De Broca: " J'ai imaginé le film que j’aurais aimé voir quand j’avais douze ans "
L'Homme de Rio, c'est un appel au rêve éveillé, un défi lancé à l'enfant qu'on était, un " film/bande dessinée "...
Agnès, fille d'un grand ethnologue, est enlevée presque en même temps qu'est volée une statuette indienne. Adrien, son fiancé, part au Brésil pour la retrouver.
Soldat de deuxième classe en permission pour 8 jours, Adrien Dufourquet arrive à Paris pour rejoindre sa fiancée. Mais celle-ci est enlevée par deux inconnus. Sans réfléchir, il se lance à la poursuite des ravisseurs et monte ainsi, clandestinement, à bord d'un avion pour...Rio de Janeiro.
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" A l'un des multiples méandres de son succulent discours académique, Jean Paulhan, parlant statutairement de Pierre Benoit, constate que l
" A l'un des multiples méandres de son succulent discours académique, Jean Paulhan, parlant statutairement de Pierre Benoit, constate que le père de tant d’héroïnes en A n’a jamais caché qu’un romancier d’action, à son sens, n’avait pas à se soucier de. psychologie ni de vraisemblance ; que sont nos actes ? Le plus sage que l’on puisse en dire est qu’ils nous sont dictés par les dieux sans que nous y prenions part...
Bref ce sont des mythes qui gouvernent ces romans (d’action et de Pierre. Benoit) : la toison d’or, la femme fatale, la prostituée au grand cœur, le géant qu’il faut abattre, les couples damnés, les vampires. C’est à quoi tient leur étrange vraisemblance : « Un mythe n’est pas un événement incroyable mais un événement auquel on ne peut éviter de croire. » On ne saurait mieux dire. Et voilà qui s’applique avec exactitude au dernier film de Philippe de Broca.
L'Homme de Rio ? C’est Tintin ! (...) Le vrai Tintin (...) Tintin l’incassable. Le gentil Tintin. Tintin au grand cœur. Tintin au pieds rapides. Tintin jamais à bout de souffle. Tintin c’est Bebel : on s’en doutait. Milou, c’est Françoise Dorléac. Comme dirait Henri Jeanson et comme se garderait bien de dire Daniel Boulanger : elle a du chien. Un chien qui aurait beaucoup du chat. Elle est délicieuse, cocasse, adorable. Et il y a aussi un professeur que l’on croit farfelu (mais non) ; les Dupont - Dupont métamorphosés en tueurs de la Haute Amazonie ; il y a du trésor, de la femme fatale, duqpain de sucre et du copacabana, de la flèche empoisonnée et du revolver - sarbacane, de l’alligator et du Matto Grosso. Tout ce qu’on aime.
Cet épisode de Bebel au Brésil s’intitule : le Secret des trois idoles. On imagine les têtes de chapitres : 1. Professeur, on vous demande au téléphone. 2. Ils ont drogué la fille du mort. 3. Où l’on verra qu’un général même gâteux, ça sert toujours à quelque chose. 4. Comment Bebel retrouve le Kid en négrillon shoeshire-boy. 5. Des avantages du ski nautique. 6. Une voiture rose avec des étoiles vertes. 7. Versailles à Brasilia, 8. La cravate meurtrière. 9. Un chien hurle à la mort. 10. A nous deux, professeur ! 11. Les échafaudages de l’enfer. 12. Les crocodiles ont tous des dents. 13. Le mystère du nombril d’émeraude. 14. Agnès et Adrien (deux A, comme dans Pierre Benoit !) ou le retour à la caserne.
Ah ! le plaisant film l Tam tam de couleurs zébrantes mêlé de grognements tarzanoïdes, le générique vous met en appétit. Puis des vaches regardent passer un train. Qu’est-ce que l'aventure pour des vaches ? c'est un train qui passe. Nous sommes vaches dans notre pré. En avant pour l'aventure. Et nous regardons ce film lancé à toute électricité comme les vaches regardent foncer le rapide : avec un émerveillement méditant (...)
Toute psychologie balayée, les mythes gouvernent ce film. Le trésor, obligatoirement fabuleux, enfoui dans une grotte obligatoirement à secret (les mythes offrent des visages obligatoires; c'est à cela qu on reconnaît qu’ils sont des mythes), déclenche obligatoirement des meurtres en cascade et des poursuites obligatoirement haletantes. Interviennent alors des paysages inouïs. C’est cela, l’aventure : cet « à-bout-de-souffle » dans des paysages, si j'ose dire, plus grands que nature.
Philippe de Broca a choisi le Brésil, qui, on le sait par les récits des voyageurs, est plus grand que nature, et de cette géographie démesurée il nous donne bonne mesure. Voila un film qui ne sent pas le renfermé ! Rio hyper-moderne et vaguement sauvage , Brasilia que Philippe de Broca, en quatrième vitesse, trouve le moyen de nous peindre mieux que des documentaires : désert, poudre rouge, hymne à Le Corbusier, concert de lignes dune beauté musicale, extraordinaire effort humain bousculant à coups d’épaule la forêt vierge.
A travers cette nature à grande echelle, saluons le chevalier sans peur et sans reproche, le Bayard-bidasse héros par amour ; la victime fragile, obligatoirement passive, sans cesse ravie sans cesse poursuivie, qui passe son temps a crier « Adrien ! » lequel passe le sien à crier « Agnès ! » , le monstre, criminel par volonté de puissance ; le duel disproportionné qui oppose Bebel-David au mysterieux Goliath du Musée de l'Homme..."
" “Ecoute : un déserteur qui voyage dans une voiture volée avec une hystérique, de deux choses l’une, ou c’est un névropathe, ou c’est
" “Ecoute : un déserteur qui voyage dans une voiture volée avec une hystérique, de deux choses l’une, ou c’est un névropathe, ou c’est un blasé. Choisis !”
En une seule phrase, Adrien (Belmondo) a résumé à Agnès (Françoise Dorléac, craquante) la première heure de L’Homme de Rio : une histoire d’amour qui pousse un jeune homme à suivre la femme qu’il aime au bout du monde (Rio, Brasilia, la forêt amazonienne).
On retrouve dans les relations amoureuses d’Agnès et d’Adrien, dialoguées par Daniel Boulanger, l’héritage de la grande comédie hollywoodienne des années 30 ou 40, où les hommes tombent amoureux de jolies emmerdeuses qui les rendent chèvres et ils aiment ça. Des générations d’hommes et de femmes se sont soumises depuis à ce modèle amoureux – pour le meilleur et pour le pire –, et on le retrouvera aussi dans les films de Jean-Paul Rappeneau (coscénariste du film).
On a beaucoup dit que le film de Philippe de Broca venait en droite ligne des aventures de Tintin, et c’est vrai. On y retrouve aussi quelque chose de l’ésotérisme d’Hitchcock dans La Mort aux trousses. Car il y a ce moment de suspension, situé environ à 1 h 12 min 53 s, où Belmondo se remet à courir après Agnès, à nouveau enlevée par une voiture. C’est l’aube sur Brasilia en pleine construction, la voiture a disparu depuis longtemps à l’horizon, mais Belmondo court toujours comme un dératé entre les bâtiments déserts d’Oscar Niemeyer.
Aucun acteur n’a jamais couru comme Belmondo. Sa course absurde et insensée (vers où court-il ?) atteint à ce moment-là un point d’abstraction inédit. Cet homme qui court éperdument et au hasard dans cette ville surgie de nulle part, qui ne voit plus depuis longtemps la femme après qui il court mais qui est convaincu qu’il la retrouvera au bout de sa course, pousse à son extrémité et à son absurdité incandescente l’invraisemblance inhérente au romanesque, et qui fait sa beauté. Mais plus encore, dans cette course folle s’exprime la métaphysique des marcheurs d’Alberto Giacometti perdus dans un décor de Giorgio De Chirico. "
" À quoi rêvent les petits garçons en 1964 ? Ils rêvent de conduire une auto très vite, un avion très vite, ils rêvent de sauter en pa
" À quoi rêvent les petits garçons en 1964 ? Ils rêvent de conduire une auto très vite, un avion très vite, ils rêvent de sauter en parachute, de nager sous l'eau, de se battre et d’être le plus fort. D’aller au bout du monde à l’aventure.
À quoi rêvent les petites filles en 1964 ? Au petit garçon qui conduit une auto très vite, qui se bat et qui est le plus fort, pour elles, seulement pour elles et pour leur plaire.
L’Homme de Rio est un film pour les petits garçons et les petites filles de 1964. Des petits garçons et des petites filles sans âge. Ceux qui voudraient bien rêver, le soir, quand ils sont au volant de leur auto, dans les embouteillages et qui ne savent plus rêver. Pour eux, Philippe de Broca a réalisé le rêve idéal, l’évasion sur mesure.
Rêve idéal, soigneusement mijoté par une équipe de scénaristes de talent. On peut faire confiance à Daniel Boulanger. Le cinéma populaire, le parfait divertissement à quoi s’essoufflent lourdement les Vemeuil, les Audîart et les Grangier, devient entre leurs mains une chatoyante bulle de savon. Tout est parfaitement invraisemblable, tellement invraisemblable que le spectateur n’hésitera pas à se perdre dans cet univers sans-pesanteur. Tout est invraisemblable sauf le point de départ et d’arrivée : Belmondo jeune aviateur débarquant gare de Lyon avec ses huit jours de permission, c’est la scène qui permet à chacun de s’identifier au héros. C’est l’entrée de l’usine à fiction. Après ça on peut tirer les ficelles et emballer le moteur. Tout est permis. Si la tête tourne un peu, tant mieux. On est venu exprès pour ça.
Habiles et prudents tout de même, ces scénaristes ont donné de vrais décors à leur fiction. L’Homme de Rio est un documentaire en couleur sur le Brésil. La baie de Rio, la mer, la montagne, la jungle et Brasilia, sont les décors privilégiés de cette aventure. Documentaire aussi sur Belmondo. L’Homme de Rio n’est pas seulement une intrigue à rebondissements. C’est un héros bondissant voltigeant éclatant de vitalité. Rarement doublé, c’est Belmondo, athlète complet. Et la publicité a mis dans le mille en présentant le film comme un numéro de cirque de notre Bardot masculin.
Une vedette, une intrigue à vous couper le souffle, le vrai visage du Brésil, la couleur locale exaltée par le photographe Séchan, il n’en faut pas plus pour réussir un film à succès. Ajoutez le mystère enfantin qui plane sur chaque geste des personnages. Un mystère joliment travesti dans l’humour (le monsieur qui vient faire cirer ses chaussures blanches en noir), ajoutez-y l’absurde de chaque situation, le cocasse, le farfelu, la fantaisie débridée... Sommes-nous satisfaits ?
Si vous aimez Tintin et Milou plus que le cinéma, alors oui. Voici enfin Tintin à l’écran. Si vous aimez vraiment le cinéma, ce film de scénariste vous laissera sur votre faim. Ce qui manque à L’Homme de Rio c’est un rythme, un rythme de l’image, dans le montage, dans le son, dans les dialogues. Voyant ce film, je n’ai pu m’empêcher de me redire pendant toute la projection, le mot de Bresson : " Il y a des films où l’on court tout le temps et qui sont lents ". II manque à ce film un rythme que seul la mise en scène peut apporter. "
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