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Un prêtre, une prostituée, deux aventuriers et une jeune fille fuient une ville en état de siège. La folie et le meurtre menacent bientôt le groupe.
Dans une ville frontalière du Brésil, la révolte gronde : on vient d'annoncer la nationalisation des mines de diamants. Accusés d'être à l'origine du soulèvement, un aventurier et un prospecteur sont contraints de fuir par la mer. Sur le bateau, ils retrouvent une prostituée et un prêtre croisés un peu plus tôt... Un film d'aventures franco-mexicain signé par l'auteur du "Chien andalou" avec des dialogues de Raymond Queneau : à redécouvrir !
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" Luc Moullet, dans les Cahiers du cinéma (no 64), parlait d'un mélange de Sade et de Bernanos pour suggérer la luxuriance narrative de Buñ
" Luc Moullet, dans les Cahiers du cinéma (no 64), parlait d'un mélange de Sade et de Bernanos pour suggérer la luxuriance narrative de Buñuel. ça nous rappelle que Moullet, merveilleux cinéaste, est aussi un grand critique.
Buñuel, comme Flaherty, appartient à la tradition des grands documentaristes pervers qui ont poursuivi, presque à eux seuls, l'école initiatique de Louis Lumière, seul documentariste innocent de l'histoire du cinéma, figure par laquelle s'invente un art instantanément trahi, instantanément défiguré, pour le meilleur (le génie du cinéma classique) et pour le pire (la naissance d'une industrie payante), le pire et le meilleur étant à jamais, on le sait aujourd'hui, inextricablement liés. Ils ont inventé des Eskimos, des hommes du Sud, des insectes. Ils ont inventé des belles de jour et des gouapes de nuit, des sauvages sublimes. Des miroirs, des rivières, des lacs. Ce sont deux polymorphes, deux marabouts, deux saints. La mort, en leur jardin, nous est plus douce."
" Dans un décor hostile, dans des circonstances exceptionnelles, des personnalités très différentes s’affrontent. C’est le sujet de La Mor
" Dans un décor hostile, dans des circonstances exceptionnelles, des personnalités très différentes s’affrontent. C’est le sujet de La Mort en ce jardin, sujet très bunuelien, puisque derrière chaque personnage apparaît sa critique faite par le réalisateur de l’Age d’Or. En effet, Bunuel ne laisse jamais vivre ses personnages en dehors de lui, ils ne le guident pas, il les guide. Nous ne suivons pas des actes d’hommes et de femmes pris au hasard, nous pénétrons dans la vision de Bunuel qui, lui, regarde en jugeant ses personnages qu’il a choisis tels et qu’il a placés dans de telles situations pour mieux exprimer les idées ou plus simplement et plus essentiellement la vision qu’il a du monde. Vision toute en devenir, car elle intervient dans l’action pour en changer le cours, pour porter aux spectateurs des germes aptes à renouveler leur vie, à leur faire prendre conscience, à leur tendre les armes pour qu’ils puissent, eux, à leur tour, changer leur action.
(…) Eclairés par l’aveuglante et merveilleuse lumière de la lutte sociale, les personnages de Bunuel nous sont présentés sans faux-fuyants, sans faux tourments psychologiques.(…) Tous ces personnages, plus la fille sourde-muette de Castain, se trouveront perdus dans la jungle. Obligés de fuir, ils connaîtront la faim et les angoisses de la mort.
C’est dans ces circonstances que deux façons de vivre s’opposeront : l’athéïsme et la religion. L’athéïsme, c’est-à-dire la confiance en l’homme, le refus de l’hypocrisie, la joie, est représentée par Charck à qui viendront se joindre, révélées à elles-mêmes par la souffrance, la putain et la sourde-muette, naïve et pure. La religion est représentée par le curé et Castain qui, moins jeune que le premier, moins instruit et intelligent, ne tarde pas à sombrer dans la folie mystique, aboutissement logique de toute croyance extra-terrestre. Castain est un personnage simple, sa croyance en Dieu le mène à tuer, à refuser la vie.
Beaucoup plus complexe est le curé Lizardi. Bunuel ne faisant pas d’anticléricalisme l’a voulu sympathique. Ce n’est pas le curé odieux tel que nous le rencontrons chaque jour, il est l’exception, et c’est justement par là que les faiblesses de son raisonnement, la bêtise de ses croyances, les contradictions de sa foi, deviennent plus visibles.
(…) De quelque côté qu’on le prenne, ce film est un admirable cri d’affirmation de l’homme, donc une négation totale, absolue, de la mystique religieuse. Ceci est la morale de Bunuel, la morale la plus éclatante, la plus merveilleuse de tout le cinéma. Mais là ne se limite pas la valeur de La mort en ce jardin, film optimiste comme était optimiste L'âge d'or, car depuis ce film, que je continue à considérer comme la plus éclatante étoile filante de l’histoire du cinéma, Bunuel a évolué.
Certes pas changé, il est resté toujours celui qui tenait les rênes du tombereau traversant le salon, mais évolué dans le plus strict sens de la fidélité envers soi-même. Bunuel, de plus en plus violent, est chaque jour plus calme. Son sadisme libérateur qu’on était obligé d’expliquer pour montrer la tendresse désespérée qu’il cachait, s’est transfiguré en tendresse sadique. En 1932, il n’aurait jamais choisi comme héros un homme « sympathique » dont le métier est « prêtre ».
(…) Enfin, dans La mort en ce jardin, l’homme-curé est surtout, dans les moments de crise, un homme tout court, et c’est par là que ce qu’il représente est définitivement et irrémédiablement détruit. Ce processus de l’anticléricalisme à l’athéïsme le plus merveilleux (qui, soulignons-le, finit évidemment par tuer aussi les curés) s’est fait sans heurts, dans une sorte de crescendo vers la libération absolue de l’homme, vers le changement radical du monde. Il est en effet beaucoup plus essentiel de détruire le « message » du père Lisardi, message capable d’asservir des milliers d’hommes, plutôt que de détruire l’homme Lisardi, qui, après tout, est une victime supplémentaire de la religion, mais une victime consentante et le porteur du virus chrétien.
(…) Je me suis attardé sur le curé Lisardi qui est interprété avec une très grande intelligence par Michel Piccoli, car il présente une importance considérable tant pour le film que pour l’évolution de Bunuel lui-même. De Bunuel qui, après la mine explosive d'Archibald (son film le plus surréaliste de la période mexicaine) avait — je crois — un peu perdu le « ton » dans Cela s'appelle l'aurore.
Dans ce film, il avait servi un admirable sujet en faisant du cinéma français (ce n’est pas un compliment). Avec La mort en ce jardin, fini l’asservissement aux règles. Bunuel s’est « amusé » (c’est un compliment), il a fait ce que lui, le surréaliste de toujours, avait envie de faire avec ses personnages et ses idées, ses images et ses obsessions, ses manies et ses gags. Ses personnages, on les a vus, il les a placés dans un cadre d’aventures où le film habituel d’aventures est détruit au profit du contenu.
La manie de la destruction des clichés, chère à Bunuel, prend ici des proportions gigantesques. Depuis toujours, il a détesté la redite ; ainsi ne pouvant pas montrer des couples faisant l’amour, et voulant éviter les sempiternels baisers cinématographiques, il a, dans tous ses films, détruit les scènes d’amour. Ici, un bâton qui farfouille dans une matière opaque (El grap caballero), là des biftecks qui grillent (El bruto), ailleurs une tortue (L'aurore). De la même sorte, ses scènes d’action choquent toujours par l’intrusion d’un élément étranger à l’action. Il s’agit de l’insolite, eau dans laquelle Bunuel se meut avec une aisance déconcertante.
(…) Faut-il insister sur la permanence des images et des thèmes, sur la fidélité de Bunuel à lui-même, cette fidélité pareille à nulle autre, parce que toujours en mouvement, toujours à la recherche de l’homme Bunuel ? Certaines des images de la jungle sont des collages. La parenté entre Bunuel et Ernst est grande."
" Buñuel sait tenir la carotte sous le nez du spectateur. La carotte, ici, c’est Simone Signoret, une version Arletty de Romy Schneider, qu
" Buñuel sait tenir la carotte sous le nez du spectateur. La carotte, ici, c’est Simone Signoret, une version Arletty de Romy Schneider, qu’il traîne en forêt amazonienne dans un improbable film d’aventures. Nous sommes en 1956. Pendant que Vadim invente la femme sous les traits de Brigitte Bardot, Buñuel, lui, attend de pouvoir se consacrer au film français qui lui tient vraiment à cœur, son adaptation de La Femme et le Pantin, qui n’aboutira que vingt ans plus tard.
Pour patienter, il monte cette Mort en ce jardin sans trop y croire. Après un imbroglio d’une bonne heure qui patauge dans la mangrove, il se lâche enfin et précipite la pute, le prêtre, le repris de justice, le chercheur de diamants et sa fille sourde-muette dans la forêt équatoriale avec la police aux trousses. L’improbable club des cinq se décompose, s’entredéchire, perd tous ses repères. Le grumeleux épisode de Zorro bascule alors vers la méditation fofolle sur le sens de la vie. " La nature n’agit pas selon les lois humaines : elle est aveugle", expliquera-t-il. Par un miracle bunuélien, les désespérés découvrent les décombres d’un avion écrasé et un véritable trésor : tenues de soirées, caisses de champagne, bijoux… La forêt infernale peut se transformer en salon mondain."
" Réalisé en 1956, ce film reste un des sommets de la période mexicaine de Bunuel, longtemps sous-estimée, mais que le metteur en scène l
" Réalisé en 1956, ce film reste un des sommets de la période mexicaine de Bunuel, longtemps sous-estimée, mais que le metteur en scène lui-même considérait comme fort acceptable. Ce n’est pas par hasard que le réalisateur de l'Age d'or s’était fait naturaliser au Mexique, et qu’il y habita jusqu’à sa mort, voici trois ans, alors que l’Espagne lui était largement rouverte (...)
Film aventureux, quasi rocambolesque, mais aussi montée admirable vers la purification et la mort (...)
Georges Marchal, Charles Vanel et Simone Signoret, au sommet de sa beauté, mais fort garce, assurent la partie française et achèvent de faire avec La Mort en ce jardin le plus bel enlisement de notre épopée coloniale ; car la forêt les mangera comme elle a mangé, avant eux, d’autres conquistadores fascinés par le grand espace aux yeux verts."
" Je n’ai pas été tendre naguère pour Luis Bunuel, Cela s’appelle l'Aurore nous l'avait montré sous son plus mauvais jour. Les fumées d'un
" Je n’ai pas été tendre naguère pour Luis Bunuel, Cela s’appelle l'Aurore nous l'avait montré sous son plus mauvais jour. Les fumées d'un anarchisme attardé s’y laissaient à peine border d’une mince frange de poésie visible aux seuls idolâtres. L’auteur du Chien Andalou s’époumone en vain dans la satire. N’ayant pas le sens du trait, il choit dans la froide allégorie, ne démolit que des mannequins, non les êtres ou les idées qu'ils sont censés figurer. C’est le cinéaste le plus sec, mais aussi, à l’occasion, le plus sensuel.
Ses personnages flottent le plus souvent sans consistance, prononcent leur texte comme un enfant récite une fable de La Fontaine, puis, soudain, parmi ces ombres falotes, un objet, un détail des corps ou des visages prennent un poids qui, un instant, nous retient. Ses pires trouvailles sont littéraires, ses meilleures d’ordre plastique, cinématographiques rarement pour qui persiste à croire que cinéma signifie « mouvement ». Cette immobilité-là n’est même pas celle qui naît d’une tension, fait espérer quelque explosion prochaine. Bunuel ne nous réserve-t-il que quelques beaux frontispices épars dans une prose utilitaire ? Soyons justes ; certaines trouvailles sont d’un éclat si vif qu’elles parviennent à colorer l’ensemble, comme c’est le cas ici.
Le film pourtant commence assez mal. C’est un western mené sans cet entrain, cet art du raccourci propres aux maîtres américains. Les militaires sont on ne peut plus conventionnels, ce vieillard amoureux (Charles Vanel), cette fille vénale (Simone Signoret) sortent du feuilleton style 1930. Raymond Queneau (quelle est sa part au juste ?) et Gabriel Arout, les dialoguistes, imitent et font regretter Prévert. Mais la jeune sourde-muette est charmante (Michèle Girardon) , l’aventurier Chark (Georges Marchal), bien qu’un peu boy-scout d’athéisme a les siens) et le Père jésuite excellemment campé par Michel Piccoli ne manquent pas d’étoffe. Leur caractère, s’il est entier, n’a rien, pour autant, de trop schématique. Dans la lutte qu’ils vont mener, on a l’impression que toutes les cartes ne sont pas données d’avance. Chacun a de la ressource et triche quand il le faut. La lutte se fait plus nerveuse. Peu à peu l’intérêt croit.
Et c’est la fuite de cette troupe composite d’abord sur l’eau d’un rio aux beaux ombrages, puis dans l’inextricable verdure de la forêt vierge dotée par l’Eastman color de ses justes nuances, cette végétation pressée, folle, étouffante inspire Bunuel, elle lui offre cette résistance dont sa direction d’acteurs, trop floue, a besoin. Surgissent à une cadence accélérée une série de plans magnifiques, celui où Michèle Girardon prend aux lianes ses longs cheveux, où des fourmis dévorent un boa écorché, où, sans nous avertir, l’image sonore et animée des Champs-Elysées se superpose à la vue d’une carte postale : idées naïves, mais bellement rendues.
Marchal met en valeur ses qualités d’athlète et joue, de loin, son meilleur rôle. Les autres font bonne figure, ou plus exactement mauvaise en un tel pétrin, avec cette conviction qui manquait à Bogart et Hepburn dans l’African Queen. La faim, la fatigue, le désespoir burinent comme il convient les visages, tassent les corps, mettent à nu les fibres. Ce n’est pas Lifeboat ; Bunuel ressemble à Hitchcock comme le pôle Nord au pôle Sud, mais tous deux ont, à des fins différences, un égal amour de l’insolite, une façon de s’égarer hors de leur histoire pour ciseler un détail net dont notre mémoire gardera la trace indélébile. Puis c’est la découverte d'une carcasse d’avion grouillante encore de victuailles, de bagages, de robes, de bijoux, et alors, le délire baroque de notre Espagnol se donne libre cours. C’est du meilleur Bunuel : sur cette scène surréaliste, le dernier acte, sanglant, a grande allure.
La thèse, puisque thèse il y a, est qu'il serait vain de compter sur le ciel. « Dieu seul aura choisi qui il veut punir et qui il veut épargner », dit le jésuite. Les faits se chargeront de lui donner démenti. Mais les faits ont leur ambiguïté. Ces lianes emmêlées nous gardent des solutions simples : à l’espérance chrétienne on n’essaye pas de substituer un optimisme cent fois plus niais. Quand Chark dépose la muette sur le bord du canot, lui fait signe de rester sage et s’en retourne tuer son père, nous sommes effleurés du souffle de cette tragédie que Bunuel, empressé de prouver, manquait chaque fois au passage. Au plaisir trop facile de prendre le contre-pied de l’auteur, fait place celui, plus noble, d’être touché et d'admirer."
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