"... Le truchement de ces regards étrangers autorise Winterbottom à dresser de beaux tableaux de lieux et de paysages. L’attitude de Jay, mêlant au cours de ces visites fierté, agacement et condescendance, place à distance le pittoresque de cartes postales au profit de l’affleurement d’un état d’esprit, urbain et tourné vers le monde. Trishna n’est pas dotée des mêmes moyens. Sa famille ne vit pas dans le dénuement mais se tient si près du bord qu’un coup du sort peut à tout moment l’y précipiter. Ils vont s’envoûter l’un l’autre dans le sortilège de l’amour sans que toutes les frontières du réel s’abolissent. Jay proposera d’abord à Trishna un emploi mieux payé dans l’un des palaces de son père. La jeune fille, privée de scolarité par absence d’école à proximité autant que par nécessité, empruntera cette voie d’émancipation. Et respirera les promesses du jeune homme comme le souffle même de l’existence.
Une véritable saga nous sera contée en un découpage rapide, conforme au fond, aux périodes narratives de Thomas Hardy.
Fasciné par la complexité de ses personnages et les vibrations des structures sociales qu’induisent leurs désirs et comportements, Michael Winterbottom avait déjà adapté un autre des romans de Hardy Jude l’obscur (Jude 1996). Ici tout va s’emballer au fil de péripéties qui semblent mues de leurs forces propres, confiant au mélodrame intime l’étoilement de résonances plus profondes d’une société en mouvement.
Jay, de dérobades en trahisons, jouira du pouvoir et de l’argent jusqu’à la cruauté. Trishna, elle, lui a donné sa vie, à hauteur du prix du sang."
Dominique Widemann
Un voyage magnifique au coeur de la société indienne qui donne à voir les contrastes entre sa modernité et sa féodalité . Une histoire d amour et de servilité... Lire la suite
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Trishna