Chronique de la vie d'un tueur en série, longtemps traqué par la police dans le Japon des années 1960.
Dans les années 1960, chronique de la vie d'un tueur en série et escroc, Iwao Enoziku, depuis son premier meurtre jusqu'à sa capture. Poursuivi à travers tout le Japon, il parvient à échapper longuement à la police, qui le traque sans relâche. Le film d'Imamura est l'adaptation d'un roman de Ryuzo Saki, qui s'inspire lui-même du véritable meurtrier Akira Nochiguchi.
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" Ce film, qui mérite un enthousiasme sans réserve, est à la fois fascinant et terrifiant. (…) Il faudrait dire plutôt que c’est une peint
" Ce film, qui mérite un enthousiasme sans réserve, est à la fois fascinant et terrifiant. (…) Il faudrait dire plutôt que c’est une peinture sociale, une radiographie du Japon d’après-guerre, comme du reste la plupart des films de Imamura. Ceci à travers une étude très poussée de deux milieux précis. D’une part, la famille de Enokizu, l’assassin : famille catholique et dont, à ce titre, les coutumes, le système de valeurs sans cesse battues en brèche par la force de l’instinct, forment la trame d’une observation presque ethnographique. D’autre part, l’auberge-maison de passe où Enokizu vient se réfugier durant sa fuite et vivre des relations complexes entre la patronne, qui devient sa maîtresse, et la mère de celle-ci qui, comme lui, est une meurtrière. Deux milieux marginaux, aux franges de la société normale à laquelle ils tendent un miroir impitoyable.
Dire encore et surtout que c’est une étude pathologique, le portrait en profondeur d’un assassin au comportement irrationnel. Mais il faut alors préciser qu’il s’agit d’un constat et non d’une explication. Nous ne connaitrons jamais les motivations de Enokizu lorsqu’il tue (et lui non plus, d’ailleurs, il l’avoue lui-même), mais seulement ses gestes, sa manière de bouger, de faire l’amour, de tuer. Comment se passe un meurtre, physiquement. Le « pourquoi » se dérobe, mais rien ne nous est dissimulé du « comment ».
Car, bien que le héros soit présent dans la plupart des scènes, La Vengeance est à moi n’est pas un film subjectif (comme, par exemple, Taxi driver), mais au contraire parfaitement objectif. Clinique, presque. Imamura a voulu nous montrer un grand criminel, mais en respectant constamment cette distance qui, sans atténuer l’intérêt, interdit l’identification et le pathétique. Distance respectueuse, si l’on veut, grâce à quoi l’œil du cinéaste accommode avec une absolue netteté. N’exclut ni ne privilégie rien.
Encore mal connue en France, l’œuvre de Imamura se partage entre le documentaire et la fiction et, le plus souvent, mêle étroitement les deux. C’est le cas ici. La Vengeance est à moi est un documentaire glacial sur le chaos, sur le mal, sur la déperdition de l’énergie. Il entretient une tension de plus en plus pénible, que de furieux accès de violence ne parviennent pas à résorber, mais au contraire relancent, jusqu’à la mort du protagoniste — qui n’est pas montrée dans le film.
(…) Pour être poétique, il suffit à l’observation du réel d’être précise, c’est-à-dire complexe, contradictoire. A l’image, ici, du comportement du héros, qui n’a pas de cohérence. Tout simplement à l’image de la vie."
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