Une hirondelle fait le printemps du Wu Xia Pian
Combats virevoltants et audace héroïque ont porté le genre du "Wu Xia Pian" aux sommets des box offices as...
Après avoir perdu un bras, Lei Li renonce pour toujours à se battre. Mais un jour des hommes tentent de violer son amie Pa Chao. Il doit alors se venger.
Dans une Chine ensanglantée par les guerres de clans, Lei Li est accusé à tort du vol du trésor du clan du Tigre. Pour juger de son innocence, Lung, que tous prennent pour un homme sage, lui propose un combat à l'issue duquel le perdant aura le bras droit tranché. Lung gagne par traîtrise et Lei Li s'inflige la mutilation promise. Un an plus tard, Lei Li travaille dans une auberge avec ses meilleurs amis, Pa Chao, la fille de l’aubergiste, et Feng, un guerrier sans maître. Mais un jour, les hommes du Tigre tentent de violer Pa Chao. Feng et Lei Li cherchent alors à se venger.
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" Il y a plus d'une fois l'occasion de se tordre de rire devant la Rage du tigre, sa philosophie martiale traînant avec
" Il y a plus d'une fois l'occasion de se tordre de rire devant la Rage du tigre, sa philosophie martiale traînant avec elle quelques perles. Il serait dommage d'être sourd, quand on entend des sornettes zen aussi définitives que «c'est le vieux gingembre qui pique le plus», ou encore «boire quand on est mélancolique rend encore plus triste». Les gens qui ont conçu cette baston philosophe ont toujours un alcool de riz d'avance sur nous.
Néanmoins, La Rage du tigre est grand pour d'autres raisons, même si guère plus avouables : on y massacre à tout bout de champ avec une maestria rarement égalée. Ce film a assis la réputation des Shaw Brothers, les frères Tang du cinéma kung-fu, leur suprématie sur le genre ayant, pour beaucoup, commencé là, en 1970, avec ce film qui augure un va-et-vient entre le cinéma américain et le cinéma de Hongkong dont on fait encore les frais.
En 1969, Sam Peckinpah, pape amerloque de l'ultraviolence, décroche le pompon maniériste en coiffant sa Horde sauvage d'un apogée final en montage éclaté et ralentis esthètes. L'afterchoc asiatique d'une telle bravade ne se fait pas attendre : conscient du potentiel qu'un tel découpage du temps, aussi bien dans l'espace que dans le lard, pourrait fournir au cinéma de sabre, les Shaw commandent à Chang Cheh une adaptation d'un conte ancestral racontant les exploits de Lei Li, un guerrier solitaire qui, à la suite d'un pari perdu, a promis de se couper le bras (...)
Obi-Wan Kenobi, où es-tu ? Eh oui, c'est déjà en herbe la tragédie grecque revisitée par Star Wars. Stylistiquement en revanche, ce qui s'invente là, c'est tout simplement le «grand cinéma du corps», jouissif et félin, celui qu'explorent depuis, avec un acharnement chorégraphique qui force le respect, les Johnny To, John Woo, Tsui Hark.
Trente-cinq ans séparent la Rage du tigre des Kill Bill, du tenancier de vidéoclub Tarantino, ou de l'aveugle Zaitochi, du Japonais Kitano : on ne les sent pas vraiment.
Mais ce qui sidère, à revoir aujourd'hui cet opus séminal, c'est la légèreté, l'insolence, avec laquelle il s'empare du genre. En inventant un cinéma de danseur acrobate, en filmant les combats à la toupie, il crée un kung-fu pop, presque funky.
La BO mélange toutes sortes d'influences, sans se soucier des lourdeurs historiques : rythmiques blaxploitation, groove seventies cuisiné à la thaï pop. Le poids du costume n'embarrasse pas Chang Cheh. Comme une cerise sur la boule coco, le dossier de presse nous renseigne sur cette cotation technique : le film est tourné en «Shawscope». Accidentelle poésie, on vous dit."
" Le premier plaisir qu’offre le cinéma d'action de Hongkong est cinétique. C'est l'euphorie toute sim
" Le premier plaisir qu’offre le cinéma d'action de Hongkong est cinétique. C'est l'euphorie toute simple que suscite le spectacle de corps dont les mouvements sont affranchis des contraintes qui pèsent sur le commun des mortels. Naguère, les étoiles du kung-fu ou du sabre surmontaient ces pesanteurs à force de travail, aujourd’hui câbles et trucages numériques leur prêtent main forte. Or le cinéma de Chang Cheh, auteur en cours de réévaluation (...), est tout entier tourné vers la douleur.
Auteur singulier dans l'histoire de la Shaw Brothers, le grand studio de Hongkong, Chang Cheh était passé maître dans la peinture d'une violence absurde et vaine.
Bien sûr, ses héros sont des virtuoses capables d'exploits étourdissants, mais à quel prix. Prenez le cas du jeune Lei Li, le héros de La Rage du tigre : étoile montante du combat au sabre, Lei Li a mis ses talents au service de la veuve et de l'orphelin.
Un jour, son chemin croise celui de Maître Long, qui dissimule sa fourberie sous son statut de sage. Au terme d'un duel spectaculaire, Lei Li, défait, est obligé d'en payer l'enjeu : il se coupe un bras et devient serveur dans une auberge. C'est là que son passé viendra le rechercher, pour le mener jusqu'au combat final, qui le voit éliminer d'une main une horde d'assassins qui viennent de dépecer son meilleur ami. Le titre original de La Rage du tigre se traduit par « Le Nouvel Epéiste manchot ». Cette description clinique convient mieux à l'atmosphère étouffante du film de Chang Cheh que la rage d’un tigre qui se contente de conférer son nom au manoir où se réunissent les séides de Maître Long.
Le héros est nouveau parce qu'il est l'héritier d'une longue lignée de combattants mutilés, dont la figure se retrouve, sous une forme ou sous une autre, dans la plupart des mythologies guerrières (notamment le roi pécheur des légendes arthuriennes). Mais sa nouveauté tient aussi à l'originalité radicale du film de Chang Cheh. Lei Li n'a d'héroïque que sa fonction dans le récit. Bien sûr, il affronte les forces du mal ; bien sûr, il se range aux côtés des opprimés, mais avec quelle indifférence affichée, avec quel dégoût pour le travail qu'il doit accomplir !
David Chiang lui prête un maintien d'adolescent boudeur. Même quand on le voit exécuter des tâches serviles, que sa virtuosité de manchot transforme en numéro de cirque, il ne se dégage rien d'autre de la séquence qu'un sentiment d'enfermement, d'aliénation... "
« Chang Cheh (1924-2002) fut l'un des plus prolifiques et flamboyants cinéastes des studios Shaw Brothers. Son goût
« Chang Cheh (1924-2002) fut l'un des plus prolifiques et flamboyants cinéastes des studios Shaw Brothers. Son goût pour la violence et les récits de vengeance a entaché son travail d'une réputation d’artiste mécréant et de mercenaire, tout en encourageant un véritable culte autour de son œuvre. Chang Cheh se plaisait à entretenir cette image en se définissant lui-même comme “un marchand de violence”. Comparable à Sam Peckinpah aux Etats-Unis ou à Corbucci en Europe, Chang Cheh se distingue des autres grands cinéastes du wu xia pian (film de cape et d'épée chinois) : il donne libre cours à ses obsessions sadiques et à un homo-érotisme qui s'incarne dans des histoires d'amitié virile. Il s'entoure ainsi de jeunes acteurs éphèbes à la beauté froide, qu'il utilise de film en film (le fameux couple formé par David Chiang et Ti Lung, sans doute à son zénith dans La Rage du tigre). Il invente un fétichisme de l'arme blanche et abuse des métaphores sexuelles organiques, comme l'amputation des membres ou les jets de sang.
Chang Cheh a beaucoup tourné, sans doute trop, mais on retient de sa filmographie une dizaine de titres comptant parmi les chefs-d'œuvre du wu xia pian ou du film de kung-fu. A partir de 1967, il signe trois différentes versions des exploits du Sabreur manchot, figure légendaire de la culture chinoise, qui rencontrent toutes un succès fabuleux. Grâce à Un seul bras les tua tous (One-Armed Swordsman), Jimmy Wang Yu, dans le rôle-titre, accède au rang de vedette du cinéma d’arts martiaux. Le film connaît une suite, Le Bras de la vengeance (The Retum of the One-Armed Swordsman), en 1968, avec le même acteur.
La Rage du tigre (The New One-Armed Swordsman), trois ans plus tard, est le remake paroxystique du premier film, dans lequel Chang Cheh et son scénariste transgressent certaines lois du genre qu'ils ont eux-mêmes érigées. Exit Wang Yu, fâché avec la Shaw Brothers, remplacé avantageusement par David Chiang. Le film supprime les récits de complots de palais - ainsi que l'histoire d’amour et les relations complexes avec les femmes au cœur du titre original - pour se concentrer sur les trois thèmes cruciaux du cinéma de Chang Cheh : la vengeance, la violence et l'homosexualité.
Dans ce film-symptôme, le cinéaste décline ses obsessions en une série de moments inoubliables et de morceaux de bravoure (la mort de Ti Lung, coupé en deux, ou l'assaut final dans lequel le héros anéantit à lui seul une armée, sur le pont d'une forteresse).
Célèbre dans le monde entier pour sa cruauté et sa démesure, La Rage du tigre est un des plus grands classiques du film de sabre chinois, mais il exprime surtout la quintessence du cinéma de Chang Cheh, pour ne pas dire sa folie. »
Ciné Phil au sujet de
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