
JIM JARMUSCH
Dès Permanent Vacation, en 1979, l’univers de Jim Jarmusch se met en place. Mouvement (des acteurs,...
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Un homme seul se voit confier une mission dans un créole sibyllin et le hall d'un aéroport. Sa mystérieuse quête le conduit en Espagne. Mais quel est son but ?
Un homme seul se voit confier une mission dans un créole sibyllin et le hall d'un aéroport. Un avion le conduit alors en Espagne où, de messager en messager, lui parviennent les bribes d'une méditation sur le temps, le cinéma et le sens de la vie. Mais quel but mystérieux poursuit ce solitaire mutique ? Après le chatoyant Broken Flowers, Grand Prix à Cannes, Jarmusch revient à sa veine la plus minimaliste. Aride pour les uns, sublime pour les autres, The Limits of Control est l'un des films les plus radicaux du réalisateur.
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" Un bref retour en arrière s'impose. Lors de la sortie de son précédent film, Broken Flowers, Jim Jarmusch, l'ex-icône du cinéma indépenda
" Un bref retour en arrière s'impose. Lors de la sortie de son précédent film, Broken Flowers, Jim Jarmusch, l'ex-icône du cinéma indépendant new-yorkais, a mal vécu le fait d'être considéré par certains comme converti au système, pour avoir fait appel au populaire Bill Murray ou à la hollywoodienne Sharon Stone, et pour avoir suivi un scénario plus classique qu'à ses débuts. (...) Il faut donc voir The Limits of Control comme un bras d'honneur poli, une nouvelle déclaration d'indépendance, une balade de Jim aux sources de son inspiration.
Il dit ainsi avoir rêvé son nouveau film comme le remake du Samouraï, de Melville, par Marguerite Duras. Ou bien celui, par Rivette, du Point de non-retour, de John Boorman - lequel était déjà, en son temps, un mix de thriller classique et d'expérience moderniste... (...) The Limits of Control est sans doute le film le plus « free style » de Jarmusch, tourné au gré de l'inspiration. Et, en même temps, le plus abstrait. (...)
Le fier refus de l'efficacité, ou de l'idée que s'en font les majors de cinéma, amène aussi Jarmusch à faire défiler comme si de rien n'était quelques têtes d'affiche (Gael García Bernal, Bill Murray, Tilda Swinton, John Hurt), en les rendant plus ou moins méconnaissables. La vraie vedette du film est cette Espagne (Madrid, Séville, Almería) changée par le grand chef op Christopher Doyle en pays fantôme, propice à la métaphysique, et souvent mise en abyme par les « surcadrages » : les fenêtres des hôtels et celles des trains redoublent celle de l'écran. Isaach de Bankolé regarde avec distance les paysages et les gens - même la femme toujours nue qui cherche à le séduire - exactement comme il scrute au musée des oeuvres à la signification incertaine.
Invitation à se perdre en conjectures, à s'absorber dans la contemplation, ou incidemment dans un flamenco nihiliste (en substance « la vraie signification de la vie est au cimetière »), le film est lui aussi un rébus. Un agencement de signes mystérieux et récurrents (...). Et un manifeste pour la liberté de les interpréter chacun à sa guise. (...)"
" Le film est donc un précipité du cinéma de Jarmusch. Revoilà des routes et des étendues à parcourir, même si cette fois Madrid se substit
" Le film est donc un précipité du cinéma de Jarmusch. Revoilà des routes et des étendues à parcourir, même si cette fois Madrid se substitue à New York et les déserts du sud de l’Espagne aux grands espaces américains. Et revoilà aussi un héros taciturne et taiseux, dont on comprend assez vite qu’il est un tueur à gages, plus opaque encore que le Forest Whitaker de Ghost Dog. (...)
Un des plaisirs du film est de suivre médusé le trajet de cet homme qui manifeste une aptitude inouïe à déchiffrer des signes qui pour nous sont illisibles. Son trajet est un jeu de l’oie où les consignes viennent à lui, aussi ténues que de minuscules papiers pliés dans des boîtes d’allumettes, griffonnés d’une écriture de chat. Mais les suites de chiffres et de lettres qui y composent d’hermétiques équations sont pour lui claires comme de l’eau de roche. Un coup d’œil rapide et il avale le minuscule document pour le faire disparaître. Et le voilà aussitôt en route pour la prochaine étape. C’est l’humour ultra maigre de Jim Jarmusch, une cocasserie sans gags, une drôlerie un peu abstraite, un maniement malicieux de l’hermétisme et un art souverain de l’ironie et du détachement.
Ce que l’homme sans nom comprend toujours avec un coup d’avance, on ne le décrypte qu’a posteriori. Peu à peu, toutes les phrases sibyllines prononcées dans le film tissent une trame, s’emboîtent. Des tableaux vus dans le musée d’Art moderne de Madrid préfigurent les stations de notre tueur. Tout revient ; tout correspond.
Dans ce monde raréfié entre plaines désertes et zones urbaines peu fréquentées, chaque chose du monde (deux ouvriers qui déplacent une baignoire, un hélicoptère qui survole une place…) devient soupçonnable de signifier quelque chose. Est-ce une fausse piste, un détail inutile et muet, ou au contraire un indice que ce tueur herméneute est en train d’interpréter en silence ? A ces creux du récit répond une mise en scène tout en plénitude, où les surfaces vitrées des constructions modernes, les courbes de l’architecture madrilène, la musicalité extrême du tempo composent un fascinant kaléidoscope visuel et sonore qui évoque par endroits le Profession : reporter d’Antonioni.
Le film a quelque chose de sensuel, voluptueux. On se laisse porter par ce film d’espionnage où l’action se réduit à quelques trafics de boîtes d’allumettes. Jusqu’au moment où du sens se fait jour. Le brillant exercice de style est aussi une charge politique et le dénouement, qu’on ne racontera pas, est une condamnation sans appel de la dictature économique, qui se pose aujourd’hui en seul système d’interprétation du monde.
Il devient clair que chaque personnage rencontré jusque là symbolisait un autre système de lecture du monde (l’art, la science…), et Jarmusch organise la revanche des sciences humaines contre l’inhumanité d’un libéralisme sans frein, persuadé qu’il a le monopole du réel. Il y a de la violence dans la conclusion du film mais, jusque dans sa colère, Jarmusch ne se départ pas d’un humour à froid qui fait toute son élégance."
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