" C'est un film aux immenses espaces vides. La lumière qui l'irradie semble écraser des personnages que Pawel Pawlikowski filme souvent au bord du cadre, comme isolés ou apeurés. Ces plans fixes en noir et blanc, entêtants, beaux, presque esthétisants, suscitent le trouble et le mystère. Le film change, passe constamment du secret à la vérité, de l'ombre à la clarté, des refrains délicieusement superficiels (Love in Portofino, 24 000 Baisers, Guarda che luna) au jazz de John Coltrane, qui fait entrevoir à Ida la beauté et la mélancolie de la vie.
Pawel Pawlikowski est un cinéaste de l'absolu. Ses personnages s'y plient ou en meurent. Dans son film précédent, le superbe et méconnu La Femme du Ve, le héros (Ethan Hawke) acceptait, après un long parcours dans un Paris métamorphosé en ville cauchemardesque, de sacrifier sa vie à son art. Il plongeait dans son destin... Ida, elle, tente de résister : elle ôte son voile, libère ses cheveux, emprunte la robe et les souliers noirs de sa tante, suit le beau saxophoniste qui lui a fait entrevoir le monde. Il lui propose de partir avec lui. Elle sourit : " Et après ? "... " Après, on achètera un chien et une maison ! Et on aura des enfants. " Oui, mais après ?... " Après, on aura des problèmes, comme tout le monde ! "...
Ida marche sur une route. La voilà en route. Elle a vu la médiocrité du monde. Elle croit toujours à un possible au-delà. Un prélude de Bach l'accompagne, celui-là même qu'avait utilisé Andreï Tarkovski dans Le Miroir. Et c'est bien ce que filme Pawel Pawlikowski, en définitive : nos reflets dans une glace."
Pierre Murat
Esthétique extraordinaire pour un film à la recherche de l'absolu.
Une novice d'un couvent perdu dans la campagne polonaise des années 1960 est invitée avant de prendre ses voeux à rencontrer sa seule parente connue,1
Lire la suiteune merveille !
sublime!