dieu" et "Fitzcarraldo" mais bifurque : le personnage principal reste...
Un film surprenant, qui semble s'inscrire dans le droit fil de "Aguirre, la colère de Dieu" et "Fitzcarraldo" mais bifurque : le personnage principal reste en partie une énigme tandis que son histoire le fait quitter l'Amérique du Sud pour atterrir en Afrique sub-saharienne afin d'examiner et de fustiger l'esclavage. Le regard porté sur cet autre continent est certes tout aussi visuellement splendide mais la réflexion paraît plus élémentaire qu'inspirée cette fois-ci. Tout semble reposer sur un Klaus Kinski plus sauvage et puissant que jamais, mais aussi à la dérive, emporté dans une outrance que le film incarne jusqu'à l'épuisement de toute chose au monde.
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Un film surprenant, qui semble s'inscrire dans le droit fil de "Aguirre, la colère de Dieu" et "Fitzcarraldo" mais bifurque : le personnage principal reste...
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