L'Etrange Festival 2016 - Sono Sion comme à la maison
Figure de proue d'un cinéma nippon libre et marginal, Sono Sion est un peu à la maison à L'Etrange Festival. Récom1
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Après l’explosion d’une centrale nucléaire, un village proche de la catastrophe est évacué. Au sein de la famille Ono, les parents, âgés, choisissent de rester
Un tremblement de terre frappe le Japon, entraînant l’explosion d’une centrale nucléaire. Dans un village proche de la catastrophe, les autorités tracent un périmètre de sécurité avec une bande jaune qui coupe en deux la localité. Une sorte de ligne de démarcation absurde, entre danger bien réel et sécurité toute théorique. Au sein de la famille Ono, les parents, âgés, choisissent de rester. Leur fils et son épouse acceptent d’être évacués pour fuir la radioactivité…
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" Les personnages-clés des films de Sono Sion sont toujours de ceux qui décident, un jour, de mettre fin aux mensonges d
" Les personnages-clés des films de Sono Sion sont toujours de ceux qui décident, un jour, de mettre fin aux mensonges dans lesquels ils vivent et de rompre de façon brutale avec la norme. Cette rupture est généralement amenée par l’influence d’une figure tutélaire révélant le personnage à lui-même. On retrouve ce schéma dans The Land of Hope, mais tandis que les précédents héros de Sono assumaient soudain une pulsion de mort jusqu’alors larvée, c’est une pulsion de vie qu’Izumi va embrasser avec une constance inouïe. Apprenant qu’elle va bientôt être mère et s’étant informée des dangers de la radioactivité sur les conseils de son beau-père, elle va peu à peu mettre en question le mode de vie de ses congénères, jugeant leur protection contre les radiations insuffisante. Recouvrant d’abord sa bouche d’un masque et ses fenêtres de papier-bulle, elle va finalement pousser sa logique jusqu’au bout et refuser de sortir de son appartement sans une imposante combinaison la couvrant des pieds à la tête. Serait-elle tombée dans un délire paranoïaque ? Ou bien la réalité serait-elle si monstrueuse que nul ne serait capable de la regarder en face ? Le comportement d’Izumi est bien aussi radical que celui du personnage que Megumi Kagurazaka interprétait dans Guilty of Romance. Il s’agit, au même titre, d’une libération. Sa combinaison, qui inspire agacement et moqueries à ses voisins, est l’expression d’un possible : une vie émancipée de la pression aveuglante du groupe.
Il y a quelque chose de terriblement sincère dans The Land of Hope qui, de prime abord, peut dérouter. L’auteur n’hésite pas à résumer en quelques répliques tous les enjeux de telle ou telle question – porter ou non un masque, acheter ou non les légumes du supermarché… À contre-courant des coquetteries qui font florès dans le cinéma contemporain et qui, souvent, masquent mal une incapacité à assumer un point de vue, Sono Sion va droit au but, sans craindre le didactisme.
On sent ici plus que jamais un bouleversant désir de fictionnaliser le monde, d’utiliser le cinéma comme recours, là où toute autre forme d’expression semble inefficace. Contre les images télévisuelles, présentées comme de scandaleuses mystifications, Sono affirme une fois de plus la capacité du cinéma à faire voir le monde tout en s’affranchissant du réalisme. La matière documentaire accumulée pour l’écriture du film et qui se rend sensible par nombre de détails naturalistes cohabite avec une recherche d’expressivité visuelle de tous les instants. Le poids de la réalité se fait sentir à des degrés variables tout au long du film, qui renferme autant de saillies documentaires que de fulgurances lyriques. Ce jeu de forces culmine dans des moments d’hybridation totale, comme cette scène où le fils de la famille voisine et son amie font le deuil de leur passé au sein du paysage apocalyptique dessiné par le tsunami.
Les fleurs dessinées par Chieko, des vaches égarées au milieu d’une route, le sourire d’Izumi derrière la paroi de plastique qui la sépare du poison invisible, le regard de Yasuhiko alors que l’on enfonce les piquets censés marquer où commence la sécurité, le son de ces mêmes piquets se muant en pieux dans le cœur… Ces images touchent et marquent avec d’autant plus de force que la colère qui les inspire est sensible.
Ce qui touche également, c’est cet espoir – presque dérisoire, mais tout de même – que le cinéaste se permet cette fois-ci d’exprimer. La cellule familiale, généralement gangrenée, contaminée par toutes les hypocrisies de la société japonaise, parvient cette fois-ci à y faire barrage. L’espoir réside alors dans l’amour réel que se portent ces personnages, dans la confiance qu’ils se témoignent et par laquelle ils parviennent à transcender quelque peu la triste réalité. Avec ce film direct et poétique, aussi dur que sentimental, Sono Sion ressuscite un cinéma que l’on croyait disparu."
" The Land of Hope (la terre d'espoir), dont le titre n'est pas tout à fait une antiphrase, est un film engagé,
" The Land of Hope (la terre d'espoir), dont le titre n'est pas tout à fait une antiphrase, est un film engagé, qui veut embrasser tous les termes du débat sur l'énergie nucléaire ; qui, sans ambiguïté, met en évidence ses dangers pour l'environnement, la santé, la cohésion sociale. C'est aussi le plus doux, le plus mélancolique des sermons, une fresque impressionnante constituée de tableaux intimes, qui font entrer dans des intérieurs paisibles au sein desquels le désordre invisible des radiations s'est introduit (...)
La façon dont Sion Sono met en scène la catastrophe tient bien sûr à l'économie financière de son film ; elle relève aussi d'une construction très particulière qui fait tout le prix de The Land of Hope. Comme dans certaines compositions des maîtres flamands, il arrange dans un large espace une série d'événements, d'histoires, qui occupent tous le même rang. De même que jadis on voyait une montée au calvaire et un paysan qui apportait son blé au moulin, on voit ici, sur l'écran de télévision d'un salon familial, un panache de fumée s'élever au-dessus des colonnes de refroidissement de la centrale ; mesuré en temps, en spectacle, ce n'est qu'un détail, mais c'est lui qui ordonne la dramaturgie de ce qui va arriver à la famille Ono.
Pendant que les parents s'accrochent à la ferme, que l'absurdité des consignes d'évacuation a située à quelques centimètres de la ligne de démarcation entre zone contaminée et zone sûre, les enfants partent pour une autre ville, où Izumi, la jeune épouse, découvre qu'elle est enceinte. Pendant que sa jeune voisine, dont les parents ont disparu, passe ses journées à errer dans la zone interdite à leur recherche.
Sion Sono, qui a en partie tourné dans la zone touchée par le séisme, explore avec une minutie terrifiante la vie quotidienne des survivants. Ce qu'il montre n'a rien à voir avec les prophéties post-apocalyptiques du cinéma américain. Sans paroxysmes, il met en scène la lente usure de l'espoir qui s'effrite, irrémédiablement, en se frottant aux conséquences de l'orgueil humain. Que cet espoir s'incarne en l'amour indestructible qui unit Yasuhiko et son épouse, ou en l'enfant que porte Izumi, il doit affronter la bureaucratie qui régit les mouvements de population ou les mensonges de ceux dont la profession est pourtant l'exactitude, physiciens ou médecins.
The Land of Hope se déploie sur un rythme d'une trompeuse lenteur. On pourrait presque croire que rien ne se passe, que rien ne bouge, comme cet arbre de la cour de la famille Ono, mais il suffit d'un moment fugitif pour qu'on mesure l'énormité de la perte."
" Voici un film littéralement inouï : la première fiction japonaise jamais tournée sur un accident nucl&eacu
" Voici un film littéralement inouï : la première fiction japonaise jamais tournée sur un accident nucléaire, qui plus est après Fukushima. Le réalisateur et poète de combat Sono Sion (né en 1961) a dû trouver une partie du financement à l’étranger : « J’ai compris alors que le véritable sujet tabou au Japon n’était ni le sexe ni la violence, mais le nucléaire. » Et c’est un orfèvre qui parle, auteur notamment de films érotiques et macabres somptueux, tel Guilty of Romance (2011).
L’intelligence du film est de ne pas tenter de reconstituer Fukushima, mais de l’évoquer superbement en mettant en scène un accident nucléaire ultérieur, dans la préfecture imaginaire de Nagashima. Il montre ainsi que les leçons n’ont pas été tirées, et qu’il faut désormais vivre avec le risque d'une autre rata ainsi qu’avec la radioactivité omniprésente, sans refuge... malgré les mensonges des autorités et l’optimisme forcé des médias.
L’intrigue est toute simple (...) Sono Sion réussit un beau film, tendre et lucide, tourné à ras du soi, qui célèbre entre autres l’amour usé du vieux couple, au diapason de la nature et des paysages. En évoquant par instants ses devanciers Ozu ou Imamura. Et en stimulant à chaque pas la réflexion sur les réactions en chaîne des humains. Du grand art."
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