"Cinéma pour adultes" : l'œuvre de Munk
Dans la revue Jeune cinéma, en novembre 1964, le critique Jean Delmas rendit hommage au cinéaste disparu en analys1
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Le vieil Orzechowski se trouvait sur la voie, ce soir-là, quand est passé le train. Un accident ? Les témoignages sur la vie du cheminot sont contradictoires...
Un rapide fend la nuit. Soudain, le mécanicien aperçoit un homme sur les rails. Il freine, mais trop tard : on retrouve sur la voie le corps massacré du vieux cheminot, Orzechowski. Commence alors une enquête pour comprendre si c’est un accident ou un suicide. Mais les témoignages contradictoires se succèdent et la vérité apparaît de plus en plus impénétrable.
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"... La première partie d'Un homme sur la voie est aussi fondée sur la logique du travail montré. Chaque phase du boulot sur la locomotive —
"... La première partie d'Un homme sur la voie est aussi fondée sur la logique du travail montré. Chaque phase du boulot sur la locomotive — décrit de façon très technique — est une étape du conflit idéologique et psychique entre le mécanicien de la vieille école et ses aides qui s'efforcent, suivant le nouveau mot d'ordre du Parti, de consommer le moins de combustible possible.
L'accent mis sur la compétence professionnelle et la limitation de la vie humaine à son seul travail renouvellent magnifiquement la dramaturgie cinématographique de l'opposition.Mais Un homme sur la voie apparaît, en son milieu, comme le pivot de l'œuvre de Munk : à cette description très précise de la vie ferroviaire — qui ridiculise The Train (France 1964) de Frankenheimer — tout à fait dans le ton des films précédents, se superpose le film-question, qui définira l'œuvre à venir.
Le cheminot Orzechowski est écrasé par le train de son ancien aide Stasiek qui allait dérailler, les signaux n'étant plus en place. On soupçonne Orzechowski de les avoir déplacés pour se venger de son limogeage à la suite du conflit idéologique précité.
Trois retours en arrière : une première enquête rapide, menée par le responsable local, établit sa culpabilité ; mais le long témoignage de Stasiek l'innocente. Une dernière enquête révèle qu'Orzechowski s'était jeté sous le train pour l'arrêter avant l'inévitable déraillement.Le film avait été tourné cinq mois avant le début du révisionnisme, déjà dans le vent en Pologne, et la fin du Stalinisme, rendu responsable : mieux, vaut la compétence du dissident qui sacrifiera sa vie que la fidélité bêbête du mouton qui sacrifiera celle des autres par une faute professionnelle.
L'audace est grande ; l'été 1961, notre organisme d'Etat, l'U.G.C, n'aurait pas envisagé un instant de filmer le scénario équivalent : un vieux sous-officier refuse d'exécuter une mission de nettoyage en Algérie. Limogé, il se jette sous le convoi de son successeur, qui s'arrêtera quelques centimètres avant la mine inaperçue...
De même Eroica et De la veine à revendre auraient été interdits à la demande respective du ministère des Anciens Combattants et de celui de l'Intérieur, et La Passagère aurait été boycottée par notre C.G.T. qui interdit le tournage des mémoires d'un général nazi.
Comme dans The Barefoot Contessa (La Comtesse aux pieds nus de l'américain Mankiewicz, 1954), certains plans sont repris et corrigés : au premier récit, l'éloignement du narrateur nous empêche d'entendre ce qu'un tiers dit à Orzechowski après que ses aides se soient publiquement déclarés contre sa vieille méthode et juste avant qu'il ne proclame son opposition à la nouvelle conception ferroviaire du Parti.
Le deuxième récit, fait par un narrateur plus proche, nous révèle ces paroles cachées : « Tu te laisses donner des ordres par tes aides. » Et nous comprenons que cet interlocuteur n'est autre que l'émissaire de Tuszka, chargé de durcir la position d'Orzechowski afin qu'il soit plus facile de l'éliminer ensuite...
Cette œuvre en évolution constante, où le savoir, comme dans la vie, ne se fait que par l'effort de la conscience et ses approximations successives — d'où le suspense et notre passion — est diminuée cependant par le manque de familiarité du documentariste Munk (et peut-être aussi des réalisateurs polonais d'alors) avec le film psychologique et la direction d'acteurs.
Les seconds rôles, le garde-barrière surtout, sont représentés d'une façon traditionnelle et typée qui convient mal à la nouveauté du principe de l'œuvre. Le jeu, excellent dans la description du travail, est insuffisant dans les discussions. L'atmosphère formelle, très lourde, oppressante, correspond bien à la Pologne d'alors, mais surenchérit inutilement sur la réalité. Une description purement réaliste eût été moins artificielle..."
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