Emile Breton, souvenirs critiques
VIDEO | 2013, 13' | Le Festival Itinérances d'Alès a laissé carte blanche au critique Emile Breton (L'Humanité), n1
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Etreintes en plein jour, murmures dans la nuit... Une voiture file vers d'autres pays. Qui sait comment calmer les douleurs enfouies ?
Paul, étudiant, est l'amant d'Hélène, une femme mariée d'âge mûr. Parti à Naples pour une exposition, il y rencontre Serge, au volant d'une Porsche rouge, un homme mutique et désenchanté, marqué par son passé de militant. Ils font ensemble le voyage du retour à Paris.
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"Chez Garrel, il faut accepter une qualité presque charnelle de silence, il faut préférer l'expression d'un visage à l'action des corps, il
"Chez Garrel, il faut accepter une qualité presque charnelle de silence, il faut préférer l'expression d'un visage à l'action des corps, il faut sentir la durée physique d'un plan-séquence : c'est du cinéma à l'état pur, presque d'avant le cinéma.(...) Il y a quelque chose de testamentaire dans ce Vent de la nuit, quelque chose d'inoubliable."
Jérôme Garcin" Magie constante de ce film : chaque plan est travaillé pour que rien n'échappe à celui qui est invité à accompagner pour un temps ces pers
" Magie constante de ce film : chaque plan est travaillé pour que rien n'échappe à celui qui est invité à accompagner pour un temps ces personnages. Nudité d''une muraille de béton cru éclairé du rouge sang d''une voiture de sport, pauvreté d'une batterie de casseroles sur une cloison de cuisine, rayures pisseuses d'une tapisserie de chambre d'hôtel, ces " intérieurs " jurent avec l'éclat des paysages, ouvertures sur la mer d'Italie, mélancolie d'un cimetière berlinois, beauté nocturne d'une place parisienne, un jet d'eau, la croix verte de néon d'une pharmacie.
Mais tout cela ne serait qu'affaire de décor si les
vigoureuses beautés de ces lieux ne servaient à mieux retrouver le
désarroi de personnages en mal d'être. Visages et corps travaillés par
la vie (on dirait abîmés, s''ils n'en étaient d'une si fragile et
poignante beauté), ceux d'Hélène (Catherine Deneuve), Serge (Daniel
Duval) et du mari d'Hélène (Jacques Lassalle) parlent autant que ce qui
passe dans leurs conversations, de la mort qui les cerne et de la
tentation d'en accélérer la venue (...)
Beauté du monde, fragilité des humains. Peut-être bien que, depuis Marie pour mémoire (1968), où " un jeune garçon écorché vif, se regardait vieillir ", Philippe Garrel n'a jamais dit autre chose. Le miracle est que, du poème de l'adolescence au film d'aujourd'hui, la fièvre soit restée aussi brûlante que la mise en péril de grands acteurs, que le polissage du scénario et des dialogues (Garrel, Marc Cholodenko, Xavier Beauvois, Arlette Langman), que le travail sur l'image dont on a tenté de donner quelque idée, que l'utilisation de la musique de John Cale, qui arrive seulement quand on l'attend, que ce professionnalisme achevé, dont assez peu de " professionnels " donnent aujourd'hui l'exemple, aboutissent à ce qu'il faut bien appeler la spontanéité de l''acte créateur."
" Un film qu'on quitte en se demandant vraiment où on peut désormais aller, à qui se confier, contre qui se blottir. Parce que dans cette hi
" Un film qu'on quitte en se demandant vraiment où on peut désormais aller, à qui se confier, contre qui se blottir. Parce que dans cette histoire de vent et de nuit, aucun homme, aucune femme, ne parvient à dire "Je t'aime ". Non, ils se disent juste à eux-mêmes : " Tu ne m'aimes pas." Comment voulez-vous reprendre une journée normale après avoir vécu ce type de révélation ?"
Christophe Honoré"Garrel concentre et sature les figures de son cinéma de prose poétique, celui qu''il pratique avec une simplicité désarmante et désarmée de
"Garrel concentre et sature les figures de son cinéma de prose poétique, celui
qu''il pratique avec une simplicité désarmante et désarmée depuis quelques
années, mais en les élevant au niveau du mythe. La rencontre entre Daniel Duval
et Xavier Beauvois matérialise la coexistence et la disjonction entre la tentation
prophétique et la nécessité du récit, entre saint Jean et saint Paul. Car au
fond, le personnage de Duval est un inspiré, une sorte de mystique, un de ses
prophètes dans la tradition christique chère au Garrel de la fin des années 60,
sauf qu''ici, le souffle qui l'anime est comme éteint, sa parole est lointaine,
comme envahie par un silence assourdissant, sa présence est rigoureusement
fantômatique comme s''il réunissait en lui tous les fantômes qui reviennent à
chaque film hanter le cinéma de Garrel.
En face, Xavier Beauvois est un scribe
balbutiant qui tente d'écrire l'histoire à partir des aphorismes énigmatiques
de l'inspiré, mais l'histoire est autant un mythe qu''une réalité et si Duval
évoque mai 68, c''est un peu à la manière du Debord de In Girum Imus Nocte et
Consumimur Igni, c'est-à-dire avec une conscience aiguë que la puissance de
l'énonciation importe plus que le récit lui-même, surtout si l'on s'apprête à
disparaître.
Mythique et fragmentaire, comme rassemblée en quelques phases
décisives, l'histoire, individuelle et collective, que recueille Beauvois n'est
plus déchiffrable au niveau des faits, politique ou autobiographie, mais
seulement au niveau d''une attitude morale face au temps et au monde. A sa façon
économique et concentrée, Le Vent de la nuit est, pour Garrel, un
film-somme qui porte toutes les contradictions qui traversent son cinéma à leur
point d'incandescence. Le visible et l'invisible, Jean et Paul, le fantômatique
et le charnel, le roman et la poésie, tout y est rassemblé en un geste unique
et décisif."
Ciné Phil au sujet de
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