Le film comme témoin de la société tchécoslovaque
Juin Juillet 1970- Dans la revue Jeune Cinéma, qui suit avec une attention particulière les mouvements de la Nouve1
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Un homme retrouve par hasard celui qui, pour une anodine plaisanterie, l'entraina dans un calvaire de 7 ans, de la prison aux mines. L'heure de la vengeance ?
Pour une plaisanterie anodine, Ludvik fut exclu de l’Université et des jeunesses communistes... puis incoroporé dans un bataillon militaire, envoyé en prison disciplinaire et dans les mines. Mais, par hasard, il retrouve le responsable de son calvaire. L'occasion est belle de se venger... Tournée un an après l'arrivée des chars à Prague, cette adaptation du célèbre roman de Kundera fut mise alors à l'index. Redécouvert quinze ans plus tard, sa férocité est restée intacte
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" Jaromil Jires, réalisateur de La Plaisanterie, d'après Milan Kundera, se sert du procédé de retour en arrière avec une virtuosité étourdi
" Jaromil Jires, réalisateur de La Plaisanterie, d'après Milan Kundera, se sert du procédé de retour en arrière avec une virtuosité étourdissante, et qui n'est jamais gratuite. En mêlant présent et passé, il montre l’enchaînement disproportionné de causes dérisoires et de conséquences tragiques (qui deviennent elles-mêmes causes tragiques de conséquences dérisoires). Il faut dire que le cinéaste tchèque est puissamment aidé par le meilleur adaptateur possible de Kundera : Kundera lui-même, qui a signé le scénario.
Tourné en 1968, dans l'effervescence du Printemps de Prague, la Plaisanterie n'était Jamais sorti en France. Vingt ans plus tard, et après tant de bouleversements, le film n’a-t-il pas vieilli ? Eh bien, non. Pas une ride. C'est la nouveauté la plus fraîche et la plus tonique qu'on puisse trouver sur les écrans cette semaine. C'est qu'il y est question de l'individu contre la masse. De l'ironie comme crime contre la société et comme salut personnel. De la liberté et du destin. De l'innocence et de la responsabilité. De la mémoire et du pardon. Des traces de l'histoire sur les êtres. Toutes choses d'une authentique actualité, surtout quand elles, sont dites avec cette cinglante élégance, sur le ton dangereux de la plaisanterie."
" La Plaisanterie, tournée d'après l’excellent roman de Milan Kundera, a deux niveaux. Le premier, très réussi, c’est l’atmosphère des anné
" La Plaisanterie, tournée d'après l’excellent roman de Milan Kundera, a deux niveaux. Le premier, très réussi, c’est l’atmosphère des années 50 avec leurs injustices, leurs angoisses, leurs supercheries que Jires décrit avec une habileté et une franchise extrêmes. L’autre, l'aspect psychologique et les relations tendues entre les protagonistes, est plus faible et moins convaincant.
Dans les cinémas tchécoslovaques, La Plaisanterie a un énorme succès. Surtout parmi les jeunes qui grâce à ce film apprennent beaucoup de choses qu’ils n'ont pas vécues. Jires sait, comme toujours d'ailleurs, attirer toute leur attention sur le problème posé par son film."
" Le film, qui décrit la petite vengeance personnelle, presque mesquine, que met en place l’ancien moqueur, parcourt constamment et sans di
" Le film, qui décrit la petite vengeance personnelle, presque mesquine, que met en place l’ancien moqueur, parcourt constamment et sans discontinuités passé et présent, faisant du souvenir une réalité à part entière, qui s’insère à tout moment dans le vécu quotidien pour s’imposer avec une force inentamée. Ces sautes temporelles sont bien sûr chargées de mélancolie et d’amertume, dès lors que l’on mesure l’absurdité et la disproportion des conséquences que peut entraîner, dans une société cadenassée par des apparatchiks acharnés, un acte de micro-résistance intellectuelle en forme de boutade.
Mais l’effet joue également comme un aiguillon sur notre sensibilité de spectateurs : la voix-off, les nombreux regards à la caméra, acquièrent une puissance d’expression qui dépasse la simple figure de style. Par la mise en question et le renouveau de la grammaire cinématographique, Jaromil Jires explore sa propre définition d’un cinéma de la subjectivité, dont la portée est pourtant tout autant militante qu’universelle. Car c’est là que réside toute l’ampleur d’un film économe en formules grandiloquentes : le propos politique se forge moins dans les discours abstraits que sur les visages derrière lesquels se profilent autant de drames humains.
Les flash-backs suffisent à créer un lien d’empathie fort avec des personnages dont on retiendra souvent les expressions et le regard plutôt que les noms. La finesse de la mise en scène épouse l’apparente « simplicité » du scénario co-signé par le romancier Milan Kundera, le script foisonnant en réalité de trouvailles narratives et d’un ton ironique à la hauteur de celui dont fait montre son personnage principal. Si ce regard souvent désabusé réussit à ne pas aller jusqu’à la cruauté, c’est que la peinture aigre-douce qu’il donne de la société tchécoslovaque n’est pas dépourvu d’une tendresse surprenante, qui interdit de dresser des listes à charge de coupables, nommant clairement des « ennemis de la liberté » symétriquement aux « ennemis du Parti ».
Jires restitue toute la complexité des fils enchevêtrés de l’embrigadement soviétique et du folklore, des passions politiques et amoureuses subites, au sein d’une jeunesse qui au moment de l’intrigue est déjà une génération d’adultes fanés, se résignant à s’accommoder avec les bassesses de l’Histoire plutôt que de changer le monde. La Plaisanterie, tourné à la même époque que les événements de Prague qui ont électrifié - au moins pour un temps - la Tchécoslovaquie en 1968, reste avant tout un formidable appel à ne pas se taire."
" L'histoire de ce film que Jires mit d'abord deux ans à faire accepter d'un pouvoir qui était pourtant celui du "printemps", puis qui, ach
" L'histoire de ce film que Jires mit d'abord deux ans à faire accepter d'un pouvoir qui était pourtant celui du "printemps", puis qui, achevé juste avant l'arrivée des chars russes à Prague en août 1968, fut projeté en 1969 par chance au festival de Locarno, cette histoire est un concentré d'absurde et de tragique contemporain.
La Plaisanterie est une fidèle adaptation du roman homonyme de Milan Kundera publié en 1968 en France (Gallimard). Le film n'est pas un chef-d'oeuvre d'écriture mais dès 1969 Jean-Pierre Jeancolas notait quelle sorte d'impression vive il peut susciter. " C'est un film amer que l'on reçoit aujourd'hui avec une immense tristesse" (Jeune cinéma n°42).
C'était en 1969 mais Claire Parenti dans compte rendu de Locarno-72 remarquait dans Positif (n°147) que La Plaisanterie avait été "oublié" de la filmographie officielle (tchèque) de Jirès (il présentait alors au festival Et je salue les hirondelles).
En 1974, au C.I.CI. de la Chaux de Fonds, tel un revenant - un film, ça ne s'efface pas comme la tête d'un quelqconque Clementis dans une photo de groupe - tel, donc, un revenant, le film fit une apparition surprise qui laissa le public estomaqué. En 1983, à Lyon, La Plaisanterie a reçu un accueil enfin dépassionné, ce qui ne veut pas dire froid.
Son pouvoir corrosif n'a pas faibli. Il blesse encore mais surtout il stimule. Il exalte l'ambition de lucidité. Le film de Jires traduit toute une civilisation et sa culture ambiguë parfois médiocre. Dans La Plaisanterie, la dérision n'est pas un jeu irresponsable et vain. Elle est une nécessité vitale pour l'intelligence en péril. Elle est si inhérente à une démarche de liberté qu'on excuse les petites bassesses de l'oeuvre, sa misogynie viscérale et ses réflexes anti-jeunes assez peu sympathiques. Il est des travers qui humanisent un propos.
La dérision qui fonde La Plaisanterie est dérangeante mais c'est une forme de pensée active qui nous fait défaut, ici et maintenant. Elle est une approche sceptique et impertinente de la réalité à redécouvrir. Sa virulence est exemplaire.La Plaisanterie est un film en réserve de l'histoire, qui donc "fait" l'histoire; En le montrant en France pour la première fois, l'Institut Lumière a fait discrètement profession de foi de cette vérité dont Georges Bataille a dit qu'elle n'a qu' "un visage, celui d'un démenti violent."
" Qu'est-ce que l'humour ? « Une plaisanterie dite sur un ton triste », nous dit Falstaff. Et qu'est-ce qu'une plaisanterie? L'inverse, exa
" Qu'est-ce que l'humour ? « Une plaisanterie dite sur un ton triste », nous dit Falstaff. Et qu'est-ce qu'une plaisanterie? L'inverse, exactement. Le film de Jaromil Jires, La Plaisanterie, d'après le beau roman de Kundera, en est la splendide confirmation : le sujet y est grave, mais le ton ironique. On y trouve de la douleur, de l'amertume, du dépit, Jusqu'à l'amorce d'une rédemption, sans jamais trop y croire (...)
On ne ressort pas d'une telle aventure indemne. Pour traduire l'état d'anesthésie dans lequel est plongé Ludwik, son obsession de la vengeance et son cynisme, Jaromil Jires utise un subtil montage alterné, doublé d'une voix off, isolant ainsi le héros, le décalant sans cesse par rapport au présent. C'est ce détachement qui crée l'ironie. Ironie dont l'aboutissement suprême n'est en rien de moins que l'interrogation même de Dieu."
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