Jacques Doillon : "Pas hard, mais plus hardi"
VIDEO | 2016, 12' | Le cinéaste s'assume en cinéaste sensuel plus qu'intellectuel. Avec Mes séances de luttes, il1
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Par un curieux rituel, les retrouvailles entre deux jeunes gens vont prendre des allures de lutte : verbales et physiques d'abord, puis vraie lutte d'amour...
A la mort de son père, une jeune femme revient dans sa maison à la campagne. Elle retrouve un voisin avec qui un rapport amoureux n'avait pas abouti. Ils rejouent la scène où l'homme s'est dérobé ; ils se débattent, s'empoignent, s’amusent à dialoguer avec autant de fantaisie que de gravité, et à entrer dans une lutte de plus en plus physique. Par un curieux rituel, leur jeu va devenir quotidien.
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"Si on élaborait un classement des meilleurs films platoniques du cinéma, Mes séances de lutte y décrocher
"Si on élaborait un classement des meilleurs films platoniques du cinéma, Mes séances de lutte y décrocherait une place en tête de peloton. Car, que fait-on derrière ce titre insolite, à part s’aimer sans se le dire, se désirer sans consommer, sans s’extasier et sans jouir ?
“C’est quoi ce jeu à la con ?”, s’exclame un des deux personnages.
Ce jeu, pour Jacques Doillon, immense cinéaste dont la virtuosité éclate à chaque nouvelle production, consiste à pratiquer tout ce que l’absence de baise autorise – parler, jouer la comédie et surtout, surtout se battre – pour y faire naître un superbe élan de cinéma, une mise en scène intrépide, et une histoire risquée. (...)
Avant d’en venir aux mains, Mes séances de lutte sert de terrain à une joute oratoire – une parole herculéenne, hypertrophiée, comme si la langue était un muscle qu’il fallait sans cesse solliciter, et lui faire proférer des insultes, des piques blessantes, des vérités à l’encontre de l’autre.
Génial dialoguiste (on voudrait recopier et apprendre par cœur chaque réplique afin de briller, soi-même, dans son couple), Doillon a en outre l’intelligence de ne jamais se placer au-dessus de ses personnages. Comme chez Rohmer, la machine verbale est imparable, mais chaque élan porté y est vrai – fragile.
Dans cet étourdissant pugilat, dragueur, haineux et complice, Doillon fond le discours amoureux dans une rhétorique de guerre ; il invente aussi un espace. La maison, décor majeur du film, est dépouillée de ses vertus domestiques pour devenir un terrain de combat. Un agencement de dédales et de recoins sombres, de parquet et d’escaliers glissants, que tous deux apprennent à maîtriser en même temps qu’ils s’affrontent – ou s’apprivoisent. C’est ainsi qu’un placard se révèle un redoutable piège, un tapis, un savant outil de torture, la baignoire, une cachette, et l’escalier, bien plus tard, un spot érotique.
Le sentiment de liberté, de réinvention totale que procure l’usage paradoxal d’un lieu, abolissant sa fonctionnalité ronronnante, concourt à la vitalité d’un film qui ne serait pourtant rien sans ses corps."
" C'est étrange qu'il n'y soit pas parvenu plus tôt. A travers ses films, si différents et pourtant id
" C'est étrange qu'il n'y soit pas parvenu plus tôt. A travers ses films, si différents et pourtant identiques, Jacques Doillon n'a cessé d'explorer la carte du Tendre, mais il n'avait jamais saisi, au sens propre, ce qu'on appelle la guerre des sexes. Il s'en approche au plus près, cette fois, avec l'histoire de cette femme et de cet homme qui luttent, à coups de caresses — et les deux mots sont vrais —, pour se prouver ce qu'ils refusent de s'avouer : ils s'aiment.
Et c'est comme si, soudain, les héroïnes précédentes de Doillon, la femme qui pleure (Dominique Laffin), la fille de 15 ans dans sa piscine déserte (Judith Godrèche), Ponette et sa quête d'une mère disparue (Victoire Thivisol), la pirate et son amante (Jane Birkin et Maruschka Detmers), aboutissaient à cette femme sans nom, prête à en venir aux mains pour ne pas laisser fuir cet homme qui s'offre et se refuse. C'est Sara Forestier qui l'interprète, débarrassée par Doillon, dont on sait quel remarquable directeur d'actrices il est, de ses tics, de ses afféteries : elle est là, visage et corps à nu, agressive et douce. Vraiment superbe...
Les hommes, tels que le cinéaste les peint d'ordinaire (lui-même dans La Fille de 15 ans, Jean-Louis Murat dans La Vengeance d'une femme et même Alain Souchon dans Comédie !), sont des indécis, des dépassés. James Thiérrée, ici, est l'égal en force et en doute de Sara Forestier : le combat qu'ils se livrent n'en est que plus beau."
amandine@vercez.nom.fr au sujet de
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