François Delpla : "Himmler est toujours resté sous le contrôle d'Hitler"
Spécialiste du nazisme et de ses figures majeures, François Delpla brosse le portrait d'Heinrich Himmler, nazi de1
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L'histoire du ghetto juif de Varsovie, depuis sa création jusqu'à la sanglante répression de 1943, lorsque sa population se souleva contre la barbarie...
Après leur entrée en Pologne, les Allemands imposent aux Juifs le port de l’étoile jaune et les enferment dans le ghetto de Varsovie. En juin 1943, des résistants juifs se révoltent et préfèrent mourir, les armes à la main, que de continuer à subir la politique d’extermination. « Tous les documents que vous allez voir, films et photographies, furent pris dans le ghetto de Varsovie, sur ordre de Goebbels, par les Allemands eux-mêmes. Tous les témoins que vous allez entendre sont des survivants du ghetto de Varsovie que nous avons retrouvé et qui expriment leurs souvenirs personnels dans leurs propres mots. Certains ont choisi de parler au temps présent, d’autres au passé, nous avons respecté leur volonté. Tous les faits sont extraits d’archives, de mémoires, de lettres, de rapports rédigés sur place. Tout est vrai, nous n’avons rien reconstitué »
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" Dans un récent numéro du Monde (1), Frédéric Rossif, interrogé par Michel legris, a expliqué comment et pourquoi il avait réalisé le Temp
" Dans un récent numéro du Monde (1), Frédéric Rossif, interrogé par Michel legris, a expliqué comment et pourquoi il avait réalisé le Temps du ghetto, « ÏI y a eu beaucoup de cités dans le monde totalement détruites et rasées... Jamais leurs vestiges n'ont permis de reconstituer avec exactitude ce que fut leur vie, leur civilisation. Pour la première fois, grâce aux documents cinématographiques, c'était possible pour le ghetto de Varsovie. C'est pourquoi j'ai été tenté par ce que j'appelle une tâche d'archéologue... »
Je ne reviendrai pas sur les déclarations de Frédéric Rossif. Je me permettrai encore moins d'émettre un jugement critique sur le terrible témoignage qu'il nous propose, le voudrais-je que j’en serais d'ailleurs incapable. Terré dans mon fauteuil, fasciné, pétrifié, angoissé, écœuré au sens le plus physique du mot, j'avoue avoir subi le film sans bien me rendre compte de l'art avec lequel Rossif avait ordonné ses documents. De même n'ai-je retenu du commentaire de Madeleine Chapsal que ce qu'il signifiait de manière immédiate et précise. De même encore n'ai-je prêté qu'une attention distraite à la musique de Maurice Taire...
Les uns et les autres me pardonneront, je pense, puisque leur intention était de n'être que les révélateurs de la vérité nue et que c'est cette vérité nue qui m'a empêché dé voir et d'entendre autre chose. Voilà donc ce que des hommes ont fait à d'autres hommes. Voilà donc ce que des hommes sont devenus par la faute d'autres hommes.
L'histoire du Temps du ghetto n'est pas seulement l'histoire d'un assassinat, c'est l'Histoire d'un long et lent supplice collectif, patiemment, savamment, diaboliquement organisé. Tuer ne suffisait pas. Il fallait d'abord humilier, avilir. Il fallait que ce qu'on tue soit devenu le moins humain possible.
Il y a des images difficilement supportables dans le film de Frédéric Rossif et Madeleine Chapsal, tant leur horreur est, si j'ose dire, évidente : ces charretées, ces entrepôts de cadavres, ces entassements de squelettes encore habillés de lambeaux de chairs molles. Mais il y en a d'autres qui font presque aussi mal par ce qu'elles sous-entendent de honte et de misère morale : cette boîte de nuit, ces policiers bottés comme les bourreaux de leurs frères, ces passants qui sourient aux photographes allemands, ces mendiants se donnant en spectacle, et puis, quand la fin approche, ces visages vides, vidés de toute expression humaine, ces visages étonnamment ressemblants et « rajeunis » par les premières atteintes de la mort.
C'est pourquoi sans doute nous éprouvons un sentiment de soulagement lorsque nous voyons les derniers survivants du ghetto encore en état de porter les armes se soulever à l'appel de Moderchai Antelewicz et se faire massacrer. « Nous ne demandons plus de ne pas mourir, mais seulement de choisir notre mort ». En « choisissant leur mort » ceux-là du moins prouvaient qu'ils étaient toujours des hommes.
Un à un, entre chaque « séquence », quelques rares survivants de l'épouvantable entreprise apparaissent sur l'écran. Nous les regardons, nous les écoutons comme des témoins d'un autre monde.
Et puis, soudain, une question jaillit dans notre esprit. Un « autre monde », n'est-ce pas bien vite dit ? Sommes-nous tellement sûrs que le « temps du ghetto » est mort avec ses inventeurs ? N'avons-nous jamais entendu parler, nous qui avons si bonne conscience, de certaines résurgences du mal ? Et qu'avons-nous fait pour les combattre? Ce sont là évidemment des questions gênantes. Il est pourtant utile de les poser et d'y répondre. Le Temps du ghetto n'est pas seulement l'écho d'un vieux cri de souffrance.
C'est aussi un cri d'alarme. Et, parce que ce cri d'alarme nous concerne tous, il fallait que ce film fût fait et que ces choses abominables fussent montrées à tous."
1) Le Monde, 21 novembre 1961.
" Le Temps du Ghetto nous oblige à voir et à entendre, alors que nous aimerions pouvoir douter.. Nous aimerions nous contenter de quelque
" Le Temps du Ghetto nous oblige à voir et à entendre, alors que nous aimerions pouvoir douter.. Nous aimerions nous contenter de quelques mots usés, déjà fatigués, de quelques clichés fanés (...)
Et c’est peut-être ce qui, dans ce film, nous touche le plus profondément. Ces Allemands transformés en hideux tortionnaires n’ont aucune mauvaise conscience. Voilà des actes que l’on peut faire exécuter à des hommes en s’y prenant adroitement. Des Juifs ont participé à l'organisation intérieure du ghetto ; certains ont accepté d'être les policiers de ce monde sans loi.
Ce détail choquera peut-être certains Israélites. Ils auraient tort. Ce serait trop simple, et trop conforme même aux principes nazis, s’il y avait d’un côté la race des victimes et de l’autre celle des bourreaux. C’est en l'homme, Allemand, Juif, ou Français que sommeille le bourreau. Il suffit d’un peu d’habileté pour, le réveiller et nul ne sait alors où il peut s’arrêter. L’ennui, c’est que la guerre, et singulièrement les guerres que noire génération a connues ont besoin de bourreaux. Nul ne sait réellement aujourd’hui s’il sera demain la victime ou le bourreau. Le Temps du Ghetto, c’est notre temps pourri par la guerre et le mensonge des propagandes. Le film de Rossif peut nous aider à guérir. Encore faut-il avoir le courage de le voir."
" ...tout film qui utilise des documents de ce genre doit être fondé avant tout sur le respect. Or, il semble qu’en réalisant, à partir de
" ...tout film qui utilise des documents de ce genre doit être fondé avant tout sur le respect. Or, il semble qu’en réalisant, à partir de documents éminemment accablants, un film consacré au ghetto de Varsovie, Rossif ait eu chaque fois le regret que le cadrage ne soit pas meilleur, l’image plus lumineuse et qu’il ait chaque fois tenté de compléter le document, de le parfaire, de le rendre plus utilisable, plus maniable (...)
Ce que je reproche à Rossif (...) ce n’est donc pas de montrer ces documents, ce n'est pas de perpétuer le scandale de ces images. C’est, au contraire, de ne pas les montrer tels quels, de truquer leur sécheresse, leur imperfection, toutes ces « circonstances » sans lesquelles elles n’existeraient pas. C’est, en somme, d’avoir considéré ces documents comme les éléments d’un film à faire — ce qui est la définition des « rushes » dans le domaine du cinéma de fiction.
Sur le passage d’un enterrement, on se découvre et on se tait. Devant le spectacle de la souffrance et de la mort, seuls le respect et la révolte sont de mise. Qui songerait à reprocher aux opérateurs anonymes de ces scènes révoltantes la négligence de la prise de vue quand la seule idée que ces films aient pu être faits est à elle seule un scandale ? Quand il réalisait Nuit et Brouillard, Alain Resnais faisait un film contre l’idée qu’un tel film put être possible et c’est pourquoi toute projection de Nuit et Brouillard demeure un scandale. Devant le film de Rossif, il faut faire effort pour retrouver le document, le débarrasser de tant d’art, le rendre à son inacceptable évidence. Craignons le jour où ces images ne nous scandaliseront plus."
" Le documentaire atteint souvent à la grandeur tragique. Grâce à la simplicité de l’ensemble, simplicité que souligne le très remarquable a
" Le documentaire atteint souvent à la grandeur tragique. Grâce à la simplicité de l’ensemble, simplicité que souligne le très remarquable accompagnement musical de Maurice Jarre — qui a compris l’importance du silence (...) lorsque le coupent une musique discrète (percussions diverses et insidieuse lamentation d’un violon) et surtout des bruits « off » (mitrailleuses, moteurs, ordres aboyés, fragments de discours d’Hitler) utilisés comme des éléments de musique concrète. Grâce surtout au chœur des survivants dont l’intervention, loin de rompre le rythme général, le soutient au contraire, enlaçant le témoignage récité au témoignage photographié. Voix neutres, c'est la mémoire qui parle ; à peine si une phrase trébuche, risque de se briser sur l'évocation d’un parent. Visages immobiles, saisis avec l’implacable rigueur des photos d’identité, face, profil — à peine sur une bouche tremble, si une larme apparaît dans le coin d’un œil.Il faut voir le Temps du Ghetto. Par hygiène — et bien que presque chacune de ses images vous frappe comme une gifle — vous adresse un reproche direct, quelles que soient vos opinions, quel que soit votre âge.
Car ce film sera versé au dossier de notre XXe siècle. Il laissera de notre civilisation occidentale et chrétienne — que nous le voulions on non — une humiliante image. Et, nous autres Français, nous savons bien que nous avons perdu aujourd’hui le droit de jeter la pierre aux Allemands."
" Pour mieux étouffer les 600.000 Juifs qu’ils avaient parqués dans un quartier de Varsovie, les Allemands, victorieux de la Pologne, avaie
" Pour mieux étouffer les 600.000 Juifs qu’ils avaient parqués dans un quartier de Varsovie, les Allemands, victorieux de la Pologne, avaient entouré le ghetto d’un haut mur. Dans ce ghetto les enfants avaient faim, les adultes mouraient. La misère, la peur, la révolte, la haine, la torture, la mort étaient présentes partout pour ces centaines de milliers d’êtres humains séparés et oubliés du monde.
Frédéric Rossif nous montre tout cela à l’aide de documents photographiques et cinématographiques pris par les nazis eux- mêmes, pour qui la vue de ces détresses était un spectacle.
Des « détails » affreux comme cette femme cachée dans un bunker qui s’affole à l’arrivée de soldats et étouffe son enfant en voulant le faire taire. Et puis ces témoignages de quelques survivants. Leurs yeux semblent regarder au-delà du désespoir. De leurs bouches crispées tombent d’incroyables récits, d’autant plus atroces qu’ils sont dits sur le ton monocorde. Le ton d’une longue plainte qu’il ne faut pas cesser d’écouter."
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