Deux garçons, Ignacio et Enrique, découvrent l'amour, le cinéma et la peur dans une école religieuse au début des années soixante. Le père Manolo, directeur de l'institution et professeur de littérature, est témoin et acteur de ces premières découvertes... # Version restaurée et remastérisée HD
" Le cinéaste signe un pur film noir avec retournements brusques, femmes fatales (pardon, hommes fatals) et ambiance torve. Structurellement Almodovar fait preuve d'une rigueur implacable qui renvoie aux oeuvres américaines de Fritz Lang. Se laisser entraîner dans cet écheveau manipulateur est un délice. Plus que jamais chez le metteur en scène de Parle avec elle, le feu brûle de l'intérieur. Consume-toi avec lui."
Olivier de Bruyn
Libération
" Toute ressemblance est à la fois fortuite et désirée. La Mauvaise Education, film sentimental tout autant que roman d’apprentissage, est...
" Toute ressemblance est à la fois fortuite et désirée. La Mauvaise Education, film sentimental tout autant que roman d’apprentissage, est complètement une autobiographie et totalement une fiction. Le film le plus intime d’Almodovar mais aussi le plus ouvert (...) Un homme se penche sur son passé, n’y sombre pas et en remonte les bras chargés d’un trésor de film qui réécrit l’histoire tout en lui rendant grâce. La Mauvaise Education dit qu’il n’y a jamais eu d’âge d’or, ni, on s’en doutait, du temps du franquisme, ni, moins évident, à l’époque de la movida libératoire qui laissa sur le pavé bien des drogués avant que le sida fauche beaucoup d’amis. Ce qui n’empêche pas Almodovar, derrière la voilette de sa mémoire, de rappeler qu’il pouvait y avoir un peu d'or dans le plomb : la liturgie catholique comme un torrent d’érotisme (...)
Non, il ne devait pas être facile de postuler à l’homosexualité dans l’Espagne franquiste. Oui, cet empêchement pouvait donner des ailes, accroché au battement des faux cils de Sara Montiel, diva du cinéma espagnol des années 60 et parangon de «mujer perdida» qu’Almodovar adule et qui lui sert infiniment de référence. Le cinéma comme valeur refuge. Et, singulièrement dans ce film, la salle de cinéma, obscurité propice (...) La Mauvaise Education est une magnifique enquête sur l’imagination. Celle qui permet de changer de sexe et de vie, au risque d’en mourir, celle, pas moins aventurière, qui pousse à faire des films et à en vivre. La Mauvaise Education est un film libéré. D’un fardeau ? D’une peine ? Le fait est que dans ce film l’enfance pèse presque aussi lourd que les souvenirs d’une époque où l’épouvante de l’éducation catholique n’avait rien à envier à la terreur politique.
La réussite c’est que, de tous ces poids, Almodovar fait un lest dont il allège son film au lieu de le faire couler. La Mauvaise Education n’est pas une comédie musicale, bien qu’on y rie beaucoup et qu’on y chante souvent. Ce n’est pas un mélo, quoiqu’il faille garder les mouchoirs à portée de main. Et surtout pas une confession (...) Mais alors quoi ? Un parfum de vraie mélancolie, une fragrance de rage adolescente qui persiste quand le film s’en est allé."
Gérard Lefort, 12/05/2004
L'Express
" Les grands cinéastes, ou plutôt les vrais (ce qui est synonyme), s’étripent eux-mêmes puis volent, çà et là, quelques fleurs qu’ils ajout...
" Les grands cinéastes, ou plutôt les vrais (ce qui est synonyme), s’étripent eux-mêmes puis volent, çà et là, quelques fleurs qu’ils ajoutent à leurs secrets. Le secret de La Mauvaise Education ressemble à celui de La Loi du désir, du même Pedro, et à Parle avec elle (quelle palme d'or ce film n’eût-il pas fait !). Il n’y a pas de femmes pour faire de jolies choses. Il n'est que des jeunes gens à jouer les femmes. De quoi perturber les imams, ce qui est de bonne guerre, ces temps-ci. Il est en fait surtout question d’amour si bellement dit.
Un collège, deux enfants qui s'aiment (au point, quand l’un est goal, que l'autre tire à côté des buts !). L'un est devenu metteur en scène et l'autre... vous verrez bien (...) Leurs retrouvailles se passent mal ; puis très bien - au lit-avec toujours l'ombre d'un doute. Celui qui arrive est-il celui qui fut ?
Histoire d'Enrique et d’Ignacio, et du père Manolo, directeur du collège, amateur de la beauté d’Ignaxio (...) C’est également l’histoire d’un monde placé sous la fascination pour Sara Montiel, star sous Franco, un mal soigné par la Movida. Il est difficile d'entrer dans l'intimité d'un créateur sans dévoiler le pot aux sublimes roses qui forment le roncier qui la protège. Nous devons rester dans le vague pour ne pas tout bousiller. Le vague, oui. Le vague à l'âme, dont La Mauvaise Education est la preuve qu’elle existe."
Jean-Pierre Dufreigne, 10/05/2004
Les Inrockuptibles
"Madrid, fin des années 70." C’est la première surprise d’un film qui n’en manque pas : La Mauvaise Education est le premier récit de Pedro...
"Madrid, fin des années 70." C’est la première surprise d’un film qui n’en manque pas : La Mauvaise Education est le premier récit de Pedro Almodóvar raconté à l’imparfait (...) C’est un aspect particulièrement émouvant de La Mauvaise Education. Ce Madrid-là, fixé pour toujours avec la crudité du direct, dans les premiers Almodóvar (Pepi, Luci…, Le Labyrinthe des passions), devient désormais la matière d’une reconstitution rêvée, le lieu fantasmatique d’une jeunesse enfuie. Cet effet de différé (...) n’est pas pour rien dans la gravité un peu amère de cette Mauvaise Education.
A cette reconstitution se greffe une autre période de l’histoire récente de l’Espagne : le franquisme. Le Madrid de la fin des années 70, d’où débute le récit, n’est qu’un tremplin pour un saut temporel plus périlleux, celui remontant jusqu’aux années 60, où se déroule en flash-backs l’enfance des héros. Cette Espagne franquiste condensée dans un internat de garçons, c’est celle de la religion, des mensonges, de l’injustice, de la tyrannie disciplinaire, des pulsions sexuelles refoulées. Un monde de terreurs enfantines, hanté par des ogres tout-puissants (...) A l’origine (de l’existence du héros, de l’enfance du cinéaste), il y a donc ce sentiment d’être né au mauvais moment, dans un monde qui est un cauchemar. Et de cela il est impossible de se remettre.
L’impossibilité de se défaire du passé, son ressurgissement irrépressible dans le présent, c’est le cœur même du récit (...) Il y a le présent et le passé, les souvenirs d’Ignacio consignés dans son texte, puis le film qu’en tire Enrique. Il y a le père Manolo en flash-back, méchant de cinéma despotique et terrorisant, et l’homme qu’il est devenu, pantin pathétique, agité par un désir sexuel sur lequel il n’a pas de prise. Et puis il y a Ignacio, dans tous ses états, en enfant, en adulte, en homme, en femme, et surtout en simulacre, puisque quelqu’un conspire à prendre sa place. Un air lynchien souffle sur cette Mauvaise Education. Quelque chose du régime de réalité se dérobe et chaque individu pourrait n’être que l’alias de lui-même."
Jean-Marc Lalanne
aden
" ... on y retrouve l’essence même, l'esprit de ce qui anime l’auteur de La Loi du désir: la pulsion érotique comme moyen de subversion. Qu...
" ... on y retrouve l’essence même, l'esprit de ce qui anime l’auteur de La Loi du désir: la pulsion érotique comme moyen de subversion. Qui peut prédire le désir de l’autre ? Et même délimiter les détours de ses propres désirs ? Almodovar fonce dans ce labyrinthe (de passions, comme l'indique le titre de l’un de ses premiers films, comme le souligne le dernier plan de La Mauvaise Education). Les histoires qu’il imagine (...) installent des blocs entiers de désirs enflammés. La Mauvaise Educationest ainsi, tour à tour, une fantaisie, un drame et un film noir (...) mais tout cela nourrit un seul feu : l’attraction fatale qu'exerce Gael Garcia Bernalsur le réalisateur qui ne se lasse pas de le filmer comme un objet d'infinie rêverie érotique tel un peintre perdu dans son paysage.
Resplendissant et déchu, homme puis femme, timide puis vengeur, soumis et puissant, créatif et mystificateur, le jeune acteur mexicain n’interprète pas seulement un rôle à multiples facettes mais un pur fantasme soudain fait chair. Son image concentre tous les visages du désir. « Désir » étant aussi, depuis toujours, le nom de la maison de production d’Almodôvar. Laquelle est, ici, dans la fiction, rebaptisée « Hasard ». Personne n'est pourtant plus calculateur et manipulateur qu’Almodovar. Mais si le cinéaste a du génie, c'est qu'il fait passer cela pour d’incontrôlables pulsions. Un paradoxe qui fait tout le plaisir, cette fois, du spectateur, incité à chercher sa propre voie dans le dédale."
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