Page d'accueil
Catalogue
Nouveautés
Courts
KIDS
Séries
Benni, 9 ans, est une enfant violente car négligée par sa mère. Son assistante sociale et un éducateur tentent tout pour calmer ses blessures.
Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu'elle n'arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n'aspire pourtant qu'à être protégée et retrouver l'amour maternel qui lui manque tant. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l'aider à trouver une place dans le monde. Benni a reçu le prix Alfred Bauer à la Berlinale 2019, ainsi que 8 récompenses au Deutscher Filmpreis dont celles du meilleur film, du meilleur scénario et de la meilleure actrice pour Helena Zengel (Benni), époustouflante.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
"Systemsprenger. Que veut donc dire ce terme qui fait le titre original de ce qui s’appelle Benni chez nous ? C&r
"Systemsprenger. Que veut donc dire ce terme qui fait le titre original de ce qui s’appelle Benni chez nous ? C’est ce à quoi répond Nora Fingscheidt, réalisatrice et scénariste, durant tout le film. Un systemsprenger, c’est littéralement une faille du système, une anomalie qui perturbe un ordre établi, pensé comme paisible. Un systemsprenger, c’est ce qu’est malgré elle Bernadette, dite Benni: délaissée par sa mère et atteinte de sévères troubles du comportement, cette jeune fille de 9 ans vit dans un cocon où ses interactions (ou lorsqu’elle est le sujet d’une conversation) ressemblent malheureusement à des scènes de boxe. Et bien que le long-métrage soit sans doute trop long pour ce qu’il raconte, il conserve une fluidité qui étonne perpétuellement; et exploite toute l’émotion qui lui était possible de susciter.
Une scène vers la vingtième minutes du film résume presque à elle seule l’intention générale du projet. Benni est au téléphone avec sa mère qui n’assure plus sa garde parentale. Un hôte de foyer pour enfants en difficultés est à côté de l’enfant. Le plan en question est un plan situé à la hauteur de ses épaules, et elle se trouve seule dans le cadre. Durant cette discussion téléphonique, le bokeh de la caméra vient englober Benni dans une bulle ouatée, abstraite, détruisant toute la profondeur de champ possible pour l’enfermer et exacerber cet aparté. Après avoir appris l’impossibilité de sa mère de se déplacer pour lui rendre visite dans la journée, la jeune fille raccroche.
Vient alors une rupture au montage, puisque ce plan en légère plongée sur elle transite vers un plan de demi-ensemble en courte focale à la profondeur marquée, rectiligne et proche de l’asphalte, où on peut la voir discuter avec son hôte éphémère. Les deux personnages sont à gauche du cadre, écrasé dans ce cadre. La grande majorité spatiale de ce même cadre est en effet occupée par une route, qui vient tracer une diagonale dans le plan, et crée ladite profondeur qui évoque une fuite possible vers un hors-champ inconnu annoncé.
Cette construction scénique précise autant la question de la difficulté relationnelle qu’entretient Benni avec ses compères que l’illusion d’une fuite en avant stricto sensu terrestre. Précisément : le film évoque un double mouvement, qu’il soit social ou physique, dans la réadaptation en société de Benni mais aussi dans le voyage perpétuel qu’elle entreprend, dans l’espoir de trouver un espace fixe de sérénité. Tout le reste du long-métrage présentera les épreuves qu’endurera et/ou franchira cet enfant, qui apprendra donc à s’ouvrir au monde et rompre sa bulle de protection qui la rend violente auprès des autres.
Il n’est donc pas étonnant que le grand point de rencontre de l’enfant avec ses auxiliaires s’esquisse à travers un long plan qui vient chercher les visages d’abord de la jeune fille, puis de son interlocuteur, tous deux de profil et sans aucune coupe. C’est en ce point que Nora Fingscheidt réussit à provoquer une vraie empathie envers cet « enfant sauvage », dont l’appel et la découverte de la nature sont aussi bien une bénédiction qu’un fardeau : quoique parfois réduit à un programme fait de vignettes quelque peu décousues et parfois trop esthétisées, le film émeut par cette identification à la psyché de sa protagoniste, en très grande partie grâce à une grammaire cinématographique très travaillée.
Aussi la partie « sociale » du film, majoritairement filmée via caméra-épaule, vient apporter une porte de sortie au programme éreintant cité plus haut, mais témoigne d’un angle hyper-réaliste du métrage en termes de dialogues et de direction d’acteurs. Loin de tout manichéisme, Benni parvient à également éviter l’écueil doloriste grâce à une gestion des scènes toujours dans un sentiment d’urgence, dans un mouvement permanent qui élude la possibilité d’être lourdingue. Le film anticipe alors un misérabilisme qui aurait été malvenu via cette modification sensible du dispositif.
L’on parvient alors à discerner par cet angle les différents postes sociaux mis en avant dans le film, de leurs méthodes de travail précises jusqu’à la crise de nerfs à cause de cet enfant terrible, grâce à une direction d’acteurs dans le cadre qui permet d’y déceler une vraie hiérarchie via l’espace qu’ils prennent dans la construction des plans. De fait, cela offre une perspective aussi pédagogique, par la segmentation des rôles de chacun, bien qu’ils se retrouvent parfois plus confus, pour le bien des péripéties fictionnelles.
Du côté du casting, difficile de ne pas être admiratif devant la jeune Helena Zengel, qui crève l’écran par sa complexité mais aussi sa recherche de candeur dans un monde qui défile devant ses yeux. Son solide tandem avec Albrecht Schuch (Micha) accroît son animalité et offre une belle catharsis aux deux personnages, à travers des scènes en forêt qui auraient sans doute nécessité une meilleure construction qu’une sorte de montage-clip qui perd en intensité. Mais ces défauts restent minimes : grâce à un vocabulaire stylistique programmé mais simple et entièrement maîtrisé, la réalisatrice de 37 ans réussit à faire de son deuxième film Benni une excellente surprise, bien loin du carcan scolaire que certains exploitent pour des sujets aussi sensibles."
"On pourrait regarder cette petite fille comme une gamine agressive, sans pitié et détestable. Très vite, on per&
"On pourrait regarder cette petite fille comme une gamine agressive, sans pitié et détestable. Très vite, on perçoit à travers Benni la détresse d’une enfant rejetée par sa mère, qui crie sa colère d’un foyer à l’autre ou d’une chambre de psychiatrie à l’autre. En réalité, Benni représente le parcours de nombre d’enfants de l’aide sociale à l’enfance, qui ont subi la maltraitance de leurs parents et se battent pour trouver un peu de sens à leur existence. La rencontre entre cet auxiliaire de la vie scolaire, Micha, et Benni laisse penser que l’essentiel de toutes les mesures éducatives demeure l’amour. Car cette enfant, qui ne joue plus et passe ses journées à hurler et à lutter contre ses pulsions de rage, n’a qu’un seul besoin : celui de se sentir considérée et aimée, comme toutes les personnes de son âge.
Benni est un film rempli d’espoir. Il y a cette médecin psychiatre qui cherche à apporter une explication physiologique aux troubles de la petite, cette assistante sociale totalement dévouée pour lui trouver un foyer stable, cette assistante maternelle qui accueille des enfants difficiles, ou encore cette institutrice militante qui tente de donner la paroles et le savoir aux enfants, et naturellement, cet homme sombre, Micha, dont on perçoit à travers le bleu des yeux que lui-même a subi un parcours analogue. La protection de l’enfance ne se réduit pas à une somme de dispositifs administratifs. La réalisatrice montre avec brio qu’il s’agit d’abord d’une histoire de femmes et d’hommes et du pari que font certains pédagogues : ils croient en la possibilité d’amour et de vie de ces enfants meurtris.
Nora Fingscheidt dissèque le parcours institutionnel et psychique de cette petite fille à la façon d’une sociologue. Elle ne cherche pas à juger cette mère dépassée. Elle regarde les professionnels tenter d’inventer des solutions pour répondre à la détresse incommensurable de Benni. Tous les personnages sont sur le fil, jusqu’à l’horreur de la scène de la patinoire où la violence de la petite fille devient monstrueuse. Justement, la réalisatrice montre avec effroi la façon dont la carence affective peut détruire une personne, jusqu’à développer chez elle des comportements psychopathiques. Nora Fingscheidt ne condamne pas pour autant. Elle constate l’impensable. Ce qui compte plus que tout, c’est la constance des adultes qui se battent pour aider cette petite fille à continuer à tenir debout. On a alors envie de prendre soin d’elle, tout en mesurant qu’elle est capable du pire.
Il est impossible de finir ce propos sans parler de la prestation absolument incroyable de la toute jeune comédienne Helena Zengel. Elle donne vie à ce petit bout de gamine, totalement déstructurée par le manque affectif. Les crises qui se succèdent, parfois d’une implacable violence, brillent de sincérité et de justesse. La mise en scène précise et respectueuse accompagne la petite comédienne qui exprime toutes les couleurs possibles d’une enfant aussi abîmée. On a juste envie, en quittant ce film, d’applaudir des deux mains pour cette incroyable prestation."
"Benni n’est pas du grand cinéma, mais il possède tout ce que peut avoir un film sur l’enfance pour
"Benni n’est pas du grand cinéma, mais il possède tout ce que peut avoir un film sur l’enfance pour faire rêver les adultes. Dit autrement, Benni, le film, n’est pas une grande forme parce que Benni, la personne, ne lui en laisse jamais le temps : sa jeune existence de neuf ans va trop vite, nous condamne à courir après elle, témoins sans cesse pris de vitesse et toujours essoufflé·es, mais ravi·es de l’être car on ne sait jamais vers quel hors champs mystérieux l’action va nous mener."
Emily Barnett"Il aura fallu quatre ans à la réalisatrice Nora Fingscheidt pour créer Benni. Quatre années durant l
"Il aura fallu quatre ans à la réalisatrice Nora Fingscheidt pour créer Benni. Quatre années durant lesquelles la cinéaste allemande aura mené des recherches, visiter des centres sociaux et parcouru tout ce que le cinéma mondial a pu proposer comme films sur l’enfance, des Quatre Cents Coups à Mommy en passant par Nobody Knows, Rosetta, Stand By Me… Une montagne de films visionnés non pas pour y piocher de quoi faire un gigantesque mashup mais au contraire, pour voir et étudier ce qui a déjà été fait, comment cela a été fait, et pour cerner les pièges à éviter. Une démarche ambitieuse mais nécessaire car Nora Fingscheidt souhaitait trouver sa propre voie/voix pour explorer un sujet finalement rarement abordé au cinéma : les enfants sauvages et indomptables. C’est comme cela que la réalisatrice revoit son enfance avec le recul, et cet intense travail de recherches devait finalement nourrir un film très important pour elle, très personnel. Un film qui s’est envolé vers la Berlinale où il a été judicieusement récompensé, avant de briller ensuite aux Arcs.
Plus que n’importe qui, les enfants ont besoin d’amour pour se construire. C’est en définitive le propos qui jaillit dans un torrent d’émotion au sortir de Benni, drame déchirant sur une gamine rejetée par sa mère et trimballée de foyer en foyer par l’assistance sociale. Benni est une enfant très difficile mais bien souvent, les difficultés ont une explication profonde. Peut-on naître « enfant à problèmes » ? Il n’y a pas besoin d’être pédopsychiatre pour affirmer que non. Beaucoup de choses entrent en ligne de compte, l’environnement social et familial en premier lieu. Benni décrypte avec justesse ce maillon psychologique essentiel à la construction de soi qu’est le besoin d’affection, ici maternelle, indispensable pour bien grandir, s’équilibrer. Parce qu’elle a manqué de beaucoup trop de choses, la petite Benni de Nora Fingscheidt est aujourd’hui un mélange de violence, de tendresse et de mal-être. Un mal-être qu’elle exprime comme elle peut, et qu’un travailleur social va essayer de capter. D’une grande sincérité derrière une fausse impression d’une prise d’otage émotionnelle, Benni est un cri perturbant porté avec puissance par la jeune Helena Zengel, incroyable révélation de cette pépite brute de décoffrage. Benni laisse des traces et peut-être quelques larmes, de colère et d’émotion."
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE