Pour tourner un film contre la drogue, François doit accepter de faire le passeur. Passeur d'héroïne, passeur d'images. Mêmes trafics, mêmes dépendances. Même sentiments. Douceur sauvage. Sauvage innocence. L'amoureuse d'hier, perdue d'une overdose, est aujourd'hui une héroïne de cinéma...
" C'est un Garrel romanesque, lyrique, stylisé, en noir et blanc.
Un noir et blanc somptueux avec une gamme de nuances subtiles, un camaïeu
de gris très sophistiqué à l'image d'un film où la ligne de partage
entre ce noir et ce blanc se démultiplie en une série de zones
intermédiaires où les frontières entre le bien et le mal deviennent
incertaines, troublantes et troublées. C'est aussi une fable qui
cultive le paradoxe avec un humour désespéré et une fragile poésie.
(...)
Rarement noir et
blanc aura joué à ce point le double rôle d'accélérateur romanesque et
de mise en condition climatique du spectateur. De même,la musicalité de
chaque enchainement, la respiration interne de chaque plan, l'intuitive
exactitude du rythme de chaque scène, le mélange de précision et
d'abandon de chaque mouvement et de chaque geste conspirent à chaque
instant à produire une forme qui semble sortie d'une autre époque du
cinéma - tout à la fois le muet, le cinéma moderne, la série B
Hollywoodienne- tout en étant parfaitement contemporaine. L'un des
charmes de Sauvage innocence tient d'ailleurs à ce mélange des temps qui
confine à une sorte d'étrange intemporalité. (...) ici, le désoeuvrement, grande figure
garrelienne, est, comme dans certain des derniers livres de Debord
("Panégyrique ou les commentairtes sur la société du spectacle"),
chargé d'une puissance mythologique nouvelle qui n'est en rien une
forme d'aveuglement, mais une manière de suprême lucidité sur lemonde.
Si Sauvage innocence rappelle Le Mépris, il pourrait tout aussi bien
s'apparenter à un récit de Joseph Conrad ou de Scott Fitzgerald. "
Thierry Jousse
Le Monde
" Dans un Paris qu'on croirait suspendu (les années 1970 ou aujourd'hui ?) et un espace mythique (Paris, filmé comme au temps de sa conquête...
" Dans un Paris qu'on croirait suspendu (les années 1970 ou aujourd'hui ?) et un espace mythique (Paris, filmé comme au temps de sa conquête cinéphilique), les ombres de Bresson (le jeune cinéaste), de Godard (Michel Subor en fieffé salaud) ou d'Eustache (la jeune et double héroïne) se projettent mélancoliquement sur la toile, de la même façon que la mort et la souillure entachent inéluctablement l'utopique et orgueilleuse pureté du film."
Jacques Mandelbaum
Télérama
" Le film se tourne donc, et ce film dans le film - à la fois repli et développement - qui occupe la seconde heure de Sauvage innocence ne f...
" Le film se tourne donc, et ce film dans le film - à la fois repli et développement - qui occupe la seconde heure de Sauvage innocence ne fait que préparer l'inéluctable rencontre entre l'héroïne (la jeune actrice, poussière d'étoile) et l'héroïne (la poudre, fatale amante). Le tournage est alors ce rituel terrible et beau, macabre, où s'échangent réel et roman, où les morts enlacent les vivants, où veillent les fantômes. Les enfants regardent, c'est du cinéma, et ça peut faire mal et ça peut faire mourir et personne alors n'est innocent, psalmodient les plans de Garrel..."
François Gorin
Le Nouvel Observateur
" A la fulgurance de l'intrigue répond la splendeur des images noir
et blanc signées Raoul Coutard, au désarroi du personnage cinéaste
corre...
" A la fulgurance de l'intrigue répond la splendeur des images noir
et blanc signées Raoul Coutard, au désarroi du personnage cinéaste
correspond la douleur du cinéaste auteur. Pourtant, cette fulgurance
même, Garrel ne paraît pas l'accepter tout à fait, il accélère le tempo
comme pour faire oublier un schématisme que par ailleurs il recherche
et assume. C'est que Sauvage innocence affirme le risque inhérent au cinéma, à toute création artistique. Mais Sauvage innocence est
un film, et ce risque, Garrel l'a pris une fois encore. La
contradiction est belle, elle est aussi porteuse d'une possible
frustration, née du sentiment que le cinéaste aurait pu pousser
davantage la logique infernale contenue dans le simple énoncé du
prétexte. Le film s'arrête au bord du gouffre dans lequel il entraîne
pourtant ses personnages, dont le spectateur voit le destin s'éloigner
de lui (...) Il reste qu'en l'état Sauvage innocence est un film pour amoureux du cinéma, amoureux transis, amoureux déçus, mais qui s'obstinent à y croire..."
Pascal Mérigeau
Libération
«... le film ne cesse de se dédoubler en un complexe jeu de miroirs où les
images et leurs reflets ne cessent de tournoyer en une spirale ca...
«... le film ne cesse de se dédoubler en un complexe jeu de miroirs où les
images et leurs reflets ne cessent de tournoyer en une spirale catastrophique.
Le film, photographié en noir et blanc par Raoul Coutard, peut se voir comme
une réponse au Mépris de Godard. Ici
zéro mythologie, pas de star, nulle trace d'un Fritz Lang descendu de l'Olympe
mais une progressive et souvent sarcastique extinction des feux: saturnale
noyée à Amsterdam, sur une chanson de Them, cernes ophéliens aux yeux des
filles, tête cabossée du metteur en scène, ectoplasme fasciné par une déchéance
qu'il prétendait dénoncer et qu'en fait il provoque, producteur néfaste lié à la Mafia.
Garrel attente à sa propre intégrité esthétique et livre sa
formule poétique d'un art du désastre, éternelle roue de cendres dispersées et
qui retombent en pluie noire sur la pellicule."
Didier Péron
Les Inrockuptibles
" Sauvage innocence se présente dès ses premiers plans (une voie
de chemin de fer, le regard perdu d'un homme, une chambre) comme un
très be...
" Sauvage innocence se présente dès ses premiers plans (une voie
de chemin de fer, le regard perdu d'un homme, une chambre) comme un
très beau retour à un cinéma de la révélation, au sens
photographique et non religieux du terme, dans lequel un coin de rue de
Paris, un café, le vent dans les arbres, le souire d'une fille, l'ici
et maintenant de tout un chacun est restitué dans toute sa mouvante
complexité, réchappé de sa banalité et rendu au spectateur étourdi, non
pas magnifié mais prélevé, de nouveau concret, vibrant car vivant sous
le regard d'un artiste qui ne saurait renoncer à son ambition de
toujours : être un voyant."
Pour vous donner la meilleure expérience possible, ce site utilise les cookies. En continuant à naviguer sur universcine.com vous acceptez notre utilisation des cookies.
_TITLE
_CONTENT
Vous avez un bloqueur de publicités activé. Certaines fonctionnalités du site peuvent être perturbées, veuillez le désactiver pour une meilleure expérience.