" L'Homme à la Ferrari  occupe une position clé dans la filmographie de Risi. Toutes les instances stylistiques et thématiques des films précédents y convergent. Mais il indique aussi le moment du passage de la satire sociale à la réflexion sur la capacité du cinéma de pénétrer à l'intérieur de la nature humaine. Pour la première fois, en effet, Risi introduit dans le quotidien des éléments qu'il n'avait jamais recherchés auparavant tels que la mémoire, le rêve et les prévisions; et il utilise la couleur au sens dramatique et non plus seulement descriptif.

Autour du cas de Francesco Vincenzini et de son échec à vouloir s'approprier le monde extérieur, dans lequel il s'était toujours comporté en dominateur, il règne un sens tragique de l'existence, qui reprend le discours entamé dans Le Fanfaron et qui annonce celui de Parfum de femme..."

" Dûment anéanti par la critique, L'Homme à la Ferrari semble aujourd'hui non seulement agréable, mais aussi très intéressant : d'abord parce que Gassman parcourt avec beaucoup de grâce le long calvaire des coups de foudre pathologiques pour les gamines (...) Derrière le rythme railleur et le montage electrisé, on peut tout lire à l'envers, tout rend les jugements univoques impossibes : la famille, ainsi vulgairement "trahie", se montre comme un nid de compromis insoutenables, un foyer de tactiques funestes; audacieuse, à l'abord facile, méprisante envers les statuts sociaux. Carolina est la seule à conserver une certaine spontaneïté dans ses relations avec le prochain (...); les magnifiques gadgets du bien-être, enfin, ne valent pas un baiser sur un banc de la Villa Borghese (...)

... il n'y a que Risi pour faire rire le spectateur en lui serrant une cordant autour du cou (...) il n'y a que Risi pour déclencher aussi agilement les séquences en y introduisant d'onéreux handicaps d'inquiétude. L'Homme à la Ferrari est vraiment une mine d'anecdotes (en particulier la rencontre avec son fils, au cours d'un romantique rendez-vous avec Carolina), mais on ne perd jamais le fil d'un pari sentimental en poursuivant l'esprit de l'époque, en grande partie grâce à Ann-Margret, qui s'identifie totalement au personnage à cause de ce mélange de disponibilité "révolutionnaire" et de tendresse "conservatrice" qui, très vite, caractérisera la contre-morale féminine de 68.

Parmi les nombreuses confessions d'individualisme qui accompagnent le metteur en scène, celle de L'Homme à la Ferrari est la plus imprégnée d'une étrange douceur, d'une sensualité émerveillée et d'une notalgie incohérente (comme le confirme le final en musical)...