Pedro Almodovar : " Ce film est une étreinte que j'aimerais faire à tous les spectateurs"
A l'occasion de la sortie de Parle avec elle , le cinéaste s'est livré à l'ironique exercice de l'auto-inter1
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Ivan et Pepa, deux doubleurs, prêtent leur voix aux grandes stars du cinéma et se jurent chaque matin un amour éternel. Mais Ivan quitte subitement Pepa...
Ivan et Pepa, deux comédiens de doublage, prêtent leur voix aux grandes stars du cinéma et se jurent chaque matin dans la pénombre du studio un amour éternel. Mais Ivan abandonne subitement Pepa. Celle-ci va mener son enquête et découvrir la double vie de l'homme qu'elle aime...
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" Pourvu qu’on ait accepté son « pourquoi pas ?» de départ, comme au meilleur des Marx Brothers, comme aux temps de la sophisticated comedy
" Pourvu qu’on ait accepté son « pourquoi pas ?» de départ, comme au meilleur des Marx Brothers, comme aux temps de la sophisticated comedy (Lubitsch-Wilder dans la coulisse du décor), comme dans un roman-photo piraté par les Nuls, tous les coups sont permis, surtout les plus invraisemblabes. Tiens, au hasard, dès qu’elle file dans Madrid pour pister son amant fuyard (sur des talons aiguilles inhumains), Pepa tombe toujours sur le même taxi. De prime abord, tout à fait ordinaire. Mais à l’intérieur, c’est à la fois Lourdes le jour de la Sainte-Bernadette, un salon de coiffure spécialisé dans le Régécolor, la salle d’attente d’une parapsychologue (toute la collec des Hola), une loge de concierge indic (on n’est pas sûr, mais il nous a semblé apercevôir sur la plage arrière, le fameux toutou en feutrine qui hoche de la tête au moindre cahot) et l'antichambre d’un claque pour employés du tertiaire (entièrement doublé fourrure façon léopard). Au volant, sous une frise de porte-clefs, le chauffeur (Guillermo Montesinos), une très fausse blonde (j'ai encore merdé mes racines), tout a fait catastrophé quand il réalise qu’il manque du collyre dans sa trousse First Aid. Voyez le genre ? Nous, ça nous déclenche. Mais, rassurez-vous, on est bonnes copines, tout ça ce n’est que broutilles dans le crescendo de cingleries qui ricochent de tête-à-queue en coq-à-l’âne, jusqu’à une tentative de carnage à l'aéroport international de Madrid."
" Enfant de la movida nourri aux telenovelas, Pedro Almodóvar a toujours revendiqué un goût pour l’artifice aux grosses ficelles et ne s’est
" Enfant de la movida nourri aux telenovelas, Pedro Almodóvar a toujours revendiqué un goût pour l’artifice aux grosses ficelles et ne s’est jamais vraiment préoccupé de la vraisemblance de ses scénarios. Le désordre qui parcourt ses premiers films marque souvent le rejet d’un ordre bien-pensant et ses personnages – très typés, voire stéréotypés – sont à l’exact opposé d’un modèle de conformisme bourgeois hérité de quarante ans de franquisme. Femmes au bord de la crise de nerfs, réalisé en 1988, est une belle synthèse des motifs esthétiques et des thèmes qui ont jalonné la première décennie d’activité du réalisateur espagnol. (...)
Comme dans La Loi du désir en 1987 puis dans La Mauvaise Éducation ou Étreintes brisées ces dernières années, la mise en abime et le factice sont ici au centre du dispositif. D’ailleurs, Femmes au bord de la crise de nerfs s’ouvre sur la maquette d’un immeuble tandis que la voix-off de Carmen Maura annonce vivre dans cet endroit, nous projetant d’entrée de jeu dans un monde en parallèle de toute représentation réaliste. Il n’est peut-être plus question de théâtre (le projet étant librement inspiré de La Voix humaine de Jean Cocteau) mais Pepa n’est pas moins actrice de doublage et rejoue, au gré des événements personnels qu’elle traverse, un rôle aussi mythique que celui tenu par Joan Crawford dans Johnny Guitar de Nicholas Ray.
Revisités, les dialogues originaux sont alors pourvus d’un double sens à effet grossissant, faisant du septième art un miroir déformant capable d’aspirer (ou de transcender) la réalité. Célébration du faux pour prêcher le vrai, le film ne s’encombre d’aucune justification sur la résolution de certains nœuds scénaristiques (des policiers endormis aux somnifères, une jeune femme complice d’un attentat chiite, etc.) et préfère repeindre la réalité de couleurs prononcées mais toujours signifiantes (le jaune pour la passion, le rouge pour la mort)."
" Cette comédie madrilène est le film-événement de ce début d'année. Les dix premières minutes sont impressionnantes : rapidité d'exécution
" Cette comédie madrilène est le film-événement de ce début d'année. Les dix premières minutes sont impressionnantes : rapidité d'exécution, rythme impeccable, originalité des cadres, sens de l'observation. Dans les coulisses d'un auditorium, deux comédiens de la télévision locale prêtent leur voix à Joan Crawford et Sterling Hayden pour la version espagnole de Johnny Guitar de Nicholas Ray, l'un des plus beaux films du monde. Ces acteurs sont amants et profiteront de cette joumée-là pour rompre bruyamment — et douloureusement — du côté féminin, d'où les larmes, d'où les nerfs, d'où la crise. Léger, grave, burlesque, parfois tout à fait bouffonne, l'ouverture de Femmes au bord de la crise de nerfs est éblouissante. Ces minutes d'euphorie écoulées, on éprouve alors un imperceptible mais bien réel sentiment de frustration, un malaise diffus comparable à ces états comateux qui succèdent à une ivresse ou à un surcroît de médicaments dopants. On se demande alors par quel tour de passe-passe on a pu croire un instant que l'on pouvait post-synchroniser aujourd'hui en Espagne un classique du cinéma hollywoodien des années 50. Cet anachronisme n'est pas grave, mais il apparaît pourtant comme une pierre d'achoppement qui risque bien d'en révéler quelques autres.
L'humour, la fantaisie, l'insolence qui menaient l'action à vive allure commencent alors à s'essouffler, à ressasser les mêmes tics, à produire des figures rhétoriques. Le plateau change de couleur, mais on nous repasse les mêmes plats. La matière cinématographique, si neuve d'abord, relève bientôt de l'esthétique du ramasse-miettes. C'est amusant encore quelque temps, cette accumulation de tous les poncifs de la publicité, du vidéo-clip, du théâtre de boulevard, de la comédie de situation, du gag télévisuel. Mais cet art attrape-tout irrite dans la mesure où les dons d’Almodovar s'épuisent à tant tourner sur eux-mêmes, exténués, au bord du vide. On a l'impression de voir le spectre du réalisateur hagard et comme hébété au milieu de son bric-à-brac après en avoir été un instant le maître d'œuvre inspiré. A quoi bon tout cela ? Quel profit en tirer ? L'événement médiatique de ce début d'année au bout du compte déçoit. On s'en irrite parce que Pedro Almodovar, doué comme il l’est, vaut beaucoup mieux que tout ce bruit pour pas grand-chose. Et rappelons pour finir le mot de Ravel à propos d'une œuvre de jeunesse de Francis Poulenc : « Il a tous les dons, pourvu qu'il travaille ! »
" C’est fou comme les bons films peuvent me mettre de bonne humeur ! Surtout ceux-là, signés Jarmusch, Frears, Luchetti, Almodovar, qui n’h
" C’est fou comme les bons films peuvent me mettre de bonne humeur ! Surtout ceux-là, signés Jarmusch, Frears, Luchetti, Almodovar, qui n’hésitent pas à me prendre par la main et m’installer tranquillement au cœur de la belle folie d’exister.
Ils sont vraiment « bons » avec moi ces films, prévenants, amicaux, généreux comme des vins, ou comme des chairs de femme. Soucieux avant tout de me captiver, ils se contentent de me faire goûter au passage, comme un alcool coloré, odorant et chaud, la philosophie qui les sous-tend.
Philosophie qui me dit d’abord son amour du réel, beaucoup plus que son goût du réalisme, et sa passion de la vérité débarrassée du moindre souci de la vraisemblance. Il s’agit, me semble-t-il, pour les meilleurs cinéastes d’aujourd’hui de nous proposer la réalité, désordonnée, Fiévreuse, incendiée, insensée, incendiaire, crevante à la fois de drôlerie et de pathétique obsessionnel, comme un bain salvateur, maternel ou matriciel selon vos préférences.
Je me suis longtemps demandé si la réalité était une mère ou une marâtre. Je sais à présent que c’est une « femme au bord de la crise de nerfs », qu’elle est excédée, qu’elle ne trouve pas le sommeil, qu’elle attend désespérément un coup de fil de son amant, qu’elle est une créature sublime de vitalité et d’humour — la féminité même ! — trompée par un crétin qui lui préfère une andouille d’avocate féministe.
Ne croyez pas que je délire, je résume le Film de Pedro Almodovar.
Pepa (Carmen Maura) lorsqu’elle nous apparaît n’est pas belle à voir. Elle se réveille d’un rêve anxieux où elle a vu son imbécile d’Ivan, l’homme qui vient de la quitter, se prévaloir de son micro d’animateur télé, et de ses tempes grisonnantes pour séduire des femmes de différentes sortes — putes, geishas, bourgeoises, que sais-je... — mais toutes soigneusement étiquetées selon les canons anciens de la séduction féminine.
Or, Pepa ne ressemble à aucune autre femme. Elle est digne de la réalité qu’elle incarne en cela qu’elle est double, merveilleusement, aussi forte que vulnérable, aussi généreuse qu’égoïste, pleine de bon sens et capable des pires excès, accordée à la forêt de plantes vertes qu’elle arrose à grande eau sur sa terrasse et fascinée en même temps par la violence d’un incendie qu’elle vient d’allumer accidentellement sur son couvre-lit.
« C’est une histoire de femmes, dit Carmen Maura à Ange-Dominique Bouzet qui l’interroge pour Libération. Et nous sommes en train de devenir à la mode.,. Pedro est quelqu’un qui est tout de suite de plain-pied avec les femmes, il les comprend comme personne. Tu peux tout lui dire. »
L’histoire de Carmen et de Pedro, telle que je la reconstitue à travers des articles de journaux, est magnifique en elle-même.
Lui, ex-séminariste, ex-employé à la compagnie du téléphone, déçu donc symboliquement aussi bien par l’esprit de la communion que par les instruments de la communication, en quête d’autre chose depuis toujours, longtemps fauché, réalisant néanmoins ses courts métrages en Super-8 en passant le plus clair de son temps au fin fond de la nuit dans les bars et les boîtes de Madrid, là où la réalité se dénude et se laisse appréhender plus profondément à la faveur de l’alcool, de la fatigue et du désir.
Elle, Carmen Maura, ex-demoiselle de bonne famille, puis jeune femme du meilleur monde, mère de deux enfants, directrice de galerie d’art. Elle a tout largué un beau jour, son « mari moderne », ses gosses, son argent, pour devenir actrice et pour vivre aussi mal que possible de ses premiers cachets à deux cents pesetas. « Je me demande encore, dit-elle en parlant de Pedro, comment nous nous sommes aussi vite liés, en étant aussi différents. A ce moment-là, il était en plein dans sa phase la plus folle, avec tout ce milieu de la nuit que je ne connaissais pas, ses films en Super-8, etc. Il me semblait sortir d’un autre monde, jamais je n’avais rencontré quelqu’un comme lui, il me faisait rire, je le trouvais formidablement drôle... »
Plus je vais et plus je vois comment nos trois émotions primordiales, la peur, le désir et le rire, sont liées les unes aux autres. Ceux qui ne savent pas rire ne savent pas aimer, et ceux qui ne savent pas que leur désir est fait de peur ne savent rien.
Pedro et Carmen savent tout ça et ils en jouent comme des grands d’Espagne.
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