Yolande Zauberman : "Je pose des questions à la vie."
VIDEO | 2012, 3' et 2' | Avec Classified People (1988) et Caste Criminelle (1990), la cinéaste ouvrait sa filmogra1
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Ils sont "nés criminels". Parce que leurs ancêtres étaient voleurs. Film clandestin, documentaire romanesque : comment vivre quand on est "condamné" d'avance ?
Les Indiens que les Anglais ne réussirent pas a soumettre furent appelés "nés criminels" et parqués dans des camps. Le film de Yolande Zauberman raconte l'histoire d'une famille. Les grands-parents, Hira Bai et Serjian, ont grandi dans la jungle. C'est là que vivaient leurs tribus. Film clandestin, documentaire romanesque : comment vivre quand on est "condamné" d'avance ?
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" Sans un mot d’explication, sans une carte, sans docte message ou généreuse dénonciation, le documentaire se coule dans les replis somptue
" Sans un mot d’explication, sans une carte, sans docte message ou généreuse dénonciation, le documentaire se coule dans les replis somptueux de la misère et de l’ignorance. Quelque part en Inde, non loin de Bombay, les « nés criminels » ouvrent leurs portes et jouent castes sur table. Même s’ils se demandent ouvertement, en rigolant, si la réalisatrice et son équipe ne sont pas « des cousins des Anglais », de ces ex-colons qui les parquèrent, eux les insoumis, dans des camps où ils croupissent encore.
« Leur loi me poursuit comme une ombre, les barbelés ont disparu mais je les sens autour de moi », glisse Deepak, un sombre et bel orphelin de 25 ans, qui erre la nuit au milieu des tombes : « Pour moi, le cimetière, c’est comme un ami. » Parallèlement à ce fantastique nocturne, Yolande Zauberman a bâti son film autour de la vie diurne d’un couple de vieillards qui sourit, malgré tout, à la vie. S’ensuivent les scènes les plus émouvantes, polissonnes et drôles de cette visite au fin fond de l'exclusion.
Mais ce petit nuage ne saurait flotter une heure vingt au-dessus du fumier. Les enfants, chiens de faïence dans un jeu de béquilles, demandent des comptes : « Pourquoi endurer ce mépris ? Quelle vie nous avez-vous donnée ? »
Nous retrouvons Deepak, en mauvaise compagnie, au cœur de la nuit, dans un infâme boui-boui. Il est socialement désigné comme criminel et peut-être le deviendra-t-il, malgré « le cimetière qui (le) lave de tout » ; « Si j’étais un tigre, je déchirerais ceux qui nous humilient. » Bonne fée cependant, Yolande Zauberman transforme la dégénérescence en superbe résignation, fait briller la sagesse sous l’épaisse couche de mépris, efface le paternalisme cynique de nos consciences pour laisser place à la sympathie ingénue. Sa caméra fait fondre les castes et mourir les préjugés !"
"Après Classified People, Yolande Zauberman poursuit son travail sur l'exclusion. Elle a filmé en Inde le quotidien de ceux qu'on appelle le
"Après Classified People, Yolande Zauberman poursuit son travail sur l'exclusion. Elle a filmé en Inde le quotidien de ceux qu'on appelle les " nés criminels ", une caste de trois millions et demi de membres qui vivent parqués dans des camps. Un document nocturne, profond."
Catherine Humblot" Il y a trente-six façons d'être documentariste, de Joris Ivens à Depardon, ou de Wiseman à Reichenbach. La "façon" de Yolande Zauberman ne
" Il y a trente-six façons d'être documentariste, de Joris Ivens à Depardon, ou de Wiseman à Reichenbach. La "façon" de Yolande Zauberman ne ressemble à aucune autre. Sa mise en scène, dans des cadres hyper-composés de situations limites, est une sorte de recomposition du réel où les damnés de la terre retrouvent leur dignité bafouée (...) Avec respect, attention et amour, Yolande Zauberman compose une sorte de galerie de portraits en plans fixes, celui notamment d'un vieux couple, Philémon et Baucis victimes de l'injustice absolue, qui nous donne une admirable leçon d'humanité."
Michel Boujut" La nuit est noire. Presque en rampant, un homme sort de l'ombre. Puis un autre. Et encore un. Des centaines. Ils s'assoient en silence et
" La nuit est noire. Presque en rampant, un homme sort de l'ombre. Puis un autre. Et encore un. Des centaines. Ils s'assoient en silence et regardent la caméra. Leurs vêtements sont en lambeaux, mais leur regard est fier. L'image est irréelle. C'est ainsi que, pour la première fois, Yolande Zauberman a rencontré la « caste criminelle ». Elle a fait de cette rencontre le premier plan de son film. Déjà, nous ne sommes plus dans un documentaire.
(…) Ce n'est ni le scoop, ni la dénonciation de ce scandale qui a intéressé Yolande Zauberman. « J'ai choisi des victimes et j'ai voulu montrer comment leur humanité résiste à l'épreuve, dit-elle. Mon propos, c'est de les aider à se révéler devant la caméra. » Dans Classified People, son précédent film, elle dénonçait l'apartheid en peignant un couple qui arrivait tant bien que mal à vivre dans l'absurdité quotidienne. Ici, c'est à trois personnages qu'elle s'attache. D'un côté, la face claire : Serjian et Hia Baï, merveilleux vieillards de 74 et 82 ans, qui sourient malgré tout à la vie. De l'autre, la face sombre : Deepak, zombie maudit qui arpente les cimetières la nuit en criant la misère des siens. « Je deviens fou, j'ai envie de tuer, de voler. Je crie, mais personne ne m'entend. »
Yolande Zauberman a passé sept mois à écouter crier les « criminels » avant d'apporter une caméra dans leur camp de Solapur, près de Bombay. Elle a su nouer une complicité qui éclate sur l'écran. « Rien n'a été joué, ni répété », assure-t-elle. Pour ne pas détruire cette relation, elle s'est faite aussi discrète que possible. Sa mise en scène est rigoureuse et simple. La caméra est posée à ras du sol, et bouge très peu. Comme celle d'Ozu lorsqu'il scrutait des familles japonaises.
Cette rigueur pudique qui va droit à l'essentiel nous vaut quelques séquences poignantes : celle où Serjian vient chanter à l'oreille de sa femme une chanson érotique, celles où le vieux couple retrouve ses enfants. De ce portrait exempt de tout misérabilisme naît une joie de vivre inattendue. On sent que les « criminels » ont été longs à parler. En filmant leur mémoire, Yolande Zauberman leur restitue une dignité perdue."
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