Andréa fête son anniversaire avec ses grands enfants. Mais l'arrivée impromptue de sa fille Claire, disparue depuis 3 ans, vient bouleverser la bonne entente.
"Aujourd’hui c'est mon anniversaire et j'aimerais qu'on ne parle que de choses joyeuses." Pour l'occasion, Andréa a réuni tous ses enfants. Elle ne sait pas encore que l'arrivée « surprise » de sa fille aînée, Claire, disparue depuis 3 ans et bien décidée à reprendre ce qui lui est dû, va bouleverser le programme et déclencher une tempête familiale.
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"Alors que certains cinéastes font toujours un peu le même film, l’acteur-scénariste-metteur en scène
"Alors que certains cinéastes font toujours un peu le même film, l’acteur-scénariste-metteur en scène Cédric Kahn ne cesse, depuis près de trente ans, de se diversifier. Sans jamais brouiller complètement les pistes. Certes, aucun de ses films ne ressemble aux autres, les genres se multiplient et pourtant sa marque est indéniable. Après avoir suivi les traces d’un serial killer dans « Roberto Succo », adapté Georges Simenon dans le magnifique « Feux rouges », tâté du fantastique poétique avec « l’Avion » ou avoir dernièrement réfléchi à la rédemption par la foi dans « la Prière », le voilà aux prises avec… le film de famille. Une catégorie de fiction à part entière dans laquelle les auteurs français excellent, et dont il offre à son tour une version pleine de tendresse, d’alacrité, avec un zeste de férocité, derrière les apparences faussement systématiques d’un savoureux jeu de massacre.
Car la famille dont il est question ici n’est jamais à la fête. Andréa (impériale Catherine Deneuve) fête son anniversaire avec ses deux fils et ses petits-enfants. Elle voudrait l’humeur joyeuse et le temps clément. Raté. La pluie menace et sa fille (Emmanuelle Bercot) débarque. Instable. Inquiétante dans ses brusques ruptures d’humeur. Elle réclame l’argent qui a servi à acheter la demeure familiale. L’un de ses frères, artiste raté et autocrate (Vincent Macaigne), veut à tout prix faire un film vérité sur les siens, et l’aîné, fausse figure de réussite et d’équilibre, manque lui aussi de péter les plombs.
On croirait le trait appuyé, mais c’est compter sans les nuances, les contradictions et les complexités qui démentent l’apparente comédie au vitriol. En interprétant l’un des fils, Cédric Kahn se glisse au milieu de cette mêlée, apportant le désarroi et l’amour de son personnage pour cette famille dysfonctionnelle. Son scénario comme sa mise en scène captent cette harmonie fragile qui se fait et se défait sans cesse. Un équilibre précaire, de guingois, qui se rompt brutalement pour mieux se reconstituer. Le film ne règle aucun compte personnel, assume avec virtuosité son côté commedia dell’arte et affirme avec pertinence que toutes les familles s’édifient sur une masse explosive de non-dits, de dénis et de secrets enfouis qu’il vaut mieux percer avant le point de non-retour."
"Le portail s’ouvre sur une maison qui pourrait être une maison tchekhovienne. C’est une maison qu’on retrouve
"Le portail s’ouvre sur une maison qui pourrait être une maison tchekhovienne. C’est une maison qu’on retrouve, que l’on perdra bientôt. Comme quand un monde finit et qu’un autre va naître. Cédric Kahn réunit dans cette grande maison une famille dispersée, qu’il enferme quasiment dans son huis clos, à l’occasion de l’anniversaire de la mère (Catherine Deneuve). On ne voit presque pas le ciel, ou le paysage, juste la maison, personnage en soi, dont le décor (les pièces intérieures, le jardin) clôt les personnages.
Un roman familial y inscrit son drame, à la fois déchirant et drôle (on le doit à la fantaisie de Vincent Macaigne, l’un des fils, comme aux scènes avec les enfants de la famille). Tout n’est pas sombre : une légèreté souriante évite même au film le néant dépressif. Cédric Kahn déploie une diversité de tons et d’humeurs, faisant de la cyclothymie des personnages une instabilité motrice : c’est le mouvement même de la vie et de son désordre, fait de départs et de ruptures, d’attachements et de détachements
Dans des images à la lumière douce et naturelle, les personnages sont révélés par des circonstances apparemment ordinaires et dérisoires (dans la cuisine, dans le jardin, à table, en voiture). La place de chacun dans la famille et la fratrie (les trois enfants sont Vincent Macaigne, Cédric Kahn et Emmanuelle Bercot), leurs relations et leur psychologie sont peu à peu précisés.
Il circule dans Fête de famille une énergie formidablement théâtrale, qui n’est pas seulement due à l’unité de temps et de lieu qui structure le film comme une pièce. Elle tient aussi à cette manière d’adapter les codes classiques d’un certain théâtre : des portes s’ouvrent, se ferment, claquent, pour faire entrer ou sortir les personnages de la scène. Cédric Kahn filme avec habilité leur mouvement, étonnamment inventif. Il s’est appuyé sur ce qu’il a appelé « les qualités naturelles du montage de Yann Dedet, sa capacité à chercher la vie dans les interstices, dans les choses qui apparaissent par l’image, au-delà du scénario ».
Cédric Kahn cale la progression dramatique sur une forme d’entropie : le désordre va croissant, au fil de disputes et de confrontations, pour finir par déchirer la pseudo-harmonie familiale, dans une scène à la violence inattendue. Cet acmé dysfonctionnel met en lumière la puissante héroïne qu’incarne Emmanuelle Bercot, la fille meurtrie, chez qui il n’y a nulle folie exagérée qui se manifeste, mais une vulnérabilité exacerbée. L’actrice est chez elle, dans ce registre de jeu viscéral. Sa performance, d’une intensité frappante et d’un engagement courageux, nous place dans un sentiment d’inconfort mêlé de fascination : elle met mal à l’aise, sans que cela nous soit désagréable, au contraire. Tour à tour dévastée et souriante, hantée et solaire, elle est invraisemblablement tendue et brutale. Cette fille blessée déplace le centre de gravité du film. Ce n’est pas son moment vrai, dans cette scène de catharsis qui pourrait être une purge : tout le long du film, elle est dans un moment de pure vérité. Emmanuelle Bercot est belle et géniale, avec ses blessures, elle est à vif, contradictoire, déchirée.
Il y a dans Fête de Famille comme une homothétie avec Juste la fin du monde de Xavier Dolan, adapté d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, avec en point central invariant le même retour pathogène d’un enfant dans une fratrie passionnelle : Cédric Kahn en a conservé les angles, tout en réduisant, de cette figure névrotique, l’hystérie. Fête de Famille s’épuise moins à des effets de langage dans le portrait sans faille de la violence psychologique : la dévastation y prend la forme moins démonstratrice d’une douceur apparente, mais tout aussi toxique, à l’image du personnage de la mère jouée par Deneuve, bloc opaque de non-dits, de mystères non dissipés."
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