
Otar Iosseliani : " Sans optimisme, on ne fait rien"
VIDEO | 2016, 19' | Venu de Géorgie après s'être heurté à la censure soviétique, Otar Iosseliani n'est pas homme à1
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Une plongée dans la vie d'un jeune percussionniste de l'orchestre d'opéra de Tbilissi. Rêveur et insouciant, il erre dans les rues au hasard des rencontres.
Il était une fois un merle chanteur est une plongée dans la vie d'un jeune percussionniste de l'orchestre d'opéra de Tbilissi. Rêveur et insouciant, il erre dans les rues, au gré de rencontres amicales et sentimentales. Il traîne dans les restaurants, les ateliers et les bibliothèques, fasciné par la seule chose qui semble le rendre heureux, mais le mènera à sa perte : les jolies filles...
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" Le charme, qu'est-ce que c’est ? Une certaine façon de sourire, une certaine façon de ne pas se prendre au s
" Le charme, qu'est-ce que c’est ? Une certaine façon de sourire, une certaine façon de ne pas se prendre au sérieux, de traverser la vie comme un funambule. Quia, le héros du film d’Otar Iosseliani, a un charme fou. Sous son regard, Tbilissi, capitale de la Géorgie, prend de faux airs de Naples. On y flâne, on y drague, on y parle avec les mains. Le moindre accrochage de voitures provoque une ruée de badauds, surgis on ne sait d’où. Les pots de fleurs tombent des fenêtres. Et les filles ont des jupes claires, avec du soleil plein les yeux.
Le grand défaut de Guia est l’inexactitude. Il n’a pas le sens du temps. Ou, plutôt, il refuse d’obéir à ses ordres. Le temps, pour lui, n’est pas une cage, mais un tapis volant. Les seules heures qu’il connaisse sont les heures buissonnières. En principe Guia est musicien au conservatoire de la ville. Mais les partitions de grosse caisse n’étant pas très absorbantes, il lui arrive d'aller prendre l’air au beau milieu d'un concert. Prendre l’air, c’est sa véritable vocation. Curieux de tout, l’humeur baladeuse, le cœur toujours disponible, n’aimant rien tant que rendre service, il détraque ingénument l’ordre établi. Où qu'on le chercha, quoi qu’il arrive, il est ailleurs. Finalement, le seul rendez-vous auquel Guia soit exact est un rendez-vous qu’il ne pouvait prévoir. Dans la rue, un jour, la mort le happe, comme une comme une commère iimportune...
La dernière image du film est ambiguë. Cette montre qui se remet en marche, signifie-t-elle que Guia a faussé compagnie à la mort, comme il l’a faussée si souvent à ses maîtres et à ses copains, ou bien — ce qui est plus probable — veut-elle dire que, Guia disparu, le temps a retrouvé ses droits. Optimistes et pessimistes choisiront la solution qui leur convient.
Rien de plus méditerranéen que ce film soviétique. On y respire un parfum de nonchalance et d’insolence auquel les ouvrages de la Mosfilm ne nous avaient guère habitués. Il est vrai que la Géorgie est loin de Moscou. C’est du côté de Fellini et de Forman qu’Otar losseliani semble chercher l’inspiration. Bonnes références.
Il était une fois un merle chanteur est un récit à l’image de son héros : capricieux, ironique, chaleureux, avec juste ce qu'il faut de dérapages mélancoliques et de crocs-en-jambe du destin pour qu’on puisse croire à sa réalité."
" Tout le monde s'accorde à penser qu'Il était une fois un merle chanteur est une œuvre d'une fantaisi
" Tout le monde s'accorde à penser qu'Il était une fois un merle chanteur est une œuvre d'une fantaisie délicieuse, certains affirmant même qu'elle est d'un franc comique et propre à nous plonger dans l'euphorie des grands jours. J'avoue que cette unanimité m'étonne car il me semble, au contraire, que l'humeur de Iosscliani se teinte nettement de mélancolie et qu'il jette sur la vie le regard de celui qui connaît la fragilité du bonheur. Il était une fois un merle chanteur est avant tout un portrait, un retour à l'étude de caractère et comme tel, relève de la comédie classique. Mais cela n'empêche pas qu'on soit dans un registre grave.
A travers l'instabilité de son personnage, Iosséliani nous parle de l'amertume qu'il y a à vieillir, à ne pouvoir demeurer sans cesse l'adolescent impatient d'apprendre la oie, à se sentir obligé, tôt ou tard, de faire des choix qui ne peuvent qu'être embarrassants et pour les âmes sensibles, cruels : choix d'une profession de préférence à telle autre, d'une femme à l'exclusion de telle autre, d'un groupe social quand on se sent le cœur débordant de tendresse et de sympathie pour tout ce qui respire et qu'on est convaincu qu'on n'aura jamais trop d'amis, qu'on ne sera jamais assez généreux, chaleureux, ouvert.
Il suffit d’un rien que le héros d'Il était une fois un merle chanteur ne devienne un héros tragique. Les dernières images sont d'ailleurs suffisamment ambiguës pour qu 'on ait envie de se poser des questions. Iosséliani veut-il que l'accident de la circulation dont il est victime lui soit fatal ou cherche-t-il a indiquer, au contraire, en concluant par le plan d'un mécanisme d'horlogerie qu'un artisan remet en marche que lasolidarité humaine jouera en sa faveur et que la société à laquelle il tentait si maladroitement de s'intégrer ne le considère pas comme un chien galeux ? On a très envie de s’en tenir à cette hypothèse optimiste, c'est un baume sur les vieilles déceptions et les chagrins de notre adolescence que Iosséliani a su réveiller un instant, une conclusion opposée à celles que dicteraient les vieilles lunes du romantisme bourgeois.
Et puis, ce film géorpen baigne dans un climat d'exuberance méridionale d'où le pittoresque facile est rigoureusement banni, les allusions au folklore local étant sévèrement contrôlées, utilisées à bon escient et jamais à des fins banalement décoratives. Iosséliani filme la quête incessante de son héros à travers les rues de Tbilissi, ses passages météoriques dans les bâtiments publics (hôpitaux, bibliothèques, opéra) et dans les appartements privés avec un souci d'exactitude descriptive qui n'a jamais la balourdise du reportage ni la volonté de démonstration du vieux néo-réalisme.
Nous sommes incontestablement en présence d'un maître-cinéaste..."
"Il était une fois un merle chanteur est la traduction littérale du titre original. Mais la formule « Il ét
"Il était une fois un merle chanteur est la traduction littérale du titre original. Mais la formule « Il était une fois » prend en langue géorgienne - car il s'agit d'un film géorgien, parlé en géorgien, c'est important - une signification et une force bien plus grandes qu'en français, correspondant à toute une tradition de légendes profondément ancrées et fort vivaces dans la vie quotidienne, et losseliani, qui parle très bien le français, aurait souhaité qu'en France le film soit intitulé Toute la sainte journée, titre assez pessimiste.
Mais au-delà de ce constat, se trouve une peu comparable foi en la vie, en l'homme, doublée d'une sorte de sagacité dans le regard sur le déroulement des événements, le clin d'œil n'étant qu'une parade, une apparence de simplicité dans le sérieux. (...)
Ce ton de comédie intimiste est déjà surprenant pour un film soviétique, dénué de toute grandiloquence spectaculaire, de tout puritanisme révolutionnaire. On songe davantage au cinéma tchèque... d'avant 1968 ( !). Le précédent, et premier, film de Iosseliani, La chute des feuilles, était plus triste, plus terne, plus critique, plus acerbe dans la critique, mais aussi plus optimiste quant au fonctionnement d'une société. Si le propos n'est ici ni spécifiquement ni explicitement politique, s'il y a absence de jugement analytique, c'est au profit de la revalorisation du développement de la personnalité de l'individu."
La révoite suprême des Géorgiens, c'est de se moquer du temps perdu pour ne se soucier que du temps retrouvé
La révoite suprême des Géorgiens, c'est de se moquer du temps perdu pour ne se soucier que du temps retrouvé. Le personnage cinématographique qui les définit le mieux, c'est probablement le jeune Guia, héros d'Il était un fois un merle chanteur, qu'Otar losseliani tourne en 1970.
Guia est un inadapté chronique. Un doux rêveur trop occupé à savourer chaque instant de la vie pour se soucier des lendemains, fussent-ils chantants...
L'effort collectif ? Marx ? La lutte finale ? Sans lui ! La seule lutte qui l'intéresse, c'est d'obtenir, d'une jeune fille croisée par hasard, un sourire qui lui fait aussitôt oublier un rendez-vous important auquel il tenait pourtant... Et son seul combat dans la vie, c'est de rejoindre à l'heure — et après quelles acrobaties ! l'orchestre dans lequel il est percussionniste.
« Je cours toute la journée, dit Guia, et, en définitive, je ne fais rien ». Mais précisément parce que c'est un hédoniste, Guia devient le symbole de cette Géorgie réfractaire aux conventions, aux normes, à la « soviétisation » obligatoire. Son indolence devient insolence. Et parce qu'il n'y a pas de survie possible pour le « petit » merle chanteur qui refuse de se plier au réel, le voilà qui se fait écraser pour un visage de femme sur lequel il s'est retourné et qu'il a regardé une seconde de trop...
Le dernier plan de ce film gai et si légèrement mélancolique s'attarde sur un horloger qui remet en marche une montre arrêtée. Sans doute parce que la vie mécanique, terrible, minuté, va pouvoir reprendre, avec la mort de Guia : « Je ne veux suivre ni la voie montrée par les statues au bras tendu, ni celles d'un Soljénitsyne), parce qu'il a pris la pose, a précisé losseliani (1). Je ne veux pas apprendre aux gens comment il faut vivre. Chacun est né pour boire le verre de sa vie »... Et Dieu sait que les Géorgiens boivent bien !
L'importance du cinéma géorgien, depuis trente ans, c'est l'absence de didactisme. Dire les choses, oui, mais avec verve ! Fustiger les mœurs, certes, mais avec le sourire ! ..."
(1 ) Positif, mai 1978.
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