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Emma et Böbe, deux jeunes paysannes, arrivent à Budapest pour s’intégrer à la classe intellectuelle. Mais elles peinent à subvenir à leurs besoins...
Emma et Böbe, deux jeunes paysannes, arrivent à Budapest pour s’intégrer à la classe intellectuelle. Les deux ont réussi à trouver un emploi non titularisé de professeur de russe. Mais lorsque le bloc communiste et le mur de Berlin s’effondrent, la langue russe n’est plus une matière obligatoire dans les écoles. Pour éviter de devoir retourner dans leur province, les deux jeunes femmes souhaitent se recycler et s’inscrivent à des cours d’Anglais qu’elles dispensent, dès le lendemain, à leurs propres élèves. Mais leurs salaires restent insuffisants, Emma fait des alors ménages et Böbe drague les touristes qui séjournent dans la capitale... Ours d'argent au Festival de Berlin 1992.
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"... à travers ces deux femmes désemparées, et toute une population déboussolée qui fait l'apprentissage d'une liberté factice, Istvan Szab
"... à travers ces deux femmes désemparées, et toute une population déboussolée qui fait l'apprentissage d'une liberté factice, Istvan Szabo montre en des séquences inégalement longues comment, loin de l'ordre soviétique, se débrouillent les gens de la capitale. Pas trop bien. Et suggère en passant que rien ne vaut la province, protégée des modes, des ambitions, de l'opportunisme, du carriérisme, protégée aussi des rêves de bonheur. Le bonheur n'entre pas dans les thèmes du cinéma hongrois.
Finalement, Budapest apparaît aussi trompeuse et miteuse que le directeur. Emma, marche après marche, descend jusqu'au fond de l'abandon et de la désespérance. Bobbe, elle, tombe brutalement au sens figuré, au sens littéral (...) Istvan Szabo filme comme on ouvre des portes dans l'idée plus ou moins avouée de surprendre quelqu'un.
Bizarrement, il déclare : " Il s'agit d'un film absolument réaliste, que je dirais plutôt optimiste. Il montre des situations. Les connaître constitue la base de cet optimisme, dont la forte personnalité d'Emma représente également une preuve pour moi. "
" (...) A travers Emma, c’est un instantané de la Hongrie que nous offre Istvan Szabo. La vie au jour le jour de gens ordinaires. De gens d
" (...) A travers Emma, c’est un instantané de la Hongrie que nous offre Istvan Szabo. La vie au jour le jour de gens ordinaires. De gens désespérément accrochés au peu qu’ils possèdent. Raconter son pays à travers un personnage — célèbre (Mephisto, 1981, Colonel Redl, 1986) ou anonyme (Père, 1966) —, Istvan Szabo le fait presque à chaque film. Mais Méphisto est un opportuniste et Istvan Szabo lui préfère les anti-héros. Ceux qui se battent contre le chaos. Et ce qui l’intéresse d’abord, c’est leur visage. Il y traque chaque expression, chaque stigmate, chaque preuve de cette lente érosion de l’individu face à l’hostilité du monde.
En Johanna Ter Steege, mouvante et émouvante, Szabo a trouvé l’Emma idéale. La première fois que nous la voyons, elle se réveille de son cauchemar. Elle est fatiguée, mais elle rayonne de vie... Lorsque nous la quittons, un petit ressort a lâché, quelque chose s’est éteint dans son œil. Seule l’énergie du désespoir l’habite encore.
Szabo filme sobre et peint ses personnages à la manière des impressionnistes. Par petites touches, mine de rien, et soudain des vérités surgissent.
Répondant à une annonce, Emma et ses amies se rendent au casting d’un film. Le metteur en scène leur explique l’action, située dans un harem, au temps où la Hongrie était sous domination turque. Les unes après les autres, dix jeunes femmes nues se présentent devant l’objectif, un numéro à la main. Elles annoncent leur nom et leur métier. Toutes sont professeurs ou infirmières. Toutes ont des fins de mois à boucler. A quoi rêvent les jeunes filles ? Elles rêvent toutes de la même chose : une belle vie, un mari. Terrible retour en arrière que le mariage pour seul moyen d'acquérir un statut que leur métier ne leur donne même plus. Mais ce n’est pas parce que le glas du communisme a sonné qu’elles vont pour autant accepter de retourner dans leur campagne natale.
La politique, les dénationalisations, tout ça, finalement, est bien loin d’elles. Elles savent très vaguement que Rosa Luxemburg était une " révolutionnaire ", mais très bien, en revanche, le prix à payer chaque jour pour survivre. Alors, vivre...
(...) D’un œil quasi médical, Szabo ausculte l’Europe centrale. Son diagnostic est alarmant, mais pas désespéré. Comme s’il était persuadé, au fond, qu’un être, qu’un pays peuvent se relever de tout s’ils s’en donnent la peine... "
" (...) Ses films précédents, Méphisto, Colonel Redl, Hannssen, la Tentation de Vénus, coproductions à gros budgets, eurent un assez grand s
" (...) Ses films précédents, Méphisto, Colonel Redl, Hannssen, la Tentation de Vénus, coproductions à gros budgets, eurent un assez grand succès, mérité, dans l’ensemble, bien au-delà des frontières hongroises. Chère Emma... (titre original : Chère Emma, douce Bobbe...) est un " petit " film chronique sur la Hongrie d'aujourd'hui, tourné dans l'urgence. Il a reçu le Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Berlin. Il dit le désarroi profond, à la limite du désespoir, qui s'est emparé du monde enseignant.
Emma, comme son amie, a quitté sa province et ne veut plus y retourner. Professeur de russe, elle doit apprendre l’anglais pour l'enseigner à ses élèves. Et pour vivre décemment, elle fait quelques heures de ménage par semaine dans un appartement bourgeois où elle ne rencontre jamais personne. Le même cauchemar revient souvent agiter ses nuits, et ses journées mettent à rude épreuve son cœur tendre et sa volonté d'assumer sa vie. Elle aime Stéphane, directeur de l'établissement, terrorisé par sa famille et ses supérieurs, elle s'accroche malgré tout à lui. Elle partage quelques moments de la vie de sa compagne de chambre, qui a choisi de prendre la vie comme elle vient. Cela la tuera. Emma résiste atout, aux tentations faciles qui ont séduit Bobbe, à la lâcheté de son amant, au doux visage de sa mère venue la prier de rentrer à la maison, aux agressivités de la rue, de ses élèves ou de ses collègues, elle résiste au suicide de Bobbe. " Ce n’est pas une solution " lui murmure-t-elle en larmes. Au dernier plan Emma vend des journaux, elle en crie le titre comme on appelle au secours, elle veut vivre.
Pour jouer le rôle d'Emma, Istvan Szabo a choisi Johanna Steege, forte dans son extrême fragilité, celle qui fut Marianne dans J’entends plus la guitare de Philippe Garrel. Son jeu donne une étrange vibration au film. Et Szabo a très bien su mêler plans courts et plans longs, scènes dures et scènes de charme dans lesquelles le fou rire fait irruption pour, quelquefois, se transformer en crise de larmes, comme l’insouciance de Bobbe, — " la douce Bobbe ", personnage interprété par Eniko Borcsôk - tourne en désespoir.
Chère Emma... est sans doute le plus beau film d'Istvan Szabo. "
" (...) le réalisateur hongrois Istvan Szabo, après une aventure internationale (la Tentation de Vénus), plutôt réussie et médiocrement acc
" (...) le réalisateur hongrois Istvan Szabo, après une aventure internationale (la Tentation de Vénus), plutôt réussie et médiocrement accueillie, nous revient avec un film totalement hongrois et à très petit budget. Chère Emma conte l’histoire de deux jeunes enseignantes de russe à Budapest qui doivent se convertir à l’anglais, et traversent une crise personnelle et professionnelle aiguë. Une fois de plus, il est prouvé qu’en retrouvant ses racines les plus intimes, un metteur en scène nous donne plus à voir qu’en cherchant à conquérir à tous prix l’Amérique. Istvan Szabo parvient à une maîtrise bouleversante qui nous laisse entrer dans la proximité de ces êtres avec des gros plans qui pénètrent le cœur et le corps de ses héroïnes à la façon d’un Bergman.
L’émotion nous emmène dans ce monde apparemment si loin de notre univers quotidien, mais l’universalité des sentiments nous le fait partager et aimer mieux que beaucoup de grandes machines glacées. "
« Je n ai jamais fait dans ma vie, dit Istvan Szabo, un film qui ne traite pas de ce qui me touche personnellement » Sa déjà longue carrièr
« Je n ai jamais fait dans ma vie, dit Istvan Szabo, un film qui ne traite pas de ce qui me touche personnellement » Sa déjà longue carrière, depuis « L’Age des illusions » (1964) à « La Tentation de Vénus » (1991), en passant par « Méphisto » (1981) et « Colonel Redl » (1984), plaide largement en sa faveur. Il nous a fait partager plus d'une fois l'attention exacte, rigoureuse, en même temps que l’amitié secrète, de grande qualité, qu'il porte à ses personnages.C'est avec la même honnêteté qu’il observe et dépeint les deux amies dont il nous raconte l’histoire dans « Chère Emma ».
Emma (Johanna Ibr Steege) et Bobbe (Eniko Borcsok) sont des filles de la campagne, montées à Budapest durant les dernières années du pouvoir communiste. Ayant choisi d’enseigner le russe, elles se trouvent aujourd’hui, complètement déphasées, dans un climat d’épuration larvée qui menace toutes les personnes suspectes, à tort ou à raison (...)
Itsvan Szabo dresse donc un constat précis qui nous renseigne, bien mieux que n’importe quel reportage télévisé, sur la réalité quotidienne telle qu’elle est vécue dans une société exsangue et déchirée. Décrivant avec un grand calme des situations désespérantes, et parfois même désespérées, il se défend de tout pessimisme systématique, car la vérité reste à ses yeux le seul garant d’un optimisme authentique. Superbement interprétée par Johanna Ter Steege, Emma devient donc l’incarnation à la fois humble et résolue de cette vérité farouche.
Itsvan Szabo dépouille l'action de son film de tout ce qui lui paraît accessoire ; il resserre, il condense, il capte l’émotion à fleur de visage. La scène où les deux jeunes femmes, à la suite d’une confidence malheureuse de Bobbe, se heurtent violemment est exemplaire à cet égard. Placée le plus simplement du monde, la caméra se montre à la fois totalement objective et parfaitement compréhensive. Elle rend justice aux héroïnes de par la seule justesse du regard porté surelle.C’est du très beau cinéma, en somme, aussi loyal que bouleversant.
Chère Emma est le premier film vraiment consacré aux conséquences de l’effondrement d’un régime que l’on croyait immuable. Emma et son amie
Chère Emma est le premier film vraiment consacré aux conséquences de l’effondrement d’un régime que l’on croyait immuable. Emma et son amie Bobbe sont d’anciennes paysannes devenues professeurs de russe à Budapest et vivent dans un foyer. La métaphore est claire : non seulement les deux jeunes femmes doivent faire face à la disparition abrupte des valeurs qui régissaient leur vie après la désintégration de l’empire soviétique mais, de surcroît, le russe est rayé de l’enseignement en Hongrie. Les voici contraintes d’apprendre l’anglais (tout un symbole) pour l’inculquer à leurs élèves.
La démonstration est claire d’une fragilisation qui doit toucher dans les pays de l’Est tous ceux dont te travail, et donc la survie, était lié d’une manière ou d’une autre à l’URSS. Sur ce terrain glissant (ce n’est pas un hasard si Emma fait sans cesse le même cauchemar où elle dévale une montagne de boue), l’une s’effondre totalement (Bobbe) tandis que l’autre s’enferme dans une impasse et un isolement affectif déprimant.
Car autour d’Emma et Bobbe, c’est aussi la débandade : les professeurs s’affrontent selon qu'ils ont été très peu communistes ou selon qu’ils ont rompu à temps (les opportunistes) ou non avec l’ancien régime.
Par ailleurs, homme lâche, le directeur du collège, amant intermittent d’Emma, profite de sa situation fragile (« j’ai connu, dit-il, trois changements d’orientations dans ce pays ») pour rompre avec la jeune femme.
La Hongrie semble devenue la scène d’un psychodrame permanent tout autant qu’un pays délabré et désenchanté, privé des valeurs d’autrefois (« générosité et solidarité » énonce un ancien stalinien), face à un grand vide (qui se dit, souligne un autre personnage, vacuum en russe comme en anglais), un pays où il faut emmener avec soi un pommeau de douche en allant dans les salles de bains collectives et où enseignantes et fonctionnaires se bousculent à des castings minables.
Oubliant le luxe de ses précédentes productions, Istvan Szabo a tourné un film dont le dénuement et la simplicité accroissent l’efficacité et le pessimisme et dont l’Ours d’or obtenu à Berlin est très mérité. Chère Emma doit également beaucoup à l’interprétation de Johanna Ter Steege qui donne au personnage principal une troublante profondeur dans son désarroi sans illusions.
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