Marielle est transparent; Villeret boit; Depardieu a un accident de moto; Delon a la nostalgie de ses aînés... Trente acteurs, dans leur propre rôle, jouent à l'acteur en train de faire l'acteur. Jusqu'au dérapage. Dussollier a le corps de Balasko. Des acteurs tombent dans des pièges : torturés et fusillés. N'aime-t-on pas mieux les acteurs quand ils sont morts ? Vertigineuse mise en abyme d'une absurde condition. Jouer pour ignorer la mort ? Par l'auteur de "Buffet froid", une comédie noire et onirique qui laissa interloqué à sa sortie.
" Tout jeu de la vérité a ses limites, et si Blier ne franchit pas celles de l'aigreur ou du ressentiment, il tient à rester sur le film d'une certaine mélancolie, ne se privant pas de laisser le désespoir rôder sous la plaisanterie. D'ailleurs, le plus fort et le plus émouvant épisode du film, celui où il atteint son point de basculement, ne concerne aucune des têtes de bétail du grand troupeau masculin français. C'est un astre fantôme qui surgit, une étoile éclipsée, éloignée par un système qui n'est pas simplement pittoresque mais broyeur : l'actrice Maria Schneider, grande brûlée de ce petit milieu, à laquelle Blier permet un retour bouleversant. Lorsqu'elle apparaît, un trouble cruel se fait jour, doublé d'un suspense douloureux : jusqu'pù mettra-t-elle, elle aussi, ses cartes sur la table ?
Le chavirage qui menace n'est plus du registre du non-sens et de l'ironie. On frôle là un malaise qui est aussi un vrai bloc de cinéma, au nom duquel on pourrra tranquillement reprocher à Blier la fin qu'il a choisie pour Les Acteurs, hommage passéiste au cinéma de papa. Pour le reste, très soigné dans sa mise en scène, le film rappelle le meilleur Blier, celui de La Femme de mon pote (le plus beau rôle jamais donné à Coluche) et de Buffet froid.
Imaginer que Les Acteurs n'est qu'une grosse comédie serait donc un peu court : au-dessus de la mêlée un cafard explosif est à l'oeuvre dont Bertrand Blier, cinéaste à la moderne et nostalgique, est l'anxieux artificier."
Olivier Séguret, 05/04/1990
L'Evènement du Jeudi
"Le tout forme un exercice de style brillant, jubilatoire et parfois étrangement glaçant."
" Avec le plus royal des castings populaires, Bertrand Blier réalise un film quasi expérimental. Qui est qui ? Et pourquoi ? Et comment ? Le réalisateur se garde bien de nous dire quand nous avons glissé du fantasme à la réalité, et de la semi-vérité au mensonge grossier. Balasko peut ainsi remplacer Dussollier à mi-parcours parce que ce dernier est fatigué: on n'y voit que du feu. L'auteur l'a ainsi décidé! Plaisir du labyrinthe. Expression aiguë de la paranoïa de ceux qui changent de vie à chaque rôle. Le film est à leur image: fragile, éclaté, délirant. Dans un perpétuel appel au secours, à la reconnaissance."
Philippe Piazzo
L'Express
" Vous avez aimé Buffet froid. C'est bien. Vous avez quitté Buffet froid en demandant d'être remboursé. C'est humain. Vous avez fait un tri...
" Vous avez aimé Buffet froid. C'est bien. Vous avez quitté Buffet froid en demandant d'être remboursé. C'est humain. Vous avez fait un triomphe aux Valseuses, à Tenue de soirée, à Trop belle pour toi. Bravo. Et boudé Notre histoire. C'est sot. Mais vous avez donné l'oscar à Préparez vos mouchoirs. Donc, vous avez le goût du risque. C'est tout ce qu'on - on et le cinéma - vous demande.
Blier, Bertrand Blier, est votre homme. Son dernier film, Les Acteurs, est votre film. Attention ! l'affaire n'est pas de tout repos. Ça dérange. Un film n'est pas mou-doux-sucré comme le pop-corn de nos multiplexes. L'Italie a eu Fellini. Nous avons encore Blier. Des mecs qui se croient tout permis..."
Jean-Pierre Dufreigne
Les Echos
" Cela tient, parfois, des Diablogues de Dubillard pour l'humour noir, voire féroce (…) il faut, un peu, être initié parfois, tant la carica...
" Cela tient, parfois, des Diablogues de Dubillard pour l'humour noir, voire féroce (…) il faut, un peu, être initié parfois, tant la caricature frôle la réalité, mieux vaut, pour apprécier (et en être ému) le monologue de la belle brune qui raconte sa vie décousue, reconnaître d'emblée Maria Schneider (la partenaire, jadis, de Brando dans Dernier tango à Paris)...
Parfois on dérape dans le burlesque, avec notamment le couple Brialy-Arditi, le second épris du premier. Un clochard éboule d'une porte cochère : Belmondo. Serrault fait du Serrault, devant des policiers qui tirent sur les acteurs. Tout cela ne rime à rien. C'est un buffet froid, souvent au vinaigre (…) Donc, il n'y a pas d'histoire. Des gags, mais à peine, et l'on rit souvent jaune. Mais tentez l'aventure. Allez voir les comédiens, les baladins qui s'avancent, jouant avec malice et un rien de dérision satisfaite le jeu d'un fou de leur jeu d'acteurs..."
Annie Coppermann, 05/04/1990
Charlie Hebdo
" Qu'on ne s'y trompe pas : Les Acteurs est un film assez impitoyable, douloureux, malséant, hors de toute séduction. Quelque chose comme un...
" Qu'on ne s'y trompe pas : Les Acteurs est un film assez impitoyable, douloureux, malséant, hors de toute séduction. Quelque chose comme un Sunset Boulevard du cinéma français, entre le Fouquet's et la maison du Caviar, l'avenue George-V et l'a rue Pierre-Charron. La comédie de Blier n'est pas gaie. Ça grince, ça grimace, ça ricane. C'est constamment à vif. “ Cinquante ans qu'ils se farcissent ma tronche d'acteur bourgeois !” , lâche Brilay. “Un acteur est en miettes à la fin de sa carrière !”, gémit Marielle. Et il ajoute avec l'une de ses fameuses intonations “Tous les jours, toute l'année, les spectateurs commettent des meurtres. Et vous savez avec quelle arme ? L'indifférence !” Je me demande comment on pourrait être indifférent devant ce chant funèbre."
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