PAUL VERHOEVEN
Après un début de carrière décrié dans son pays natal, le « hollandais violent » (c’est son surnom !) Paul Verho...
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Nomi, surgie de nulle part, arrive à Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. Modestement, elle débute dans une boite de strip-tease...
Nomi arrive à Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. Elle plonge vite dans la réalité et débute par des strip teases... Après "Basic Instinct", le réalisateur et son scénariste ont repris la trame du "Eve" de Mankiewicz en la transposant dans l'Amérique siliconée des 90's. Résultat : une critique de l'arrivisme et de la laideur... ou une apologie du néant ? Échec total, critique et public, "Showgirls" est le "film maudit" de l'auteur de "Robocop" et "Spetters". Mais, à l'instar de Jacques Rivette qui déclarait à sa sortie qu'il était l'un des grands films de l'année, "Showgirls" a aujourd'hui sa horde de fans qui jurent au chef-d’œuvre incompris.
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" Le seul vrai suspense, c'était plutôt la fabrication de ce film-là. Comment financer une entreprise pratiquement vouée à l'échec commerci
" Le seul vrai suspense, c'était plutôt la fabrication de ce film-là. Comment financer une entreprise pratiquement vouée à l'échec commercial (via l'interdiction, aux Etats-Unis, aux moins de 17 ans) ? Quelle actrice voudrait se montrer nue pendant près de deux heures ? Une fois trouvés l'argent et l'interprète, Elizabeth Berkley, une débutante qui arbore en permanence le rictus Pepsodent, la rose en moins , Verhoeven pouvait se livrer à son sport favori : en faire des tonnes.
Alors, on se rince l'oeil, au moins ?, s'impatiente l'amateur. Certes, la chair à paillettes inonde l'écran, mais tout est dans le simulacre mécanique et la furie gymnastique. Jusqu'au grotesque, jusqu'à la nausée. C'est un monde réglé par des rapports cyniques de domination que Verhoeven nous met sous le nez ; très show, très froid, très cruel.
En observant Vegas et ses marchandises humaines à la loupe, le Hollandais violent pensait sûrement à Hollywood : tous des macs, toutes des putes... Qui sait si derrière le voyeur ne se cache pas un moraliste ? Un jour, on surprendra peut-être Verhoeven en chaire, comme un télévangéliste au bordel. En attendant, il vient de réaliser son plus mauvais film, lequel s'est complètement planté aux Etats-Unis. Le spectacle continue, mais est-ce bien nécessaire ?"
" Show girls est l’aboutissement logique de cette attitude masochiste qui consiste à penser au-dessus de ses moyens. Perdu dans la ville-mi
" Show girls est l’aboutissement logique de cette attitude masochiste qui consiste à penser au-dessus de ses moyens. Perdu dans la ville-mirage par excellence, Paul Verhoeven déploie beaucoup d’efforts pour bien nous signifier qu’il n’est pas dupe. Muni d’un scénario débile, et obligé de faire semblant d’y croire un minimum, il croit pouvoir louvoyer entre le respect de la commande et la critique qu’il pense en faire. A force déjouer au plus fin, de vouloir satisfaire un large public américain tout en clignant de l’œil vers ses admirateurs européens, il finit par décevoir les uns et les autres (...)
Le traitement du sexe est particulièrement remarquable comme symptôme de la schizophrénie dont souffre Verhoeven. Pour ses commanditaires, il est le type même du cinéaste licencieux (...) Show girls fournissant un cadre parfait à ces coupables débordements, on allait voir ce qu’on allait voir! On a vu : du cul aérobiqué comme s’il en pleuvait, du nibard siliconé plus que sur TF1, de la foufoune en pagaille et même, hardiesse suprême, quelques gouttes de sang menstruel.
Comme tout le reste, cet entassement de corps postiches ne vise qu’à démontrer la vacuité du rêve américain tout en faisant bander le paysan de l’Arkansas. Manque de pot, lui aussi a fini par comprendre qu’on se foutait de sa gueule et ne s’est pas déplacé. Le sexe est un simulacre et tout est vanité, mon bon monsieur. Avec infiniment plus d’humour, et surtout plus vite, lord Chesterfield disait à peu près la même chose en 1774 : « Le bonheur est bref, la chose est rapide et la position est ridicule. »
Ce qui est vain, et surtout très bête, c’est de déployer tant d’efforts pour arriver à une conclusion d’un conformisme aussi affligeant. Avec son obstination à construire du vide sur du rien, Verhoeven finit par faire la démonstration du vieux principe mathématique ; zéro plus zéro égale toujours zéro…"
" ... ce qu'il y a de plus insignifiant et de plus vulgaire dans la production américaine de l'auteur de Robocop. Showgirls, summum. U
" ... ce qu'il y a de plus insignifiant et de plus vulgaire dans la production américaine de l'auteur de Robocop. Showgirls, summum. Une tapineuse monte à Las Vegas pour tenter sa chance. Comme elle baise comme elle danse et qu'elle danse comme elle baise, ça devient vite monotone. L'apparente franchise sexuelle du film se résume vite aux contorsions misérables que la pauvre s'impose pour réussir à s'imposer dans un monde machiste et misogyne. «En réalité, je cherche la beauté, mais, en la cherchant, je ne trouve que la crasse», dit Verhoeven, qui, là encore, nous gratifie d'une scène de viol d'aucune utilité. La soi-disant crudité de son regard sur le porno n'évite aucun stéréotype, n'ouvre sur rien. Le cul comme alibi artistique n'opère plus (...) le film n'est que laid et relaid."
Isabelle PotelShowgirls n’est pas un film vertueux. Il n’a pas de position de surplomb, il ne dénonce pas d’une place qui le mettrait lui-même au-dessus
Showgirls n’est pas un film vertueux. Il n’a pas de position de surplomb, il ne dénonce pas d’une place qui le mettrait lui-même au-dessus du soupçon de corruption. Ce n’est pas accidentel, c’est tout Verhoeven - de s’engouffrer sans excuses et sans précautions dans cette brèche où un paysage socio-politique inacceptable se branche sur les instincts, domestique à son avantage les primats naturels, à la carotte (le lap-dance) ou au bâton (l’audition). Même pas passé le cap des dix premières minutes que Nomi vomit face caméra, surexposée par les néons rutilants de casinos et cabarets entourant de nuit un parking.
Le choc et l’étrangeté du film tiennent à cette confrontation dans le cadre de brutalité crasse et de conte de fée toc. Standards soupes inaudibles, décors richement dégueulasses, chorégraphies dont "kitsch" ne serait que le prénom - et merdes de macaques sur l’avant-scène (ob-scénité littérale), prostitution non pas comme exception mais comme norme en ville, manifestations d’une culture du viol. Le haut factice du spectacle (la pin-up surélevée), le bas par trop réel (la doublure, noire de surcroît, à la jambe brisée par ce que les exécutifs appelleraient en se marrant « un coup de pute »). Voix sirupeuse d’un crooner in-exportable (il incarne Vegas, nous prévient-on) porté sur le droit de cuissage. Chaque scène, la rencontre la plus anodine de prime abord, s’apparente à une mise en piédestal immédiatement renversé au détriment de la personne exposée. Une comédie musicale façon Hollandais Violent.
Jacques Rivette prenait dans une séquence du spectateur pour les Inrocks en 98 la défense du film. Il avait tout compris : « Showgirls est un des plus grands films américains de ces dernières années, c’est le meilleur film américain de Verhoeven et son plus personnel. Dans Starship Troopers, il a mis des effets pour faire passer la pilule, alors qu’évidemment, Showgirls est à poil. C’est aussi le plus proche de ses films hollandais. C’est d’une grande sincérité, avec un scénario sans aucune astuce qui est visiblement de Verhoeven lui-même, et pas de ce monsieur Eszterhas qui est nul ! Et l’actrice est stupéfiante ! Comme tout Verhoeven, c’est très déplaisant : il s’agit de survivre dans un monde peuplé d’ordures. Voilà sa philosophie. »
De sa période hollandaise, il se rapprocherait au plus près de Spetters, comme une réponse anglo-saxonne et féminine à cette autre fable des ravages de la mise en compétition dans un champ dérégulé (un échange particulièrement infâme autour de croquettes pour chien paraît tiré en droite ligne de ce prédécesseur)
(...) Vegas pour Verhoeven serait comme une cuvette de chiottes laquée or. Où tous les organisateurs n’ont qu’à la bouche le mot d’ « art » alors qu’il n’y a que trace d’exploitation (comme le fait remarquer un Jiminy Cricket de Nomi, qui se révélera lui-même paralysé par l’addiction sexuelle et la résignation, mieux vaut encore pour une performeuse choisir le boui-boui où on ne prétend pas faire autre chose que remuer nichons et cul pour le chaland qu’accomplir exactement la même chose dans ce qui prétend être un lieu de spectacle respectable). Un village de Pinocchio priapique qui en s’auto-célébrant, révère à la saison ces ciments de la société américaine que sont les disparités de fortune, de genre et raciales (on laisse le soin à qui n'aurait pas encore vu le film de découvrir le sort qui y est réservé aux Afro-Américaines en particulier).
Si les danseuses profitent du relatif confort que leur offre la privauté des coulisses pour cracher leur dégoût de la scène, il suffit de laisser tourner la caméra dès qu’elles-mêmes quittent la pièce pour entendre de quoi il en retourne selon les types qui amassent le fric et s’offrent leur supplément comptant. Mêmes sornettes débitées de la première à la quinzième (chaque nouvelle saison apportant avec l’autoroute son lot de chair fraîche en mini-short), discours réitérés à la virgule près à chaque rentrée sur chaque starlette préfabriquée par telle ou telle enseigne à l’intention des queutards gominés.
Un sentiment d’intoxication accompagne la vision, renforcée beaucoup plus qu’il n’est atténué, par la fascination exercée. C’est cet alignement redoutable qui rend à certains le film intolérable.
On dénonce pour le refus de contribuer, ou on en jouit mais sans arrière-pensée. Verhoeven est un auteur (à sa mesure libérateur, mais aussi douloureux) en cela qu’il a vu, en étant du côté des premiers, les seconds en lui. Il n’y a pas d’accident pour lui à appliquer travellings savants et montage acéré à des danses d’une exemplaire médiocrité (non pas techniquement, on a vu les entraînements, mais esthétiquement). A soigner une reconstitution, comme à son habitude extrêmement documentée (le script se veut écrit à partir de plus de deux cent entretiens menés avec des professionnelles de Las Vegas), d’un lieu dont les gens fréquentables préfèrent ricaner lointainement (Showgirls est pourtant plus drôle qu’eux). Ce serait cuistre de rappeler quel rôle Vegas a joué dans une crise financière qui, après tout, les concerne aussi ? On vient de le faire, tant pis. Meilleur à traiter le pire, Verhoeven est un cinéaste politique. Et Showgirls, la quintessence thématique de sa période américaine. Aucune exemplarité. « Soon you’re gonna sell out, too ! » lance à Nomi le premier type qu’elle éconduit pour une passe. C’est ignorer qu’elle a déjà payé de sa personne le ticket d’entrée.
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