" Dans Les Citronniers, c'est une veuve vivant dans un petit village palestinien de Cisjordanie qui se retrouvait contrainte de décimer sa plantation, au prétexte que celle-ci menaçait la sécurité d'un ministre israélien qui venait de faire de la maison voisine sa villégiature.
Le "héros", cette fois, est un personnage négatif. C'est un homme qui n'assume pas ses responsabilités, ni dans sa famille (il est séparé de sa femme, sa fille le boude), ni dans son travail.
Riklis a donné les rôles "responsables" à des femmes : l'une dirige l'entreprise, l'autre est consul. Ce qu'il raconte est une histoire de conversion, un voyage initiatique au cours duquel le DRH aigri endosse une mission de pénitence, apprend les vertus de l'altruisme, oublie son cynisme, son indifférence à la souffrance des autres, découvre la richesse des ressources humaines.
Le DRH est-il une métaphore de l'Etat d'Israël ? C'est ce qui était sous-entendu dans le roman d'A.B. Yehosua adapté par Riklis, qui s'interrogeait sur la capacité d'accueil d'un pays considéré comme une terre promise et où ceux qui rêvaient de s'y installer trouvaient la mort.
Que propose Israël aux immigrés ? Un fantôme hante ce récit, celui de Yulia la Roumaine au sourire de Mona Lisa. Sa mère insiste pour que sa dépouille reparte en Roumanie. En souvenir de Yulia, ses proches veulent rester fidèles à ses désirs et ses rêves. Yehosua ne disait pas autre chose, disant "l'urgence d'ouvrir les bâches noires qui enveloppent les cadavres au lieu de les oublier", et réclamant auprès des uns et des autres, un peu de peine et de compassion."
Jean-Luc Douin
Une fable politique et humaine très enlevée. La patte d un grand réalisateur.
Très humain, attachant, et prenant. Un road-movie pour se re-centrer, malgré lui...